Aurélianus regravé à partir d'un type RIC n°567 de l'atelier de Ticinum
Il y a quelques temps, la photo d'un Aurélianus de Probus au type CALLIOPE AVG de l'atelier de Siscia a été postée sur un forum numismatique américain, afin d'obtenir plus de renseignements sur cette monnaie. Mais la monnaie reproduite ci-dessus est en fait une supercherie d'une grande qualité. En effet, le type CALLIOPE AVG de l'atelier de Siscia a été obtenu en regravant un Aurélianus courant de type SALVS PVBLIC de l'atelier de Ticinum (RIC n°567, Ticinum, 279 ap. J.-C., 6ème émission, 3ème officine) avec la marque d'exergue ΓXXI. D'après mes recherches ce type, issu d'une très rare émission encore énigmatique, n'est connu qu'à six exemplaires attestés. Mais il est clair que d'autres exemplaires apparaitront au fil du temps.
Voici la démonstration que cette monnaie n'est pas un type authentique mais regravé avec talent sur une monnaie existante :
L'AVERS :
L'étude de l'avers de cette monnaie semble indiquer que le style et la graphie des lettres correspondent à l'atelier de Ticinum. Le type étant rarissime, peu de coins ont du être gravé pour la frappe de cette monnaie. J'ai relevé seulement deux coins d'avers différents du buste consulaire et un coin pour un buste militaire.
Voici la démonstration que cette monnaie n'est pas un type authentique mais regravé avec talent sur une monnaie existante :
L'AVERS :
L'étude de l'avers de cette monnaie semble indiquer que le style et la graphie des lettres correspondent à l'atelier de Ticinum. Le type étant rarissime, peu de coins ont du être gravé pour la frappe de cette monnaie. J'ai relevé seulement deux coins d'avers différents du buste consulaire et un coin pour un buste militaire.
Le buste consulaire est fin et présente une tête proportionnée sur cet exemplaire. Il semble que le manteau consulaire ait subi lui aussi quelques modifications de gravure pour en améliorer les détails. Mais le plastron central de forme circulaire sur ce buste, n'a pas la même forme que sur les exemplaires attestés de type CALLIOPE AVG. En effet, ils présentent tous un losange central, caractéristique commune des deux coins d'avers du buste consulaire. Un des rubans descendant de la couronne radiée finit sur le cou. Ce détail de gravure est absent sur les monnaies attestées.
Par ailleurs, en observant la titulature, on constate que les lettres sont aussi larges que hautes, de gravure épaisse et profonde et les M sont liés. Ces particularités graphiques nous ramènent au style de l'atelier de Ticinum, le style de Siscia offrant des lettres beaucoup plus finement gravées et de taille plus petite.
La graphie de la légende n'est pas plus homogène que l'effigie. La composition de la légende SALVS PVBLIC a été intelligemment étudiée afin de pouvoir modifier au mieux la nature des caractères. Mais le style et les artefacts laissés sur les lettres ne trompe pas.
Le gamma (Γ) de la marque d'exergue à été transformé en C. De fait, la nouvelle légende n'est pas centrée et commence plus bas du coté gauche. Le S de SALVS se transforme en A, le A de SALVS en L, le L reste inchangé, le V en I, le S en O, Le P de PVBLIC ne change pas, le V se transforme en E, le B est effacé , le L devient le A , le I devient le V et le C en G.
Les différents exemplaires attestés du type CALLIOPE AUG.
Calliope tient son origine de la mythologie grecque (Καλλιόπη). Elle est la muse de la poésie épique et de la grande éloquence. Fille de Zeus et de Mnémosyne, le front ceint d'une couronne d'or, elle serait la muse dominante parmi les huit autres de ses sœurs.
Cette monnaie fut mentionnée pour la première fois au cours du XVIIIème siècle par A. Banduri (1718) et H. Tanini (1791), décrite par J. Eckhel en 1797. H. Cohen signale deux fois le type (1865 et 1886) et la classe parmi les monnaies d'une rareté extraordinaire (Cohen n° 83). P. Webb ne la signale pas dans le RIC, (1933) n'ayant eu sous les yeux qu'un faux apparu à cette période. K. Pink la signale dans la note n°18 p 49 de sa publication "Der aufbau der Romischen Münzpragung in der kaiserzeit : VI/ 1 Probus", NZ, Wien 1949.
A. Alfoldi, ayant étudié les deux exemplaires des collections Gnecchi et Weifert en attestera finalement l'existence réelle.
Les exemplaires connus de ce type sont au nombre de six : deux dans les collections des musées nationaux (dont nous n'avons pas les photos) et quatre dans des collections privées. L'exemplaire de la collection Gnecchi est maintenant au musée national de Rome. Celui de la collection Weifert est à Belgrade. Deux autres exemplaires ont été vendus par la maison Lanz (Vente Auction 100, 20.11.2000, lot n°419) et par CNG (Vente Triton IX, 10.09.2006, lot n°1512). Deux autres exemplaires privés sont apparus sur internet, dont une monnaie, dans un état médiocre mais particulièrement intéressante car elle présente un buste militaire (Buste Bastien : E), ce qui laisse penser que la production, même très limitée, fut plus importante que ce qu'on pouvait l'imaginer.
Quelques hypothèses ont été formulées pour tenter d'expliquer cette émission autant exceptionnelle qu'inhabituelle : l'apparition de ce type présentant la muse de la poésie épique en pleine période d'invasions barbares et de guerre civile est troublante au regard des autres représentations de l'époque.
Le fait qu'aucune marque d'exergue ne soit gravée, contrairement à toutes les monnaies issues de l'atelier de Siscia, semble en faveur d'un type expérimental ou d'un module frappé pour célébrer un évènement précis. Eckhel explique l'existence de ce type comme une sorte d'hommage rendu par la ville à l'excellence militaire et à la Virtus de l'empereur. En effet, cette monnaie semble avoir été émise à l'automne 278 ap. J.-C., lorsque Probus passe par Siscia, victorieux de ses campagnes militaires lancées sur le limes du Rhin en Gaule et en Rhétie contre les Francs et les Alamans, les Goths, les Burgondes et les Vandales. Un triomphe fut sans doute fait à l'enfant du pays. Il lancera sa campagne d'Orient juste après.
Une autre hypothèse explique qu'un poème épique narrant les victoires héroïques et la bravoure de Probus, fut publié à cette époque. Cette littérature ayant déplu à l'armée et à l'empereur, la production du type monétaire en fut rapidement arrêtée.
Par ailleurs, en observant la titulature, on constate que les lettres sont aussi larges que hautes, de gravure épaisse et profonde et les M sont liés. Ces particularités graphiques nous ramènent au style de l'atelier de Ticinum, le style de Siscia offrant des lettres beaucoup plus finement gravées et de taille plus petite.
LE REVERS :
La représentation de Calliope interpelle dès le premier regard car le haut du corps de la muse ne semble pas aligné avec les jambes. Celui qui a modifié la monnaie a tenté de masquer les éléments de l'iconographie première. Cette monnaie a été engravée à partir d'un aurélianus de type SALUS PVBLIC, présentant la santé (Salus) à droite, nourrissant un serpent. Le drapé de la toge a servi à cacher la queue du serpent, la tête et la partie haute du reptile étant utilisés dans la gravure de la lyre de Calliope. Le bras droit de la muse n'a pas les proportions correctes.La graphie de la légende n'est pas plus homogène que l'effigie. La composition de la légende SALVS PVBLIC a été intelligemment étudiée afin de pouvoir modifier au mieux la nature des caractères. Mais le style et les artefacts laissés sur les lettres ne trompe pas.
Le gamma (Γ) de la marque d'exergue à été transformé en C. De fait, la nouvelle légende n'est pas centrée et commence plus bas du coté gauche. Le S de SALVS se transforme en A, le A de SALVS en L, le L reste inchangé, le V en I, le S en O, Le P de PVBLIC ne change pas, le V se transforme en E, le B est effacé , le L devient le A , le I devient le V et le C en G.
Les différents exemplaires attestés du type CALLIOPE AUG.
Ce type fort rare manque à la collection Missong du Musée de Vienne et à la collection Pflaum de la BNF à Paris. Il présente un buste consulaire à gauche ( Buste Bastien : H2) et de titulature invariable IMP PROBVS P F AVG. Signalons, une monnaie avec un buste militaire ( Buste Bastien : E) pour la même titulature. Le revers de légende CALLIOPE AVG nous montre la muse Calliope à droite, diadèmée, jouant de la lyre, appuyée sur son genou gauche, le pied sur un globe (?).
Notons le losange du plastron, caractéristique du buste consulaire (Buste Bastien :H2)
Cette monnaie fut mentionnée pour la première fois au cours du XVIIIème siècle par A. Banduri (1718) et H. Tanini (1791), décrite par J. Eckhel en 1797. H. Cohen signale deux fois le type (1865 et 1886) et la classe parmi les monnaies d'une rareté extraordinaire (Cohen n° 83). P. Webb ne la signale pas dans le RIC, (1933) n'ayant eu sous les yeux qu'un faux apparu à cette période. K. Pink la signale dans la note n°18 p 49 de sa publication "Der aufbau der Romischen Münzpragung in der kaiserzeit : VI/ 1 Probus", NZ, Wien 1949.
A. Alfoldi, ayant étudié les deux exemplaires des collections Gnecchi et Weifert en attestera finalement l'existence réelle.
De même coins d'avers et de revers que l'exemplaire vendu par Lanz.
Unique exemplaire avec un buste militaire (Buste Bastien : E) pour ce type.
Quelques hypothèses ont été formulées pour tenter d'expliquer cette émission autant exceptionnelle qu'inhabituelle : l'apparition de ce type présentant la muse de la poésie épique en pleine période d'invasions barbares et de guerre civile est troublante au regard des autres représentations de l'époque.
Le fait qu'aucune marque d'exergue ne soit gravée, contrairement à toutes les monnaies issues de l'atelier de Siscia, semble en faveur d'un type expérimental ou d'un module frappé pour célébrer un évènement précis. Eckhel explique l'existence de ce type comme une sorte d'hommage rendu par la ville à l'excellence militaire et à la Virtus de l'empereur. En effet, cette monnaie semble avoir été émise à l'automne 278 ap. J.-C., lorsque Probus passe par Siscia, victorieux de ses campagnes militaires lancées sur le limes du Rhin en Gaule et en Rhétie contre les Francs et les Alamans, les Goths, les Burgondes et les Vandales. Un triomphe fut sans doute fait à l'enfant du pays. Il lancera sa campagne d'Orient juste après.
Une autre hypothèse explique qu'un poème épique narrant les victoires héroïques et la bravoure de Probus, fut publié à cette époque. Cette littérature ayant déplu à l'armée et à l'empereur, la production du type monétaire en fut rapidement arrêtée.
Coin d'avers différent, même coin de revers que les autres exemplaires
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