L'aurélianus instauré par la réforme monétaire d'Aurélien en 274 ap. J.-C. est le fruit d'une lente inflation de la monnaie romaine qui s'est accélérée entre 250 et 270 ap. J.-C, résultat de la dégradation de l'ancien l'antoninien. Dès lors, ce module restera stable jusqu'au règne de Dioclétien. En effet, l'antoninien fut crée en 215 ap. J.-C. par Caracalla et avait une valeur fiduciaire de deux deniers. Ce nouveau module présentant une effigie radiée au droit est en billon (de même nature que le denier de l'époque), c'est à dire que sa composition contient 50% d'argent et 50 % de cuivre. La baisse du titre d'argent s'était déjà amorcée depuis Pertinax en 193 ap. J.-C. et ne fait que chuter jusqu'à l'intervention d'Aurélien. Cet effondrement du titre de l'argent dans les monnaies romaines pourrait être une conséquence directe de l'augmentation de la masse monétaire produite pour pallier l'inflation combinée avec l'épuisement de l'exploitation des mines d'argent d'Espagne. L'antoninien est taillé au 1/64ème de la livre romaine, ce qui lui confère un poids d'environ 5,07g. Le système monétaire ayant changé, les équivalences entres les modules se voient de fait modifiées : 1 Aureus = 25 Antoniniens = 50 Deniers = 200 Sesterces = 400 Dupondius = 800 As.
Mais l'inflation s'installe dans l'empire et va dénaturer lentement ce module tout au long du IIIème siècle. Les empereurs successifs essaieront en vain de maintenir la stabilité du système monétaire romain. L'état est en faillite et l'économie est au point mort. La crise économique s'accompagne d'une grave crise politique avec la sécession de l'empire gaulois. La frappe des monnaies de bronze (sesterce, dupondius et as) décline lentement pour quasiment disparaitre sous le règne de Gallien. L'antoninien ne pèse alors plus que 2,90 g et ne contient que 2% d'argent fin. La frappe et les émissions sont moins soignées et reflètent la lente dégradation économique qui gangrène l'empire depuis quelques temps. Même les émissions d'or se dégradent entre 250 et 270 ap. J.-C. pour revenir à une plus grande qualité au moment de la réforme (l'aureus étant taillé au 1/50ème de livre). De même, la qualité du métal utilisé pour frapper les antoniniens est tellement basse qu'on les recouvre d'une fine pellicule d'argent afin de masquer les piètres caractéristiques du métal.
Aurélien va restaurer l'antoninien au début de l'année 274 ap. J.-C. Il réforme ce module en lui donnant une frappe plus soignée, plus ferme et une stabilité dans sa composition métallique. Cet Aurélianus, qui tire son nom de celui de l'empereur réformateur, a des critères de qualité destinés à maintenir la stabilité de sa valeur fiduciaire. L'aurélianus est alors taillé au 1/84ème de la livre romaine selon P. Bastien (1/80ème de livre selon l'étude de S. Estiot) et pèse environ 3,84g (4,05g pour S. Estiot). Les ouvriers produisaient 84 auréliani dans 327,45g de billon correspondant à une livre romaine. Sa composition a maintenant un taux de 5% d'argent fin (4,5% pour S. Estiot). La monnaie est saucée, c'est à dire que les flans de cuivre étaient trempés à chaud dans un bain d'argent qui laissait en surface une fine pellicule argentée. Sa valeur fiduciaire équivaut dès lors à 4 deniers (soit 20 sesterces) et devient la nouvelle unité monétaire, l'aureus et le denier n'étant plus frappés et usités que pour les Donativa, pour le trésor impérial ou destinés à récompenser les valeureux officiers de l'armée romaine. L'aurélianus porte au revers la marque de la réforme monétaire d' Aurélien attestant le fait qu'ils ont été frappés après ce changement (XXI, XX.I, XX ou KA, marque qui noterait le nombre de sesterces équivalent à la nouvelle unité). D'autres interprétations de cette marque expliquent qu'elle indique le ratio d'argent (5%, soit 1/20ème de son poids total) contenu dans la nouvelle monnaie. Cette nouvelle monnaie de billon argenté constitue l'unité de base du nouveau système monétaire, comme ont pu l'être le denier et l'antoninien auparavant, dont la marque lui attribue un cours surévalué. L'aurelianus ne subira plus de modification notable ni de poids, ni de titre de fin et restera donc stable tout au long du règne de Probus et ce jusqu'à la réforme de Dioclétien. Les équivalences monétaires du nouveau système sont stables et fait de l'aurélianus l'unité la plus usitée du système : 1 Aurélianus = 4 Deniers = 20 Sesterces. Il est possible que cette réforme monétaire fut entreprise en vue d'une réorganisation plus vaste de l'ensemble des structures fiscales et financières de l'état.
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Mais si on étudie le poids des auréliani de Probus sur une même émission, on s'aperçoit qu'il existe quand même des différences de poids importantes entre les nombreuses monnaies étudiées. Même en admettant un taux d'usure de plus ou moins 2% du poids théorique du module, on arrive à des écarts pondéraux importants entre le poids réel de certaines monnaies et le poids théorique qui devrait être stable par définition. Certains aureliani lourds peuvent ainsi dépasser 6 g et d'autres de poids léger atteignent difficilement 3 g. La fourchette moyenne de poids observés dans la composition d'un trésor se situe généralement entre 3,70 g à 3,88 g tous ateliers de frappe confondus. Ceci est le résultat du à ce que les contraintes du respect du poids ne s'appliquaient pas sur l'unité monétaire au sens strict mais sur le poids total des monnaies que l'on tirait dans une livre de métal. Les ouvriers devaient ainsi simplement frapper 84 auréliani (ou 80 selon S. Estiot) dans une livre sans pour autant avoir une égalité exacte de poids entre les différentes monnaies frappées dans le lot. C'est pour cette raison que les écarts de poids rencontrés entre les monnaies sont notables sur une même émission et pour un même type. Toutefois, on note une légère baisse du poids entre le début et le milieu du règne de Probus pour remonter en fin de règne.
Le diamètre de l'aurélianus quant à lui paraît à peu près stable durant le règne de Probus (20 millimètres en moyenne), conséquence d'une standardisation de la production des flans. L'exception se fait pour l'atelier de Rome pour lequel on note une réduction d'un millimètre en moyenne du diamètre des auréliani à partir de 280 ap. J.-C. (soit 19 mm selon l'étude du trésor de La Vénéra de J. Guillemain), sans doute le résultat d'une évolution dans la méthode de préparation des flans ou dans la technique de frappe. Mais cette réduction de diamètre n'engendre pas de réduction pondérale du module : la conséquence en sera une réduction de la taille de l'effigie et un raccourcissement de la longueur des légendes et de l'épigraphie de revers des monnaies par manque de place.
Afin de pallier la dégradation économique et l'inflation galopante des prix, l'augmentation de la masse monétaire, semblant être une conséquence directe des invasions barbares, n'influera pas sur la qualité de la production de l'aurélianus durant toute la durée du règne de Probus.
Aurélianus de Probus 279 ap. J.-C.RIC n°616
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