Les trésors :
Les trésors enfouis dans le premier quart du IIIème siècle nous permettent de proposer un calendrier et des axes de circulation pour les auréliani de Probus à travers les nombreuses provinces de l'empire romain. Ces trésors conservés dans les musées ainsi que l'étude des catalogues de trouvailles, lorsqu'ils sont assez précis pour attribuer les ateliers monétaires aux auréliani, nous donnent des informations interessantes sur la diffusion et la pénétration du numéraire sur les différents territoires.
Les trésors choisis (33 en tout) se répartissent selon trois périodes historiques d'enfouissement : d'abord sous le règne de Probus (276-282 ap. J.C.), puis sous le règne de Carus et ses fils (282-285 ap. J.C.) et enfin sous la Tétrarchie de Dioclétien (286-313 ap. J.C.).
(Cliquez sur la carte pour l'agrandir.)
Il existe suffisamment de trésors enfouis pendant les deux dernières années du règne de Probus pour pouvoir faire l'étude de la circulation monétaire de cette période. On constate que presque tous ces trésors sont trouvés sur le sol Gaulois ou Britannique. C'est à se demander si cela est la conséquence d'évènements historiques qui restent à préciser ou plutôt simplement la politique d'enregistrement des trésors qui varie selon les lois des pays dans lesquels les publications ont été faites. De fait, on s'aperçoit que les trésors retrouvés en Italie ne sont pas tous publiés.
Voici un tableau présentant les périodes d'enfouissements des trésors étudiés :
Circulation monétaire :
La présence de monnaies de Probus dans les trésors du début du règne retrouvés en Gaule et en Grande Bretagne entre 276 jusqu'à 280 ap. J.C. est exceptionnelle. Ces trésors se composent surtout d'un grand nombre de monnaies de Gallien, de monnaies de consécration de Claude II (officielles et imitations) et de monnaies des empereurs gaulois (Victorin, Tétricus I et II). Les seuls Auréliani de Probus retrouvés à cette période sont presque tous issus de l'atelier de Lyon.
En Gaule comme en Grande Bretagne, la monnaie de Rome et des autres ateliers ne pénètre pas d'emblée sur ces territoires. Ces provinces se contentent de monnaies émises par l'atelier Lyonnais qui augmentera sa production sous le règne de Probus pour subvenir au manque de numéraire. On retrouve parfois quelques rares monnaies de Ticinum dans les trésors gaulois. La présence d'imitations barbares d'auréliani de Probus (avec quelques-unes à l'effigie de Tétricus associée à un revers de Probus copié de l'atelier de Lyon) confirme la pénurie de monnaies officielles sur ces territoires. En effet, ce manque de monnaies officielles engendre la nécessité de produire des faux. Jusqu'à la mort de Probus en 282 ap. J.C., seules les émissions de Lyon circuleront en Gaule.
Nous n'avons pas d'enregistrement de trésors précoces pour la Pannonie et la Mésie. Mais on peut observer que la monnaie de Rome entre en compétition avec celle émises par Siscia sur ces territoires. En effet, sous le règne de Probus, le numéraire de Rome se diffuse presque exclusivement vers l'Europe de l'Est transporté par voies maritimes en Illyrie.
Pendant le règne de Carus et ses fils (283-284 ap. J.C.), la Belgique et la Gaule ne nous offrent pas assez de trésors pour préciser la diffusion monétaire de la période. On constate toutefois qu'il existe toujours une prépondérance des émissions Lyonnaises dans leurs compositions. L'Italie, quant à elle, présente une circulation de monnaies de Rome et de Siscia. Les trésors des régions non européennes (l'Afrique) sont presque complètement dépourvus de monnaies de Probus et nous indique la non circulation de ces monnaies sur ces territoires.
La trouvaille du trésor de La Venèra enfoui sous la Tétrarchie nous offre une vision plus claire de la circulation massive des monnaies de Rome en Italie. Le fait que peu d'Auréliani de Lyon se retrouvent dans ce trésor confirme aussi que le monnayage Lyonnais n'a que très peu circulé en Italie et même en dehors des territoires gaulois et britanniques. Pour la Grande Bretagne, l'abondance des monnaies frappées par Carausius et Alectus à cette période empêchent la pénétration des monnaies officielles de Rome. Les monnaies de Lyon se retrouvent encore en grande majorité présentes dans les trésors britanniques de cette période. En Gaule, la monnaie de Rome circulera seulement à partir du règne de Dioclétien . En Italie, la présence massive de monnaies de Ticinum semble indiquer qu'un approvisionnement direct provenait de cet atelier.
L'étude des trésors est indispensable pour donner quelques éléments de réponses sur la circulation monétaire des différents ateliers ayant produit la monnaie de Probus et confirme la difficile pénétration du monnayage de Rome en Gaule et du monnayage Lyonnais en dehors de la Gaule.