Probus (Marcvs Aurelivs Probvs) est né le 19 Août 232 ap. J.C. à Sirmium, la capitale de la Pannonie (Serbie) à la fin du règne d'Alexandre Sévère. La famille originaire de cette même cité, fait partie de la plèbe. On sait que sa naissance est plus illustre du côté de sa mère que du côté paternel. Son père, Maximus, originaire de Dalmatie, était un "centurion" selon les écrits d'Aurélius Victor (Les Césars : Probvs, XXXVII) qui, s'étant acquitté honorablement de cet emploi, passa au grade de tribun. Il mourut en Egypte. D'autres sources rapportent qu'il était simple agriculteur. Rien dans les écrits anciens ne nous renseigne sur son mariage car les faits historiques rapportés par les écrivains antiques sur cette période sont presque inexistants.
Aurélianus de Probvs, Rome, 278 ap. J.C. (3ème émission, 6ème officine)
Probus, sans doute fils d'officier, embrassa la carrière militaire et s'y distingua par la pureté de ses mœurs, par la droiture de son caractère, autant que par sa bravoure :
- Sous Valérien Ier, son courage exceptionnel au combat le fait remarquer par l'empereur comme un jeune combattant valeureux et méritant. Valérien le fait nommer "tribun" à 22 ans, passant sa faveur au dessus des lois d'Hadrien comme le signale cette lettre de Valérien tirée des archives impériales :
"D'après l'opinion que j'ai toujours eue du jeune Probus et le témoignage des citoyens les plus honorables, qui l'appellent l'homme de son nom, je l'ai nommé tribun, contrairement à la constitution du divin Hadrien, et je lui ai confié six cohortes de Sarrasins, les auxiliaires gaulois et la troupe de Perses que nous a amenée le Syrien Artabassès."
Il reçut les dons militaires, couronnes, hausse-cols, bracelets et eut l'honneur de la couronne civique, ayant délivré des Quades, Valérius Flaccus, parent de l'empereur. Il le plaça à la tête de la IIIème légion pour le récompenser de sa bravoure. Probus se fit la réputation de plus vaillant officier de l'armée romaine, montant le premier sur les murs des villes assiégées, arrachant et forçant les retranchements des camps ennemis, tuant de sa main dans les batailles tous ceux qui osèrent se mesurer à lui ; l'histoire cite (
Vopiscius, Prob 9) un certain Aradion en Afrique, homme de courage contre lequel Probus se battit et sortit vainqueur. Il dressa alors un beau monument pour honorer la valeur de celui qu'il venait de tuer.
- Sous Gallien, il prend part aux campagnes contre les Germains et les Sarmates. Il mène en Afrique des expéditions contre les Marmarites (Lybie) et contre les brigands qui infestent les environs de Carthage. Il commande alors la IIIème légion Felix et la IIIème légion Italica. Son rôle de commandeur militaire s'étoffe.
- Sous Claude II le Gothique, il fut estimé et l'empereur employa Probus pour ses valeurs militaires. Vopiscius écrit même qu'ils étaient parents.
- Sous Aurélien, il obtient le commandement de la Xème légion Germina, prouvant que son action militaire fut appréciée et reconnue. Il fut chargé par Aurélien de reconquérir l'Egypte en battant les lieutenants de Zénobie, pendant que l'empereur poussait lui-même la guerre en Orient contre la reine.
Une lettre d'Aurelien confiant la Xème légion à Probus nous montre toute l'estime que l'empereur avait pour lui :
"Aurélien Auguste à Probus. Afin que vous sachiez à quel point je vous estime, recevez le commandement de la Xème légion que Claude m'avait donné à gouverner. Ce corps est heureux : il semble que sa prérogative singulière soit de n'avoir pour commandant que de futurs Empereurs."
On rapporte qu'il était aimé de ses troupes, apaisant souvent les redoutables colères d'Aurélien à leurs égard, visitant chaque compagnie pour se rendre compte de l'état de leurs habits ou de leurs chaussures. Non seulement équitable, il était généreux envers ses soldats, leurs abandonnant les butins de guerre précieux, ne gardant que les armes. Il fallut que ses soldats insistent pour qu'il accepta un cheval d'une grande robustesse pris aux Alains, qui semblait être bâti pour faire de long trajet ; Probus rétorqua "qu'un pareil cheval convenait mieux à un fuyard qu'à un brave". Mais devant tant d'insistance, il finit par accepter la monture digne d'un chef. Jamais il ne laissa oisifs ses soldats, lorsqu'ils n'étaient pas en guerre, les assujettissant à des travaux publics continuels, disant "qu'il ne fallait pas leur faire manger gratuitement le pain que l'empire leurs donnait.
- Sous Tacite, empereur après la disparition brutale d'Aurélien, Probus est nommé commandant en chef (général) de l'armée d' Orient. Lorsque Tacite meurt à Tyane (juin ou juillet 276) où il combattait les Goths en Asie mineure, les soldats de Probus qui lui sont entièrement dévoués, reconnaissent en lui ces qualités de commandant et lui confèrent le rôle ultime du pouvoir en l'acclamant empereur à la même date.
Probus ne se prêta qu'avec répugnance à l'ardeur des troupes pour son élévation. Ecrivant à Capiton, son préfet du prétoire :
"Je n'ai jamais désiré l'empire et je ne l'ai reçu que malgré moi. Il faut que je soutienne le rôle que les troupes m'ont imposé."
Mais le Sénat avait ratifié
Florien, le frère de Tacite, s'étant arrogé le pouvoir sous prétexte d'hérédité. Le fait que deux princes furent élus créa une rupture dans l'empire : Rome et l'occident reconnurent Florien et Probus avait pour lui la Syrie, l'Égypte et les provinces voisines. Une courte guerre civile s'engagea : Florien avança jusqu'à Tarse en Cilicie, laissant la cause publique avec le combat des Goths, pour marcher contre son adversaire. Probus vient à sa rencontre sans se hâter de livrer bataille, sachant bien que les troupes européennes de Florien ne pourraient pas endurer les chaleurs du climat. Il eut raison car, en effet, la maladie et la chaleur furent les causes de l'affaiblissement des troupes de son concurrent. Lorsqu'ils tentèrent le combat, les troupes se détachèrent de Florien et finirent par l'assassiner en Septembre 276 ap. J.C. En se soumettant ils laissaient ainsi les rennes du pouvoir entre les mains de Probus.
N'ayant plus de concurrent et se voyant reconnu par l'armée de Florien comme par la sienne, Probvs écrivit une lettre au Sénat pour obtenir sa confirmation :
"Messieurs, rien n'est plus conforme, à l'ordre, que ce qui se passa l'année dernière, lorsque votre clémence donna un chef à l'univers, le choisissant dans votre compagnie, qui est elle-même chef du monde entier, qui l'a été dans vos prédécesseurs, et le sera dans votre postérité. Plût aux dieux que Florien eût voulu attendre votre décision, et qu'il ne se fût pas arrogé l'empire comme par droit de succession ! Soit que votre majesté l'eût nommé, ou qu'elle en eût nommé un autre, votre jugement aurait été une loi pour nous. Mais dans la nécessité de résister à un usurpateur, mon armée m'a déféré le nom d'Auguste ; et même les plus sages d'entre les soldats ont puni son usurpation par la mort. C'est à vous à juger si je suis digne de l'empire, et je vous prie d'en ordonner tout ce que votre clémence jugera plus convenable."
Suite à cette lecture au Sénat, Manlius Statianus, premier opinant, prit la parole, et dans un discours élogieux il demanda aux dieux que Probus gouvernât la République comme il l'avait servie. On lui donna les noms de César et Auguste, le commandement proconsulaire, le titre de Père de la Patrie, le souverain Pontificat, le droit de proposer dans le Sénat trois matières différentes de délibération et la Puissance Tribunitienne. Probus laissa au Sénat l'administration pleine et absolue du civil et ne prit que le commandement militaire.
Probus fut le meilleur homme de guerre de son temps apprécié de tous. Il réussira dans ses entreprises militaires à mettre un coup d'arrêt aux invasions barbares mais au prix d'une discipline de fer dans ses armées.
Florien, portrait de l'atelier de Rome.