MARCVS AVRELIVS PROBVS, Empereur Romain de Juin/Juillet 276 ap. J.-C. à Septembre 282 ap. J.-C.


"Tous ceux qui ont parlé de lui ont pris soin d'observer qu'il possédait éminemment dans ses mœurs la probité qu'exprime son nom." Abbé Crevier
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Bienvenue à tous les passionnés de monnaies romaines et à tous les novices en numismatique.
Ce blog est destiné à faire découvrir les monnaies romaines de l'empereur PROBUS et permettra d'en connaitre le monnayage dans son ensemble. Au fil des articles, vous y découvrirez les monnaies de ma collection pour lesquelles les commentaires vous éclaireront sur leur iconographie mais aussi retraceront l'histoire passionnante de cet empereur militaire. La publication de monnaies inédites complètera ce travail.
Bonne lecture à tous.

PROBUS COINS

Welcome to all lovers of Roman coins and all numismatic novices. This Blog will explore Emperor PROBUS's Roman coins and understand its currency. Through articles, you'll find these coins in my collection and their reviews will tell you about their iconography, as well as the fascinating history of this military emperor. The publication of unpublished coins will complete this work. Happy reading.

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CARTE DE SITUATION DES ATELIERS MONETAIRES SOUS PROBUS

CARTE DE SITUATION DES  ATELIERS MONETAIRES  SOUS PROBUS

mercredi 11 août 2010

Particularités stylistiques des bustes de PROBUS dans les différents ateliers monétaires.



Les Scalptores des différents ateliers émettant des monnaies sous le règne de Probus ont plus ou moins d'originalité, de création et de maîtrise de leur art. A cette époque, il existait pas moins de huit ateliers destinés à la production monétaire pour Probus. Par conséquent, les graveurs ont fait preuve d'originalité et d'idées novatrices dans la gravure des types mais aussi des bustes monétaires. Les graveurs de coins, d'origine et de formations différentes ont retranscrit au mieux le portrait de leur empereur, quelquefois dans l'urgence historique et souvent en l'absence de sources iconographiques, s'inspirant parfois de la physionomie de l'empereur précédent. De fait, il n'est pas rare de trouver dans les premières émissions monétaires de Probus des portraits de transition ressemblant fortement à celui de son prédécesseur Florien.

Outre le fait que le portrait évolue selon la période de frappe au sein d'un même atelier, il se dégage quand même quelques critères de style spécifiques à chacun. En effet, lorsque l'on étudie le monnayage de Probus, on constate, en dehors des marques de revers permettant d'identifier la provenance de la frappe, que certaines constantes stylistiques peuvent aider à reconnaître  l'atelier  d'émission  simplement par l'observation de la nature du buste d'avers. A titre d'exemple, comparons le même buste de droit (buste A de la classification de P. Bastien)  pour les huit ateliers de gravures différents, l'atelier d'Alexandrie étant mis à l'écart dans cette étude car ses émissions si particulières de Tétradrachmes sont facilement identifiables et ne peuvent se comparer avec la gravure des Auréliani.


1 - Le style de l'atelier de TRIPOLIS :


Aurélianus produit par l'équipe 1 de l'atelier de Tripolis

Les monnaies issues de cet atelier ne représentent qu'une part infime du monnayage  de Probus avec seulement deux émissions. La circulation monétaire en fut très limitée, voire locale, l'atelier étant ouvert en 273 ap. J.-C. dans l'idée que son existence ne serait que provisoire. Cet atelier, dans lequel deux équipes travaillent conjointement, fonctionne en complète synergie avec l'atelier d'Antioche, émettant des types similaires. Il est attesté que certains graveurs d'Antioche furent transférés à Tripolis lors de son ouverture pour travailler dans ce nouvel atelier. Par conséquent, les monnaies comportent des ressemblances stylistiques flagrantes. La deuxième équipe de l'atelier signe ses monnaies par l'addition d'un globule à la fin des légendes de revers.
Le style de l'atelier de Tripolis se caractérise par un traitement géométrique de la chevelure de Probus par petites incisions, par une arcade sourcilière proéminente et une couronne radiée qui semble trop grande, finissant dans le vide à la partie postérieure de la tête, les rubans étant éloignés de la nuque. On note une différence du nombre de rayons sur la couronne radiée entre l'atelier de Tripolis et celui d'Antioche : en effet, la couronne gravée à Tripolis comporte quatre rayons centraux entre les deux des extrémités tandis que celle d'Antioche n'en compte que trois. Le drapé du paludamentum est ample et aérien.
La graphie des lettres composant la titulature montre que les lettres sont gravées plus en superficie et les caractères sont souvent plus larges que hauts. Notons que les jambes qui composent  la lettre M sont reliées entre elles contrairement au M des monnaies d'Antioche ressemblant à un V entre deux I ( IVI ). Les lettres C semblent plus ouvertes et les S semblent plus grands que les autres caractères.

2 - Le style de l'atelier d'ANTIOCHE :


Portrait typique de l'atelier avec le nez légèrement busqué

En première intention, les émissions Syriennes sont destinées, comme la production de Tripolis, à alimenter le paiement de la solde des troupes engagées dans les combats régionaux. L'atelier ne compte que deux émissions comme pour Tripolis, correspondant aux périodes de présence militaire  sur le territoire. L'atelier d'Antioche frappe pour Probus dans la continuité des types employés pour Tacite, cet atelier n'ayant pas produit de monnaie pour Florien. Le style de gravure sera reproduit avec quelques différences à l'atelier de Tripolis non par influence stylistique mais par le transfert d'ouvriers-graveurs d'un atelier à l'autre.
Le style de l'atelier d'Antioche se caractérise par un profil impérial massif, rude, sur lequel on remarque qu'il n'existe pas de zone intermédiaire entre le front et le nez. En effet, la ligne dessinant le profil est quasiment droite, ne marquant presque pas la différence de volume entre les deux parties du visage. Le cou est légèrement plus massif et rectangulaire que ceux rencontrés sur les bustes de Tripolis, plus étroits à leurs bases. Comme nous l'avons déjà vu, la couronne solaire ne compte que trois rayons centraux entre les deux des extrémités. Les rubans semblent aussi plus près de la nuque et le paludamentum plus ajusté.
La graphie nous révèle que la gravure des lettres est plus profonde et le jambage bien plus large que celui de Tripolis. les M ne sont pas liés (IVI) et la taille des caractères est aussi haute que large. Le S semble aussi plus grand que les autres lettres.


3 - Le style de l'atelier de CYZIQUE :


Portrait de type A longiligne

L'atelier de Cyzique a émis des monnaies par intermittence. Comptant cinq officines à ses débuts, elle termine sa production dans sept officines à la fin du règne de Probus. Les scalptores de Cyzique sont de très bons ouvriers nous ayant laissé des portraits d'une facture incomparable. Certains furent déplacés à Siscia.
Le style de l'atelier de Cyzique se caractérise par une  gravure de la chevelure soignée. Le cou est long, l'arcade sourcilière fine et la pommette de la joue saillante. La tête et le buste occupent moins de place sur le champ de la monnaie que dans les autres ateliers, donnant cette impression d'un empereur longiligne. Il n'en est pas de même pour les monnaies avec un portrait militaire pour lesquelles le buste et la tête sont beaucoup plus massifs. La finesse du trait permet d'obtenir une frappe élégante.
La graphie nous révèle que la lettre O de la titulature est bien ronde et de taille plus petite que les autres caractères. Cette particularité notable est propre à l'atelier de Cyzique depuis les frappes monétaires d' Aurélien. On note sur certains auréliani que la lettre V n'est pas fermée en bas. La gravure des lettres est tout aussi soignée que celle du buste.


4 - Le style de l'atelier de SERDICA : 


Buste de Serdica

L'atelier de Serdica ouvre ses portes sous le règne d'Aurélien durant l'été 271 ap. J.-C. Il accueille les scalptores en exil de l'atelier de Rome qui vient d'être fermé. Serdica produira pour Probus cinq émissions frappées dans quatre officines à ses débuts, puis trois et deux seulement pour la dernière. Les graveurs de l'atelier romain arrivent à Serdica avec leur expérience déjà acquise depuis de nombreuses années dans l'atelier central et apportent une gravure soignée et de grande qualité à la production monétaire de Serdica.
Le style des graveurs de Serdica est assez particulier et nous offre des portraits expressifs mais assez figés. La tête est de taille moyenne et le nez est fin, de forme angulaire avec une arrête bien marquée. Le paludamentum est représenté jusqu'à la racine des épaules avec un drapé près du corps. Sur certains aureliani les bustes sont plus longilignes et rappellent le style de l'atelier de Rome.
La graphie  atteste le transfert des graveurs de l'atelier central car les lettres A, V, M et N de la titulature ne sont pas fermées à leurs extrémités, une particularité que l'on retrouve à l'identique dans les émissions antérieures de l'atelier de Rome. L'emploi sans différence de gravure de la lettre G avec la lettre C est aussi observée sur ces auréliani. En effet, le mot AVG semble être écrit AVC à la fin de la titulature.



5 - Le style de l'atelier de SISCIA :



Visage avec menton proéminent

Crée par Gallien en 265-266, cet atelier pannonien fut très productif et novateur pour le monnayage de Probus, offrant une grande variété de combinaisons de titulatures, de bustes impériaux et militaires. Probus y séjourna à plusieurs reprises, servant de point de ralliement des armées entre l'orient et l'occident. Sa ville natale (Sirmium) en était proche. L'étude des coins permet de constater que certains graveurs issus de l'atelier de Cyzique et de Serdica sont arrivés avec l'armée de Probus et ont contribué au fonctionnement de l'atelier pendant les années de présence de l'empereur dans la ville. De fait, certaines similitudes de gravure avec ces ateliers se retrouvent dans ces émissions de Siscia.
Le style de portrait  de l'atelier de Siscia est caractéristique et peu ressemblant à Probus dans les premières émissions. Il reprend un visage de transition avec les traits de Florien. Mais l'image sera vite corrigée dès l'année 277 ap. J.-C. par l'arrivée de l'empereur et de ses graveurs. Le menton est épais et large, presque prognathe, la barbe fournie et l'oreille bien dessinée. La gravure est plus ronde et les reliefs moins angulaires que dans les autres ateliers.
La graphie offre des caractères de petite taille, plus large que haut et finement gravés. Le V est souvent ouvert à sa partie inférieure.



6 - Le style de l'atelier de TICINUM :


Buste de Ticinum

L'atelier de Ticinum (actuelle Pavie) produit une grande quantité d'auréliani frappés dans six officines simultanément. Il est un transfuge de l'atelier de Milan à Ticinum pour des raisons politiques (Milan étant trop proche du camp militaire des Equites, dont le commandant pourrait devenir usurpateur) et pratiques (Ticinum propose des voies navigables utiles pour le transport des métaux).
Le style des graveurs de l'atelier de Ticinum offre des bustes de qualité, finement gravés, élancés et d'une grande variété. La tête souvent de petite taille, avec un regard précis, une pommette saillante, un long cou comme sur les monnaies d' Aurélien pour les émissions de Milan avant la réforme. La chevelure est traitée finement par des incisions de petite taille et ses limites bien marquées.
La graphie nous montre une titulature bien proportionnée et des lettres régulières et épaisses, gravées profondément remplissant bien le contour du champ de la monnaie. Aussi larges que hautes, elles sont bien différenciées et séparées d'un espace convenable. On distingue bien la différence entre le C et le G contrairement à d'autres ateliers et les M sont liés.




7 - Le style de l'atelier de LYON :


Portrait de Lyon de style angulaire

L'atelier Lyonnais reprend du service avec sa réouverture par Aurélien en 274 ap. J.-C. Mais la ville est bientôt soumise à des attaques germaniques. Probus passe par Lyon avant d'aller combattre sur le limes du Rhin. Lyon connaîtra un soulèvement populaire mené par l'usurpateur Proculus, un riche propriétaire, terrien, aidé d'une armée d'esclaves. Mais Probus écrasera la rébellion en 280 ap. J.-C. L'atelier frappera  neuf émissions sous Probus reparties dans quatre officines.
Le style de l'atelier de Lyon présente une gravure vigoureuse et profonde. Reconnaissable de part la composition du flan, surement de nature plus ferreuse que dans les autres ateliers, (des dépôts rougeâtres sont fréquents sur ces auréliani) les monnaies Lyonnaises présentent des portraits de Probus ressemblant à Florien durant les premières émissions. La gravure du visage sera plus proche de la vérité lorsque les scalptores auront l'occasion de prendre sur le vif les traits caractéristiques de Probus, fin  277 ap. J.-C., lorsque celui-ci installe son quartier général dans la ville avant d'aller affronter les Alamans. Le visage nous offre un sourcil discret, un nez fin, un menton fuyant et un traitement de la barbe et de la chevelure faite par des incisions épaisses.
La graphie présente une titulature composée de grandes lettres épaisses, aussi larges que hautes et d'une grande régularité. L'insertion dans la titulature de globules dont le rôle n'est pas encore défini clairement est une caractéristique propre à l'atelier de Lyon, permettant sans se tromper d'affirmer la provenance d'une monnaie au premier coup d'œil. L'hypothèse expliquant la présence de ces globules pourraît être que cet atelier aurait récupéré des graveurs de l'atelier de Cologne à sa fermeture en 272 ap. J.-C.


8 - Le style de l'atelier de ROME :


Portrait avant la réduction de 280 ap. J.-C.

L'atelier central est l'un des plus productif dans le monnayage de Probus, frappant dans sept officines simultanément. Fermé en 271 ap. J.-C. par Aurélien, il rouvre en 273 ap. J.-C. Sa qualité de gravure est incomparable avec les autres ateliers et donne à voir une multitude de détails enrichissants sur les attributs vestimentaires de l'empereur.
Le style de l'atelier de Rome est particulier et facilement reconnaissable. La tête est petite, avec une pommette saillante, un nez dont les ailes sont bien relevées et un cou fin et assez long. Le diamètre du flan se réduit  lors de la cinquième émission de 280 ap. J.-C. et entraine par conséquent une réduction de la taille des bustes et des titulatures plus courtes.
La graphie offre une grande taille des lettres qui composent la titulature et  le corps des caractères est assez épais. La titulature est généralement courte dans cet atelier. Le M et le N ouverts à une époque plus ancienne sont maintenant bien fermés. Par contre le V reste souvent ouvert comme sur les monnaies de Siscia.


La liste des critères de différentiation des styles de gravure des ateliers dressée ici n'est pas exhaustive et n'a pour but que de dégager quelques observations permettant de reconnaître l'atelier de frappe pour un même type de buste de droit. Il est clair qu'avec le ballet incessant des transferts de scalptores et des fermetures et réouvertures d'ateliers, certaines caractéristiques stylistiques ne sont valables que pour une période bien précise.


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