MARCVS AVRELIVS PROBVS, Empereur Romain de Juin/Juillet 276 ap. J.-C. à Septembre 282 ap. J.-C.


"Tous ceux qui ont parlé de lui ont pris soin d'observer qu'il possédait éminemment dans ses mœurs la probité qu'exprime son nom." Abbé Crevier
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Bienvenue à tous les passionnés de monnaies romaines et à tous les novices en numismatique.
Ce blog est destiné à faire découvrir les monnaies romaines de l'empereur PROBUS et permettra d'en connaitre le monnayage dans son ensemble. Au fil des articles, vous y découvrirez les monnaies de ma collection pour lesquelles les commentaires vous éclaireront sur leur iconographie mais aussi retraceront l'histoire passionnante de cet empereur militaire. La publication de monnaies inédites complètera ce travail.
Bonne lecture à tous.

PROBUS COINS

Welcome to all lovers of Roman coins and all numismatic novices. This Blog will explore Emperor PROBUS's Roman coins and understand its currency. Through articles, you'll find these coins in my collection and their reviews will tell you about their iconography, as well as the fascinating history of this military emperor. The publication of unpublished coins will complete this work. Happy reading.

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CARTE DE SITUATION DES ATELIERS MONETAIRES SOUS PROBUS

CARTE DE SITUATION DES  ATELIERS MONETAIRES  SOUS PROBUS

dimanche 28 mars 2010

Les attributs de la main gauche de Sol sur un quadrige éclaté de l'atelier de Serdica (280 ap. J.C.)




Description:

Serdica, 280 ap. J.C., 4ème émission, 3ème officine.

Avers : IMP C M AVR PROBVS P F AVG, (L'empereur César Marc Aurèle Probus Pieux et heureux  Auguste). Buste radié et cuirassé de Probus à droite. (Buste Bastien : B)

Revers : SOLI INVICTO // KA•Γ, (Au soleil invincible) Sol radié dans un quadrige vu de face, levant la main droite et tenant  un globe de la main gauche, la chlamyde entourée autour du bras.
Il y a quatre officines pour la quatrième émission notées A, B, Γ, Δ à l'exergue des monnaies associées à la marque KA.
Poids : 3,86 g - Diamètre : 22 mm - Axe : 6h00 - Référence : RIC/ n°861

Commentaires :

Nous avons déjà noté la richesse et l'habileté des graveurs de cet atelier nous offrant des monnaies de gravures fines avec de nombreux détails iconographiques sur les bustes et les revers. Ce type de revers présentant Sol Invictus va être utilisé abondamment pour cet atelier  et se retrouver parfois dans les autres. Il est la confirmation de la continuité de la vénération du dieu Sol Invictus par Probus dont le culte fut introduit par Aurélien les années précédentes. 

Cette vision d'un quadrige vu de face est propre au monnayage de Probus. Ce quadrige en mouvement qui semble voler de façon énergique,  propose une symétrie presque parfaite. En effet, les  deux chevaux du quadrige les plus excentrés tournent la tête vers l'extérieur tandis que les deux autres, au centre, plus proches de Sol, regardent vers l'intérieur. Ils sont arnachés et manifestent une grande vivacité, s'élevant vers le ciel avec fougue pour combattre les ténèbres et permettre ainsi  au soleil d'illuminer le monde  sous sa protection.


 Différents attributs portés par la main gauche de Sol : A gauche : un fouet - Au centre : un globe - A droite :  un fouet et un globe.

Sol Invictus  lève la main droite en signe de majesté, saluant et protégeant l'empereur et son armée lors de ses batailles. On distingue la chlamyde entourant son bras gauche, sorte de long manteau couvrant ses épaules et retombant en arrière. Il semble alors que pour ce type d'iconographie de revers de l'atelier de Serdica, les descriptions des attributs tenus de la main gauche soient incomplètes ou erronées. Nous ne pouvons voir de façon distincte un fouet d'Aurige comme certains auteurs l'attestent sur toutes les monnaies au quadrige éclaté. Pour ce type de représentation de cette quatrième émission, la chlamyde est enroulée au niveau du coude gauche du soleil, flottant en arrière au vent, ce qui augmente l'effet visuel de vélocité du quadrige divin. La main gauche, dirigée vers l'intérieur porte ici un globe (pas un fouet), symbole de la domination universelle et de sa souveraineté. Ce type iconographique de quadrige en vue éclatée issu de l'atelier de Serdica diffère donc par les attributs de la main gauche d'autres représentations presque similaires sur lesquelles le fouet d'Aurige est bien visible, quelquefois même associé au globe, comme sur des émissions de l'atelier de Cyzique et de Serdica.

 
Détail du quadrige de revers

dimanche 21 mars 2010

La clémence des temps de l'atelier d'Antioche (276 ap. J.C)





Description :

Antioche, 276 ap. J.C,  1ère émission, 1ère officine. 

Avers : IMP C M AVR PROBVS P F AVG, (L'empereur César Marc Aurèle Probus Pieux et Heureux Auguste), Buste de Probus radié, drapé et cuirassé à droite. (Buste Bastien : A)
Revers : CLEMENTIA TEMP // A• // XXI , (La clémence des temps). L'empereur à gauche portant un sceptre de la main gauche surmonté d'un aigle  et recevant un globe de Jupiter nu à droite portant  un sceptre de la main gauche.
Poids : 3,54g - Diamètre : 22mm - Axe : 11h00 - Référence RIC n° 920


Commentaires : 

Probus se trouve en Syrie avec ses troupes au cours de cette année 276 ap. J.C. Les soldats de son armée sont payés par ces émissions des ateliers d'Antioche et de Tripolis toute proche, reprenant comme unique légende le dernier revers frappé pour Tacite de légende CLEMENTIA TEMP. 
Cette légende propose deux iconographies différentes : l'Empereur est toujours à gauche portant un sceptre et recevant de la main de Jupiter soit un globe, soit un globe surmonté d'une victoire, Jupiter à droite portant lui-même un sceptre. La première émission de 276 ap. J.C. à laquelle appartient cette monnaie est produite dans huit officines tandis que la deuxième émission de 280 ap. J.C. emploie neuf officines. On peut distinguer deux phases dans cette première émission : une phase dans laquelle les lettres d'ateliers situées dans le champ sont seules et une seconde dans laquelle les lettres sont accompagnées d'un point (A•, B•, Γ• etc...). Les marques d'officines sont notées exclusivement dans le champ de la monnaie. A, B, Γ, Δ, ε, ζ, Ζ, H et εΔ. Le signe εΔ désignant la neuvième officine pour la deuxième émission remplace le Θ probablement par superstition car c'est la première lettre du mot grec θανατοζ (mort). A l'exergue, on retrouve le signe de la réforme monétaire d'Aurélien (KA ou XXI plus couramment).
Comme nous l'avons déjà remarqué, l'atelier Syrien d'Antioche  a une variété artistique assez pauvre et un style de gravure rude. La production est faible et compte seulement deux émissions séparées de trois années d'inactivité, nous offrant seulement trois types d'iconographies de revers pour deux titulatures d'avers différentes (IMP C M AVR PROBVS P F AVG et IMP C M AVR PROBVS AVG).




 L'empereur recevant un globe de la main de Jupiter

Un portrait imperial peu ressemblant sur un aurélianus inédit de la 2ème émission de Ticinum (276 ap. J.C.)


Description :

Ticinum, 276 ap. J.C., 2ème émission, 6ème officine.

Avers : IMP C M AVR PROBVS AVG, (L'empereur césar Marc Aurèle Probus auguste). Buste de Probus radié, drapé et cuirassé à droite (Buste Bastien : A2).

Revers : RESTITUTOR SAEC // VIXXT, (Au restaurateur du siècle). L'empereur debout à gauche, tenant un globe de la main droite et un sceptre de la gauche, couronné par la victoire debout derrière lui, tenant une palme de la main droite.
Poids : 3,95 g - Diamètre : 22 mm - Axe: 11h00 - Références : RIC n°401 var ,( non répertorié au RIC)


Commentaires :

L'atelier de Ticinum (actuellement Pavie) s'ouvre avec Aurélien en 274 ap. J.C. remplaçant l'atelier de Milan. Les graveurs reprennent les mêmes types monétaires que ceux frappés sous Florien et les adaptent à Probus de façon maladroite. En effet, l'avers des monnaies, comme pour cet exemplaire, nous offre un portrait impérial peu ressemblant au nouvel empereur. Les graveurs continuent de fait à utiliser le portrait de Florien car l'imagerie impériale (imago) n'est pas encore parvenue à l'atelier de Ticinum.
Les mêmes marques d'officine encore utilisées pour la première émission (PTI à VITI, TI pour Ticinensis) changent dès cette deuxième émission pour être remplacées par le XX (suivi du T pour Ticinum) de la réforme d' Aurélien. Six officines frappent donc monnaie pour Probus avec comme marques d'exergue PXXT, SXXT, TXXT, QXXT, VXXT et VIXXT.
Les types sont aussi complètement changés se voulant plus rassurants en ces temps troublés au cours desquels défilent les empereurs au sommet de l'empire. Le répertoire épigraphique tient à mettre en avant trois aspects importants de ce début de règne dans un but propagandiste de renseigner le peuple romain sur les dispositions et la politique future de son nouvel empereur. Sa capacité militaire est célébrée sur un revers VIRTVS AVG exprimant son courage et sa compétence lors de ces dernière victoires. On frappe aussi des revers célébrant l'armée FIDES MILITVM et CONCORDIA MILITV, mettant l'accent sur la réunification des troupes de Probus avec celle de Florien récemment assassiné à Tarse. Probus se range sous la protection divine de Jupiter et d'Hercule exprimée par les revers IOVI CONSERVATO et ERCVLI PACIF, exprimant l'aide précieuse de ses "comes" (compagnons) lors de son règne. 

La légende de ce revers nous offre la vison d'un  Probus, restaurateur du siècle,  appelé à rétablir la paix dans tout l'empire, un juste retour à la Pax Romana des Antonins. Cette légende longue RESTITVTOR SAEC n'est pas publiée dans le RIC pour ce type de revers. Ce type est seulement connu pour la légende RESTITVT SAEC ou SEC. L'iconographie  de l'empereur portant ses attributs impériaux, couronné par une victoire portant une palme, symbolisant la paix, est une innovation de cette deuxième émission de Ticinum.

 Détail du revers : L'empereur couronné par la victoire

samedi 20 mars 2010

Probus l'invincible sur un aurélianus de l'atelier de Siscia (277 ap. J.C.)




Description :

 Siscia, 277 ap. J.C., 2 ème émission, 4ème officine.

Avers : IMP PROBVS INV AVG, (l'empereur Probus auguste invaincu). Buste de Probus radié, drapé et cuirassé à droite (Buste Bastien : A2).

Revers : FELICITAS AVG // Δ // XXI, (La félicité de l'auguste). La félicité debout à gauche, tenant un caducée de la main  droite et une corne d'abondance de la main gauche.
Poids : 3,93g - Diamètre : 22 mm - Axe: 6h00 - Références : RIC n° 684 


Commentaires :

En cette année 277, Probus est heureux d'arriver à Siscia qui l'accueille dans ces murs par une grandiose fête d'adventus. Une émission d'or est même frappée lors de cet évènement soulignant la majesté des festivités que la ville avait organisé pour recevoir l'enfant du pays. En effet, l'empereur est natif de Sirmium, ville proche voisine de Siscia. Ceci explique d'ailleurs que l'on retrouve dans cette deuxieme émission des titulatures de droit revendiquant clairement son appartenance à la région : AVG N et AVG NOSTRI (notre empereur).
En observant les monnaies émises à cette occasion, on constate  une amélioration  flagrante de la qualité de gravure des coins dans les premières émissions. Ceci s'explique par l'arrivée de Probus dans la ville, ramenant avec lui des graveurs des ateliers Cysique et Serdica, villes dans lesquelles il fit étape juste avant. Le style est reconnaissable et la qualité de la gravure diminuera avec la quatrième émission pour laquelle Probus est déjà reparti de Siscia pour Rome. Cette deuxième émission se caractérise par la frappe des monnaies dans six officines que l'on différencie par les lettres A, B, Γ, Δ, ε, ζ notées dans le champ,  associées à  la marque de la réforme d'Aurélien XXI à l'exergue.

Cette légende IMP PROBVS INV AVG met l'accent sur l'invincibilité que Probus semble détenir après ses nombreuses victoires consécutives. Invaincu jusqu'à présent, on rencontre dans les titulatures d'avers et de revers des différents ateliers, des abréviations variées de ce même adjectif : INV comme sur cet aurélianus mais aussi INVIC, INVICT, INVICTI, INVICTVS et INVICTO. Qualifié d'invictus, l'empereur est porté au même rang que le dieu Solaire dont le culte officiel  fut introduit par Aurélien quelques années auparavant (Sol invictus).
Le revers présentant cette allégorie de la félicité tenant le caducée de Mercure et une corne d'abondance est le symbole de la richesse inépuisable.


 Détail de la titulature.

dimanche 14 mars 2010

La vertu militaire réattribuée à la première phase de la première émission de Rome (276 ap. J.C)

Rome, 1ère émission, phase 1, 6ème officine.

Description :

Rome, Automne 276 ap. J.C., phase 1 de la 1ère émission, 6ème officine.

Avers : IMP C M AVR PROBVS AVG, (L'empereur césar Marc Aurèle Probus auguste). Buste de Probus radié, drapé et cuirassé à droite (Buste Bastien : A2).

Revers : VIRTVS AVG // XXIζ, (Le courage de l'auguste). L'empereur debout à droite en habit militaire, tenant un globe de la main gauche et pointant sa lance en avant de la main droite.
Poids : 4,14g - Diamètre : 22 mm - Axe: 12h00 - Références : RIC/- 


Commentaires :

Probus proclamé empereur au début de l'été 276 par son armée en Syrie part se mesurer à Florien, nouvellement nommé par Rome. Mais ce dernier meurt assassiné par ses propres troupes à Tarse. L'atelier de Rome commence alors à émettre des monnaies à l'effigie du nouvel empereur dès que la nouvelle de la mort de Florien arrive dans la ville, c'est à dire au début de l'automne 276 ap. J.C.
Cette première émission de Probus joue la continuité des types, reprenant presque à l'identique les revers de Florien, son monnayage étant lui même la continuité de celui de son frère Tacite. Le portrait de Probus est toutefois immédiatement ressemblant, ne subissant pas de phase d'adaptation portraitaire comme on peut le constater antérieurement pour les autres empereurs du IIIème siècle. Ceci nous prouve que l'image (imago) de ce général militaire fut rapidement et habilement diffusée dans la Rome de cette époque.

Cette monnaie inédite du RIC (P.H. Webb répartissant cette première émission de Rome à tort pour Siscia) est  encore difficile à classer exactement. En effet, Sylviane Estiot et Philippe Gysen qui ont remis de l'ordre dans la classification de la première émission de l'atelier de Rome (RN 2006, p.231-257) ne donnent qu'un seul indice pour différencier les deux phases de l'émission ; la différence se fait par l'observation de la taille du grènetis, les monnaies de la deuxième phase ayant un grènetis plus gros que celles émises lors de la première. Cette monnaie présentant un grènetis de taille normale est donc attribuée à la première phase.
Cette première émission compte sept officines notées par les lettres grecques: A, B, Γ, Δ, ε, ζ, et Z. Ces lettres se trouvent à l'exergue ou dans le champ de la monnaie associées à la marque XXI de la réforme monétaire d'Aurelien. Cette marque de réforme disparait dès la deuxième émission de l'atelier. Lors de cette première phase de la première émission, la plus longue des deux puisqu'elle se poursuit jusqu'au début 277, chaque officine est dévolue à la frappe d'un type de revers principal, associée parfois  à un autre revers annexe. C'est dans la sixième officine que l'on frappe ce revers VIRTVS AVG vantant les qualités militaires du nouvel empereur général des armées. Le revers nous montre Probus, tenant un globe, symbole de la domination universelle, sa lance pointée en avant. De son courage militaire découle la protection de l'empire et du peuple romain. La deuxième phase reprendra ce revers et  P M TR P COS PP comme les deux seuls types frappés et répartis dans les sept officines, réduisant ainsi la variété de l'iconographie de l'empereur.

L'empereur au revers tenant un globe et une lance. A l'exergue XXIζ.

mercredi 10 mars 2010

Les points de séparation des titulatures d'avers de l'atelier de Lyon (277 ap. J.C.)


Aurélianus de Lyon de la 4ème émission, 4ème officine de 277 ap. J.C.



Description:


Lyon, fin 277 ap. J.C. 4ème émission, 4ème officine.

Avers : IMP C PROBVSPF AVG. (L'empereur César Probus pieux et heureux auguste). Buste radié et cuirassé de Probus à droite vu de 3/4 en avant avec pan de paludamentum sur l'épaule gauche. (Buste Bastien : B).

Revers : ABVNDANTIA AVG / - / - // IIII. (L'abondance de l'auguste). L'abondance drapée à droite tenant à deux mains une corne d'abondance de laquelle tombent les fruits.
Poids : 3,60g -  Diamètre : 23mm - Axe : 12h00 - Références : RIC n°17 - Bastien : n°195.


Commentaires :

L'abondance fait pour la première fois son apparition au revers des auréliani de l'atelier de Lyon au cours de la quatrième émission, reprise ensuite dans les deux émissions suivantes. On la rencontre aussi dans cette même quatrième émission pour la première officine. Cette année 277 ap. J.C. laisse naître l'espoir du retour à l'abondance des richesses pour le peuple romain qui fait confiance à ce nouvel empereur militaire semblant bien décidé à mettre de l'ordre dans les quatre coins de l'empire.
De retour de Rome, Probus s'arrête à Lyon pour préparer son armée au combat contre les barbares qui sévissent en Gaule. Il y installe son quartier général et divise ses forces en deux : une partie de son armée va repousser les Germains en Germanie Supérieure et l'autre contingent repoussera les Alamans ayant franchi les limes du nord pour s'infiltrer jusqu'en Espagne.

Une particularité notable apparaît dans la gravure des auréliani de la quatrième émission de l'atelier Lyonnais : la titulature d'avers comporte des points de séparation que l'on observe dans le monnayage de Probus. Ces points sont le témoignage de la persistance d'une tradition des ateliers monétaires gaulois. Ils étaient employés couramment dans les titulatures de l'atelier de Cologne pour le monnayage de Valérien, et de Gallien jusqu'à Postume. On peut donc penser que les graveurs de l'atelier de Cologne (qui ferme en 272, les graveurs étant transférés à Trêves) ont été finalement installés à Lyon peu après la réouverture de l'atelier par Aurélien en mai 274 ap. J.C, amenant avec eux cette particularité de gravure dans les titulatures de droit. En effet, notons que ces points de séparation apparaissent sous le règne d'Aurélien début 275 ap. J.C. dans les marques d'officines à l'exergue des auréliani de la deuxième émission (A•L, B•L, C•L, D•L notées sans points séparatifs lors de la première émission datée de la fin 274). Les ateliers de Cologne et Trêves seront repris par Rome après la conquête du Nord de la Gaule par Aurélien : cet évènement marque la fin de l'Empire Gaulois. On note pour Tacite ces points dans la titulature d'un aureus de la première émission de Lyon datée d'octobre-décembre 275 ap. J.C. (IMP• C•M•CL TACITVS AVG de revers VIRTVS AVG, Bastien n°17). Ces points séparatifs tendraient donc à prouver cette arrivée à Lyon de graveurs issus des ateliers gaulois dès le début de l'année 275.
On observe le plus souvent ces même points dans le monnayage de Probus  pour la titulature IMP C PROBVS•P•F• AVG dans les quatrième, sixième, septième, huitième et neuvième émissions de Lyon. On les retrouve plus rarement insérés dans la titulature IMP C M AVR PROBVS•P•F• AVG dans la neuvième émission et dans la titulature IMP• PROBVS AVG pour les huitième et neuvième émissions.


 Points séparatifs de la titulature d'avers.

lundi 8 mars 2010

Un buste pacifié pour l'atelier de Siscia (280 ap. J.C.)



Aurélianus de Siscia avec buste à gauche particulier.

Description :

Siscia, 280 ap. J.C. 7eme émission, 5eme officine. 

Avers : IMP C M AVR PROBVS P F AVG. (L'empereur César Marc Aurèle Probus pieux et heureux auguste). Buste radié et cuirassé de Probus à gauche, un sceptre sur l'épaule droite. (Buste Bastien : F5)

Revers : PAX AVG // V // XXI. (La paix de l'auguste). La paix debout à gauche, tenant un sceptre transversal de la main gauche et un rameau d'olivier de la main droite.

Poids : 3,81g - Diamètre: 22 mm - Axe : 6h00 - Références : RIC n° 704

Dès la sixième émission, l'atelier de Siscia ouvre une officine supplémentaire passant de six à sept officines (P,S,T,Q,V,VI,VII). La lettre d'officine qui se situait à l'exergue lors de l'émission précédente est maintenant située dans le champ pour cette septième émission.

Commentaires :

Probus  passe toute l'année 279 à Siscia, après avoir refoulé les Sarmates en Illyrie. Cette septième émission est datée de 280 ap. J.C. : elle intervient une fois la paix rétablie, l'empereur décidant de reprendre la route pour triompher à Rome.
Cette allégorie de la paix illustrant le revers de cette monnaie rappelle l'ancienne idéologie de la Pax romana souhaitée par le peuple romain du IIIème siècle, très nostalgique de ces temps anciens décrits par les écrivains de l'époque. Les textes rapportent souvent que l'empereur Probus véhiculait cette idée pacifiste allant même jusqu'à rêver d'un empire débarrassé de son armée alors devenue inutile à la défense des frontières pendant cette période clémente. Cette idée lui valut d'ailleurs d'être assassiné par ses soldats deux ans plus tard, fatigués d'être employée aux travaux d'utilité publique plutôt qu'a la défense de l'empire !
Quand la période change, l'iconographie monétaire se modifie aussi. L'image du buste nous montrant l'empereur soulagé de son casque militaire, ayant  remplacé sa lance par un sceptre, n'est peu-être pas  si anodine. Ayant un rôle important dans la propagande impériale, les monnaies nous offrent ici l'image d'un empereur moins militaire que les années précédentes, plus proche d'une personnification divine que d'un valeureux combattant. La paix étant rétablie, Probus, bien qu'arborant toujours la cuirasse, s'est délesté de tous ses attributs militaires.

Détail du buste de Probus (Buste Bastien : F5)

samedi 6 mars 2010

Des bustes et des titulatures d'avers variés pour un même revers de la 3ème officine de Ticinum


Le numéraire de Probus est connu par la grande variété et l'originalité de ses bustes impériaux gravés à l'avers des monnaies. L'empereur représenté dans différentes postures avec des attributs variés en fait un monnayage intéressant justement grâce à cette grande diversité. Comme nous l'avons déjà évoqué dans un autre article, Pierre Bastien a répertorié tous les bustes monétaires en proposant une classification bien codifiée, utile à la compréhension du monnayage de cet empereur.

Mais comment distinguer les différentes émissions d'une même officine lorsque les lettres d'ateliers restaient identiques pendant plusieurs années ? La différence se fait par les multiples associations de titulatures d'avers et de bustes donnant lieu à un grand nombre de combinaisons possibles.
Voici un exemple de continuité de type pour l'atelier de Ticinum qui compte en tout six officines émettrices. Le  revers de la troisième officine pour l'atelier de Ticinum représente Sol invictus, nu debout à gauche, la chlamyde recouvrant l'épaule gauche, un pan reposant sur le bras, portant un globe de la main gauche, la main droite levée. La légende de revers CONSERVAT AVG (Le protecteur de l'Auguste) met l'empereur sous la protection divine de Sol invictus durant son règne et ces actes militaires.

276 ap. J.C., Buste drapé et cuirassé de titulature IMP C M AVR PROBVS AVG (RIC n°348)

la marque TXXT  que l'on retrouve à l'exergue des monnaies est celle de la troisième officine pour Ticinum à partir de la deuxième émission. En effet la première émission est une continuité de marque d'atelier émise sous Florien notée TI soit (PTI, STI, TTI, QTI, VTI, VITI). Si on observe les différentes productions monétaires des officines d'un même atelier, on s'aperçoit que chaque officine était dévolue à la frappe d'un seul type de revers durant plusieurs années du règne jusqu'à un autre changement. La constance de l'émission des types par une même officine pouvait donc durer plusieurs années.

 Buste militaire avec la titulature VIRTVS PROBI AVG (RIC n°351)

Le type décrit ci-dessus est récurent à la troisième officine et se retrouve à la deuxième, troisième et quatrième émissions (avec une légende CONSERVATO AVG) et à la cinquième émission soit pendant trois années consécutives pour être enfin remplacée par le type SALVS PVBLIC et SALVS AVG à partir de la sixième émission de 279 et ce jusqu'à la fin du monnayage pour la dixième émission de 282 ap. J.C.

  Buste en nudité héroique avec l'aegis de titulature VIRTVS PROBI AVG (RIC n°352 var)

Seuls les bustes combinés avec les titulatures d'avers varient donnant un nombre considérable de monnaies différentes, toutes les combinaisons n'étant bien sûr pas exploitées. Pour ce seul type, nous pouvons répertorier pas moins de treize titulatures d'avers différentes pour sept bustes variables durant ces trois années d'émission. Ceci donne une idée de la grande production de cet atelier de Ticinum lorsqu'on imagine que la même production était identique dans les six officines, chacune travaillant sur un type différent.

278 ap. J.C., Buste consulaire de titulature IMP C PROBVS AVG CONS II (RIC n°352)

mercredi 3 mars 2010

Quand l'accident de frappe survient dans l'atelier de Serdica (280 ap. J.C.)


Erreur de frappe de l'atelier de Serdica, 277 ap. J.C.

Description :

Serdica, 280 ap. J.C., 4eme émission, officine ? .

Avers : IMP C M AVR PROBVS P F AVG, (L'empereur César Marc Aurèle Probus pieux et heureux auguste). Buste de Probus avec un casque radié à gauche, tenant un bouclier de la main gauche, une haste sur l'épaule droite. (Buste Bastien : E )

Revers : VIRTVS PROBI AVG // ?. (Le courage de Probus Auguste). L'empereur à cheval à gauche, la main droite levée, portant un sceptre de la main gauche et un captif, mains liées devant le cheval.
Poids : 3,82g - Diamètre : 24mm - Axe : 3h00 et 6h00 - Références : RIC n° 886


Commentaires :

La fabrication du numéraire dans les ateliers monétaires sous Probus présentait des étapes connues et soumises à des contrôles ne laissant que peu de place à l'erreur de frappe. Même si on retrouve parfois des monnaies présentant de telles erreurs, le phénomène reste néanmoins exceptionnel au vu de l'énorme production de la période.


 La frappe au marteau de la monnaie entre deux coins. (H.Burgkmair, détail d'une gravure, XVème siècle)


Les différentes étapes de ces émissions de monnaies se succédaient dans un même atelier, attribuées à des artisans différents dévolus à chaque tâche. La première étape était la fusion du métal ; on obtenait des plaques que l'on martelait jusqu'à leur donner l'épaisseur désirée pour les futures monnaies. La découpe de rondelles de métal, appelée flans s'effectuait sûrement à l'aide de ciseaux (outil de découpe présentant un gabarit). Les flans vierges étaient alors prêts à recevoir la frappe que d'autres artisans effectuaient à l'aide d'un marteau. Les deux coins gravés par les artistes de l'atelier étaient fabriqués dans un métal très résistant et servaient à  imprimer les motifs des deux faces de la monnaie : le coin fixe (ou coin dormant) pour l'avers était enchâssé dans une sorte d'enclume ; le coin mobile (ou trousseau) sur lequel l'artisan portait le coup de marteau était de forme cylindrique et tenu à la main, de la même manière qu'un burin. Les monnaies ainsi produites pouvaient alors sortir des ateliers, sûrement après un ultime contrôle de qualité.Il arrivait qu'un incident technique survienne et passe inaperçu dans l'une de ces étapes de la production car ce travail était répétitif et réalisé à un rythme soutenu.

Un problème de mobilité du flan après la frappe au marteau est intervenu dans le cas de cette monnaie. En effet, l'éjection de la monnaie hors de la zone de frappe ne s'est pas faite complètement, restant posée sur le coté droit du coin dormant. Elle a subi ainsi une deuxième frappe incomplète de son revers après avoir tourné de 45° vers la droite, écrasant une partie du buste de l'avers. Cette monnaie, passée inaperçue dans la production a été surement éjectée lors de cette deuxième frappe intempestive. Ce phénomène de double frappe atteste que l'exécution des gestes répétitifs des artisans de la monnaie était effectués à une cadence importante, permettant d'honorer le  rendement demandé, sans avoir le temps nécessaire pour contrôler avec minutie la qualité de leur travail.
Cette monnaie, pour laquelle nous n'avons pas l'indication d'atelier à l'exergue, est forcément issue de l'atelier de Serdica de la quatrième émission de 277 ap. J.C. car sa titulature et son iconographie de revers le prouvent. En effet, le revers devait présenter à l'exergue la marque KA suivie d'une des quatre lettres grecques appropriées à son officine (A, B, Γ ou Δ).


 Revers avec double frappe