Il est des situations dans l'histoire de l'empire romain du IIIème siècle, où la classe dirigeante préféra fermer les yeux sur les difficultés qu'elle rencontrait à asseoir son autorité dans ses différentes provinces et régions. En mettant à mal l'unité romaine, les barbares ne rencontraient que peu de résistance aux frontières, les gouvernants se voilant la face plutôt que de s'attaquer de front aux vrais problèmes de politique de défense territoriale. Déja, les adversaires frontaliers de Rome donnaient du fil à retordre à l'empereur Gallien et à son armée peu efficace dans ce contexte d'invasions incessantes. Les usurpateurs gaulois (de Postume à Tetricus) luttaient d'une certaine manière contre l'envahisseur de façon locale mais ne réglaient pas le problème général. de la sécurité de l'empire. Il fallait faire cesser rapidement la déliquescence de l'unité territoriale qui s'opérait à une vitesse inquiétante dans l'empire romain. Devant un tel désastre, les empereurs Illyriens vont prendre en charge la destinée du monde romain et réussir à rétablir pour quelques temps l'unité et la sécurité du territoire romain.
L'Illyrie est un royaume qui s'étend des côtes de la rive orientale de l'Adriatique correspondant à peu près à l'Ouest de la Croatie, de la Slovénie et de l'Albanie actuelle. Ce peuple de souche Indo-Européenne comprenait des Dalmates et des Panonniens. En fait, le terme "Illyriens" était un nom donné à l'origine à une seule tribu mais finit par désigner toutes les tribus linguistiquement et culturellement similaires occupant le territoire au nord de l'Epire et à l'ouest de la Macédoine. Leur culture éclectique, faite d'apport des cultures dominantes grecque puis romaine, n'est pas très développée, ni originale. L'art Illyrien n'a jamais dépassé le niveau d'un simple savoir-faire ni développé un style propre. Durant leur indépendance, les Illyriens passent deux siècles et demi en guerre quasi constante contre les Macédoniens, les grecs, les Epirotes et les Romains. Après la bataille d'Actium (31 av. J.-C.), les anciennes villes libres deviennent des colonies romaines (Dyrrachion, Byllis). Une communauté de citoyens romains se constitue et le latin s'y développe. Mais le processus de romanisation se fit vraiment sentir qu'à partir du IIème siècle ap. J.-C. et particulièrement sous les règnes d' Hadrien et d'Antonin le Pieux.
Carte de l'Illyrie
Mais pourquoi Rome, la capitale du monde, dût s'en remettre aux Illyriens pour rétablir sa supériorité et sa puissance plutôt que de nommer des empereurs issus de la capitale ? La vieille souche des empereurs romains était-elle épuisée ou est ce du à un changement politique ?
Il n'y eu aucun complot, ni tentative d'hégémonie sur le monde romain de la part de ces Illyriens ayant obtenu le pouvoir suprême : simplement leur ascension au sommet de la hiérarchie romaine fut le résultat d'une faiblesse et d'une incapacité à fournir des dirigeants à poigne issus de Rome même, témoignant de l'épuisement évident de l'Italie et d'une nouvelle façon de sélectionner les empereurs au sein de l'armée grâce à leurs brillants exploits et leurs capacités à commander. Désormais, c'est l'armée qui choisit l'empereur parmi ses chefs, le sénat n'ayant pas d'autre choix que d'avaliser la nomination après coup.
Les Illyriens, population saine et rude, bien assimilés dans le monde romain constituaient depuis longtemps déjà une réserve de combattants vaillants dans laquelle on puisait pour recruter des unités de combat militaire efficaces. Au début simples paysans du Danube, Les Illyriens surent au fil du temps devenir de valeureux soldats de l'armée romaine. Ils furent alors récompensés, gravissant les échelons militaires et recevant les honneurs grâce à leur intelligence tactique et surtout leur adresse à combattre à cheval. Certains devinrent officiers, puis ensuite généraux. Il n'y avait qu'un pas pour qu'ils deviennent de bons empereurs ! Ils avaient un solide sens de l'analyse malgré qu'ils n'avaient pas les standards de l'intelligentsia romaine de l'époque . Ils ne pratiquaient pas la philosophie, ni la poésie grecque comme les empereurs issus de la nobilitas de Rome. Militaires avant tout, ils jouissaient d'un sens inné à juger les situations, de s'y adapter et montraient à cet égard un patriotisme fervent et sincère. Le soldat romain commençait à ne plus être nécessairement "romain", mais continuait à être un professionnel à plein temps. Formée de Maures et de Dalmates depuis Trajan et Marc Aurèle, la cavalerie s'enrichit au IIIème siècle des Orientaux (Osrhoeni, Palmyreni, Hemeseni) et des Illyriens dont le courage était légendaire. De nombreux textes relatifs aux années 250-270 suggèrent l'existence d'une armée mobile de cavalerie et évoquent le rôle militaire et politique croissant du chef unique sous lequel elle aurait été placée. Cette augmentation de la mobilité des troupes militaires et le développement de la cavalerie est la conséquence directe des nombreuses incursions barbares que subit l'empire.
Ainsi, les Illyriens saisirent l'occasion de faire sortir de leurs rangs des hommes de grande valeur, tous dévolus à la défense de l'empire romain et à la suprématie de la puissance de l'armée.
Ainsi, les Illyriens saisirent l'occasion de faire sortir de leurs rangs des hommes de grande valeur, tous dévolus à la défense de l'empire romain et à la suprématie de la puissance de l'armée.
Le premier Illyrien à prendre le pouvoir après la mort de Gallien fut Claude II le gothique, appelé ainsi parce qu'il combattit les Goths et les Alamans dans les Balkans. Son ardeur au combat était portée par son intention de défendre l'occident et redonner son éclat à un empire malade sur toutes ses frontières. Malheureusement, il mourut de la peste en 270 ap. J.C. Quintille, le frère de Claude II, était loin d'être à la hauteur de la succession et l'armée l'élimina seulement au bout de 19 jours.
Le troisième empereur Illyrien fut Aurélien. Conscient de la menace des invasions prêtes à déborder sur Rome dans un avenir proche, il fit construire en 274 ap. J.C. une enceinte fortifiée de 19 km autour de la ville dont les travaux furent seulement achevés sous le règne de Probus. Cette volonté de résistance par la construction du mur d'Aurélien exprime d'une certaine façon la fragilité potentielle et l'inefficacité militaire de l'armée romaine, incapable de maintenir l'ordre et la paix sur son propre territoire.
Mais Aurélien voulut restaurer la sécurité des citoyens en décidant d'affronter militairement les barbares sur les frontières du Danube ou il remporta des succès notamment sur les Goths, Les Vandales, les Sarmates et d'autres envahisseurs. Il s'occupa ensuite de l'Orient en remportant à Palmyre une victoire sur Vaballathe, le fils de Zénobie, rétablissant ainsi la suprématie romaine de l'Asie mineure à l'Égypte. En Gaule, il élimina l'empereur gaulois Tétricus. Continuant sa lutte contre les ennemis de Rome, il voulut s'occuper de la Mésopotamie mais fut assassiné près de Byzance en Décembre 275 ap. J.C.
Mais Aurélien voulut restaurer la sécurité des citoyens en décidant d'affronter militairement les barbares sur les frontières du Danube ou il remporta des succès notamment sur les Goths, Les Vandales, les Sarmates et d'autres envahisseurs. Il s'occupa ensuite de l'Orient en remportant à Palmyre une victoire sur Vaballathe, le fils de Zénobie, rétablissant ainsi la suprématie romaine de l'Asie mineure à l'Égypte. En Gaule, il élimina l'empereur gaulois Tétricus. Continuant sa lutte contre les ennemis de Rome, il voulut s'occuper de la Mésopotamie mais fut assassiné près de Byzance en Décembre 275 ap. J.C.
Tacite (Marcvs Clavdivs Tacitvs)
Sa succession fut assurée, par la nomination de Tacite par le Sénat, (un vieux sénateur de 75 ans ou un ancien général de l'armée d'Aurélien ?), laissant la surveillance de l'Egypte et de la Syrie au général Probus, le meilleur adjoint d'Aurélien. Il décida d'aller régler avec son frère Florien les problèmes posés par les Goths en Asie mineure. Mais Tacite mourut assassiné en 276 ap. J.C. Les armées déclarèrent Probus empereur en même temps que Florien qui reçut le même titre par le Sénat. Florien se maintint quelques mois, puis fut tué à Tarse, en Cilicie.
Probus (Marcvs Avrelivs Probvs)
Probus, désormais seul nouvel empereur, chef de la cavalerie (des equites, duquel il tire son surnom), aspirait sans doute au retour de la Pax Romana des temps anciens et décida de continuer l'œuvre de "nettoyage territorial" commencé par les empereurs précédents. Les courageux Illyriens ont su imposer à nouveau la suprématie de Rome sur bon nombre de territoires qui semblaient perdus définitivement. Il est évident que contrairement aux empereurs d'origine romaine, ils ne se souciaient guère de l'art et de la culture sauf pour servir leur propagande. Mais les affaires de l'état les préoccupaient plus que la culture artistique de l'époque. Les citoyens de Rome, protégés par le mur d'Aurélien, continuaient à vivre de la même façon, entourés de fastes, de poésie et de philosophie.
Pendant vingt ans, les empereurs Illyriens se succédèrent en assurant le maintien de la suprématie romaine sur les territoires belliqueux. Mettant un terme aux rébellions et aux usurpateurs de façon courageuse et engagée, les nouveaux empereurs militaires furent indispensable à la sauvegarde de l'intégrité de l'empire qui ne tarda pas être menacé à nouveau.
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