MARCVS AVRELIVS PROBVS, Empereur Romain de Juin/Juillet 276 ap. J.-C. à Septembre 282 ap. J.-C.


"Tous ceux qui ont parlé de lui ont pris soin d'observer qu'il possédait éminemment dans ses mœurs la probité qu'exprime son nom." Abbé Crevier
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Bienvenue à tous les passionnés de monnaies romaines et à tous les novices en numismatique.
Ce blog est destiné à faire découvrir les monnaies romaines de l'empereur PROBUS et permettra d'en connaitre le monnayage dans son ensemble. Au fil des articles, vous y découvrirez les monnaies de ma collection pour lesquelles les commentaires vous éclaireront sur leur iconographie mais aussi retraceront l'histoire passionnante de cet empereur militaire. La publication de monnaies inédites complètera ce travail.
Bonne lecture à tous.

PROBUS COINS

Welcome to all lovers of Roman coins and all numismatic novices. This Blog will explore Emperor PROBUS's Roman coins and understand its currency. Through articles, you'll find these coins in my collection and their reviews will tell you about their iconography, as well as the fascinating history of this military emperor. The publication of unpublished coins will complete this work. Happy reading.

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CARTE DE SITUATION DES ATELIERS MONETAIRES SOUS PROBUS

CARTE DE SITUATION DES  ATELIERS MONETAIRES  SOUS PROBUS

dimanche 22 juillet 2012

Un buste consulaire à droite pour Serdica (277 apr. J.-C.)





Description :
 
Serdica,  277 apr. J.-C., 4e émission, 4e officine.

A/ IMP C M AVR PROBVS PF AVG, buste consulaire de Probus à droite. (Buste Bastien : H4)

R/ SOLI INVICTO // KAΔ, Sol, levant la main droite et tenant de la main gauche un fouet et un globe dans un quadrige vu de face.

Poids : 2,86g - Diamètre : 22mm - Axe : 12h00 - Références : RIC n°- Pink 1949, p. 45

Commentaires :

Probus arrive à Serdica et un adventus est célébré cette même année. Mais il ne restera qu'un mois dans la ville (de Mars à Avril), le temps nécessaire à l'organisation militaire de ses troupes sur place. En effet, il ne s'agit que d'une étape pour rejoindre Rome et faire ratifier son titre impérial nouvellement acquis. L'atelier continuera tout de même de frapper des monnaies pour payer les troupes restées en avant du Bosphore.

Ce buste H4 nous montrant Probus en habit consulaire, tourné à droite est peu fréquent dans le monnayage de Probus. La plupart des représentations consulaires nous offre l'image de l'empereur tourné à gauche tenant le scipio, sceptre court tenu par le général victorieux lors du cortège triomphal. Nous avons déjà noté la richesse et l'habileté des graveurs de Serdica, usant d'une créativité certaine pour la représentation impériale au droit, produisant des monnaies de gravures fines avec de nombreux détails iconographiques sur les bustes. Cette représentation apparait pour la première fois sur un prototype d'Alexandre Sévère (Le buste monétaire des empereurs romains, P.Bastien, pl.88,3.) et sera plus abondamment employée à partir de la période tétrarchique.
Les ateliers de Serdica et de Siscia ont rivalisé pour produire des monnaies originales dont le résultat nous offre à posteriori une richesse impressionnante de types de bustes. Ce fait semble être une conséquence directe d'une production soutenue de ces ateliers, pour pallier aux besoins économiques et pratiques (évitant les transports de fonds incertains) dans lesquels travaillaient des graveurs très créatifs et artistiquement aguerris. Une grande variété iconographique induite par une production soutenue pour des raisons pratiques (proximité des ateliers des zones de conflits évitant les transports) et par un besoin économique évident pour soutenir l'effort de guerre.

Le type de revers présentant Sol Invictus sur un quadrige vue de face sera utilisé abondamment pour cet atelier. Il confirme la continuité du culte de Sol Invictus par Probus qui fut introduit par Aurélien quelques années plus tôt. 

Détail du buste.


dimanche 11 mars 2012

Un Buste jovien non répertorié de Ticinum (278 apr. J.-C.)

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Description :

Ticinum, 278 apr. J.-C, 4e émission, 5e officine.

Avers : VIRTVS PROBI AVG, (L’empereur César Marc Aurèle Probus Auguste), Buste radié de Probus à gauche en nudité héroïque, vu de trois quart en arrière avec l’égide, une haste pointée en avant (Buste Bastien : F19).

Revers : PAX AVG // VXXT, (la paix de l'auguste). La paix debout à gauche, levant le bras droit, tenant un rameau d'olivier et un sceptre transversal de la main gauche. La lettre V de l’exergue atteste que cette frappe est issue de la 5ème officine. Les 6 officines se différencient par des lettres et des chiffres romains suivis de XXT : P, S, T, Q, V, VI.

Poids : 3,63gr - Diamètre : 22mm - Axe : 6h00 - Références : RIC/--
 
Ce buste jovien à l’égide n’est pas répertorié pour cette officine dans l'émission (RIC variant 393).

Commentaires :

Probus part de Lyon au printemps 278 à la tête d’une partie de l’armée pour se diriger vers le Nord et repousser les Germains de la rive gauche du Rhin, en Germanie supérieure. Il passe le fleuve et poursuit les Barbares depuis Mayence jusqu’au Jura Souabe. Une fois la Gaule libérée, il redescend vers le Sud, passe les Alpes et arrive en vainqueur à Ticinum qu’il n’avait pas eu le temps de visiter. (Eté 278). Un donativum  sera donné dans la ville pour célébrer l'évènement et ces récentes victoires. 

Ce buste jovien est destiné à donner une image d'un empereur combatif et protégé par les dieux. L'attribut de Jupiter devient un insigne de la puissance souveraine. La morphologie musculaire de l'empereur est mise en avant, l'affublant de deltoides proéminents. L'égide portée sur l'épaule gauche est vue de 3/4 en arrière. Cette représentation s'inspire des camées d'Auguste, s'inspirant eux aussi des pierres gravées hellénistiques. Les scalpatores des empereurs Illyriens ont donc suivi une tradition dans la représentation de l'égide remontant à la période hellénistique de Rome dès le début de l'empire.

La paix du revers est un message destiné à rassurer la population romaine sur la politique de son nouvel empereur. Un retour à la paix tant attendue sur les territoires romanisés semble être le moteur poussant  Probus à mener ses différentes campagnes militaires.


Détail du buste F19

samedi 21 janvier 2012

Une légitimité impériale partagée entre Probus et Florien. (276 apr. J.-C.).


Aurélianus de Florien ( Rome, 1e émission, 1ere officine, 276)

Au début de l'année 276 apr. J.-C., les Alains et les Goths avaient envahi l'Asie Mineure pillant le Pont, la Galacie et la Cappadoce, se payant ainsi la solde d'une hypothétique intervention contre les Perses menée à titre d'auxiliaires sous le commandement d'Aurélien. L'empereur Tacite ira analyser la situation sur place et  réorganiser les opérations de cette campagne Gothique. Les combats commandés par ses fidèles généraux  Maximinus et Florien furent couronnés de succès.

Tacite, membre de l'ordre équestre ou général d'active ou encore préfet du prétoire mais nullement doyen des sénateurs comme nous le décrivait à tort le biographe de l'Histoire Auguste, meurt sur le chemin du retour vers l'Europe, victime d'un complot dans la province du Pont (ou à Tyane en Cappadoce) en Juin 276 apr. J.-C. C'est donc juste après son assassinat que le problème successoral semble s'être posé immanquablement et avoir été réglé sans une concertation réfléchie entre les différentes autorités ayant le pouvoir d'élever un nouvel homme à la tête de l'empire. Comme nous le montre l'étude des dates des évènements qui vont suivre cette période de vacation impériale, les nominations furent tranchées dans les plus brefs délais. Ces décisions si hâtives semblent avoir été prises dans le seul but d'éviter l’installation d'une nouvelle instabilité du pouvoir. Ce vide sonnait comme une menace à l’intégrité de l'empire alors que les campagnes de "nettoyages" des différentes provinces menacées par les Barbares semblaient devenir efficaces.
 Florien, préfet du prétoire sous Tacite, général actif participant aux combats en Asie Mineure durant la campagne Gothique de Tacite, sera donc nommé Empereur par les prétoriens, titre rapidement ratifié par le Sénat Romain. Mais au même moment, Probus, général présent en Syrie revêt la pourpre en Orient, lui-même élevé par son armée au plus haut rang des dignitaires romains.

Aurélianus de Florien (Lyon, Juillet 276, 2e emission, 3e officine)

Dès lors, la course à la légitimité s'organise entre les deux généraux de l'armée romaine. Une bataille d'influence s'engage sur les différents territoires de l'empire afin de donner raison à l'un des deux prétendants au pouvoir :  Florien, maitre de l'Occident, était reconnu sur une zone allant de la Cilicie jusqu’à l'Italie, en Gaule, en Espagne, dans les iles de Bretagne et en Afrique du Nord.  Probus régnait déjà en maitre sur l'Orient, en Syrie, en Phénicie, en Palestine et en Égypte. Mais cette répartition territoriale, qui semble donner raison à Florien, n'est pas le seul élément qui permit à Probus d'écraser son adversaire dans la bataille du pouvoir.
En ces temps de troubles, le gage de confiance qu'accordait l'armée à un de ses chefs s'étant illustré par sa bravoure au combat, suffisait presque toujours à l'élever à la tête de l'empire. Cette nomination suprême par le mérite militaire avait plus d'incidence sur la population et les militaires que la nomination d'un empereur qui détenait son titre simplement avec l'aval de l'autorité Sénatoriale. La différence de méthode employée pour élire un nouvel empereur semble être l'un des facteurs déterminant qui donna la préférence et une plus grande légitimité au général  Probus.En effet, Florien abandonnera la bataille contre les Goths en Asie Mineure pour aller combattre son adversaire, ce qui lui valu d'avoir une aura militaire en demi-teinte.
Probus quitte alors la Syrie et les deux armées se livrent bataille en Cilicie (à Tarse). Après quelques affrontements anarchiques et désordonnés, Florien est fait prisonnier et fut rapidement éliminé par ses propres troupes en Aout 276 apr. J.-C. Son règne n'aura duré qu'un peu plus de deux mois (de Juin à Aout 276). Certains historiens considèrent  le règne de Tacite et de Florien comme une période transitoire d'instabilité politique entre ceux plus glorieux d'Aurélien et de Probus.

Aurélianus de Florien (Siscia, 276, 1e emission, 6e officine)

Seulement six ateliers (Lyon, Rome, Cyzique, Serdica, Ticinum et Siscia) battront monnaie à l'effigie de Florien. Aucune monnaie ne fut frappée dans les ateliers Orientaux d'Antioche et de Tripolis, ces territoires étant acquis tout entier à la cause de Probus. Ils furent d'ailleurs les premiers à présenter le portrait du nouvel empereur militaire.
L'étude des monnaies de Florien est passionnante à plusieurs titres lorsque l'on s’intéresse aux différents monnayages de cette période. Nous constatons que les types utilisés pour Florien préfigurent ceux employés pour frapper les monnaies de Probus. La typologie utilisée pour Florien est de même calquée sur son prédécesseur Tacite. Ce réemploi des types monétaires a permis d'affiner le classement des différentes émissions du début du règne de Probus.

Les scénographies employées pour ce monnayage de courte durée rendent souvent hommage à la Virtus militaire de Florien, sans doute moins évidente et éclatante que celle déjà développée par son adversaire politique comme nous l'avons vu précédemment. Les thèmes militaires sont récurrents : la victoire, la fidélité et la concorde militaire se trouvent au centre des préoccupations de Florien et illustrent l'importance de gagner les faveurs de l'armée pour obtenir la consécration du pouvoir.

 Aurélianus de Florien ( Lyon, 276, 3e emission, 2e officine)

Notons aussi que l'imago impériale de Florien fut employée quelques temps par les scalptores des ateliers occidentaux afin d'illustrer les premiers portraits des émissions de Probus. Il en existe de flagrants exemples sur les monnaies de l'atelier de Lyon car les graveurs ne connaissaient pas encore les traits du nouvel élu.

Ce monnayage court mais passionnant est à placer en parallèle avec les monnaies des premières émissions de Probus issues des ateliers orientaux d'Antioche et de Tripolis. Cet ensemble constitue alors un panorama complet du monnayage de cette période trouble pendant laquelle Florien et Probus se sont affrontés pour obtenir la légitimité impériale tant convoitée.

Aurélianus de Florien (Cyzique, 276, 1e emission, 5e officine)


In Memoriam

   
Vendredi 20 Janvier 2012.

Aujourd'hui, Olivier Bastard nous a quitté.
Je perds non seulement un ami  fidèle mais aussi un grand numismate participant sans relâche à la création de ce blog grâce à son inaltérable et indispensable esprit d'entraide et de réflexion. Depuis la création de ce site, il m'assistait efficacement avec un dévouement sans limite.  Ses remarques utiles et ses nombreuses corrections ont toujours été judicieuses et ont permis d'assurer la pérennité du blog . J'espère lui rester toujours fidèle lors de mes prochaines interventions en perpétuant l'intelligence qu'il mettait à mon service dans chaque sujet.

A toi l'ami, sache que ton esprit restera pour toujours présent sur ce blog.

lundi 16 janvier 2012

La Fortune d'Alexandrie de l'an IV. (278-279 apr. J.-C.)

    
    


Description:

Alexandrie, 278-279 apr. J.-C.

Avers : A K M AYP ΠPOBOC CEB. (L'empereur César Marc Aurèle Probus Auguste). Buste lauré et drapé de Probus à droite.

Revers: L.Δ (An IV). Tyche ( Fortuna, la Fortune) debout à gauche, drapée, tenant un gouvernail de la main droite et une corne d'abondance de la main gauche.

Poids : 6,38 g - Diamètre : 20 mm - Axe : 12h00 - Références : Sear n°12128 - Milne n°4583 - Dattari n°5546 - BMCG 2424.

Commentaires :

Ce tétradrachme d'Alexandrie nous présente à son revers une allégorie de la fortune personnifiant plus spécialement les hasards de l'existence, le destin, la chance inespérée. Elle s'identifie avec la Tyche grecque,  représentée avec une corne d'abondance et un gouvernail, la montrant à la fois nourricière et maitresse de la destinée, pilotant la vie des hommes. Cette image veut exprimer que l’Égypte était très utile pour alimenter Rome car elle détenait une grande richesse agricole nécessaire à l’approvisionnement de l'Urbs. Cette  province restait maitre aussi de son propre destin en s'honorant de son dû envers les romains. Fortuna était aussi  considérée comme une divinité protectrice des villes et en assurait sa prospérité.

Probus compte huit années de règne et d'émission pour cet atelier qui sont notées au revers par les lettres A, B, Γ, Δ, ε, ζ, Ζ, Η  pour les sept années latines de 276 à 282 ap. J.C. L'an I de Probus commence donc avant le 29 juillet 276 et l'an VIII finit après le 28 Juillet 282 ap. J.C. L'an IV (L Δ) de cette monnaie couvre la période du 29 juillet 278 au 28 juillet 279.
 
L'année suivante de cette émission, l'empereur Probus mènera une campagne en Égypte afin de débarrasser le territoire des Blemmyes et libérer les villes de Koptos et Ptolémaïs. Ces monnaies destinées à assurer le commerce local dans l’Égypte et les provinces voisines sont aussi porteuses de messages politiques à la population romanisée. Ces potins ont un style si particulier qu'on les identifie au premier coup d’œil.


Détail du revers