L'égide (Aegis), dont le sens premier signifie "peau de chèvre", devient un attribut impérial par assimilation avec la peau de la chèvre Amalthée, qui avait allaité Jupiter dans son enfance. Ce dernier s'en servit comme d'une arme dans la guerre contre les Titans. Cette peau est souvent bordée de serpent et devient tour à tour une arme offensive et défensive. On retrouve l'égide sur les représentations de Minerve comme un long manteau, lui couvrant la poitrine et tombant derrière le dos jusqu'au genoux. Mais les sculpteurs grecs la transforment en une petite cuirasse élégante, couverte d'écailles imitant une armure et décorée en son centre d'une tête de gorgone. Plus tard, on employa le même mot pour désigner la cuirasse ordinaire portée par les empereurs romains quand elle était décorée sur le plastron d'une tête de méduse.
Ticinum, 276 ap. J.C., inédit RIC n°435 var
On observe quelquefois sur les Aureliani de Probvs des bustes portant l'égide. En effet, la représentation de l'égide avec un Gorgonéion (tête de gorgone) en son centre se généralise à partir du règne de Gallien. Cette tête représentée sur les cuirasses des bustes monétaires semble elle aussi acquérir la même valeur que l'égide, emblème de pouvoir universel, transmis à l'empereur par Jupiter. L'attribut de Jupiter devient un insigne de la puissance souveraine. Il est à noter que contrairement à toutes les autres représentations de bouclier qui sont de forme circulaire (clipeus), la représentation de l'égide se caractérise par une forme presque rectangulaire, sanglée à l'épaule droite, recouvrant le torse nu et l'épaule gauche.
Ticinum, 277 ap. J.C., RIC n°351
Ce type d'égide sur les bustes monétaires est noté "Moyenne égide de type B" dans la classification de P. Bastien : Cette représentation s'inspire des camées d'Auguste (cf photo ci-dessous), s'inspirant eux aussi des pierres gravées hellénistiques. Les scalpatores des empereurs Illyriens ont donc suivi une tradition dans la représentation de l'égide remontant à la période hellénistique qui s'était implanté à Rome dès le début de l'empire.
Camée Strozzi représentant Auguste avec l'égide (British Museum)
Traduire Aegis par bouclier, c'est introduire une idée tout à fait éloignée du sens originel du mot. Car toutes les représentations qui portent cette égide sur la poitrine dans les œuvres de l'art antique sont aussi munies d'un bouclier bien distinct. Les passages dans les textes antiques où on suppose qu'il est fait allusion à une arme défensive de la nature du bouclier se rapporte en fait au long manteau de peau de chèvre qui était ramené sur le bras gauche : recouvrant le bras, il protégeait alors comme un bouclier.
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