MARCVS AVRELIVS PROBVS, Empereur Romain de Juin/Juillet 276 ap. J.-C. à Septembre 282 ap. J.-C.


"Tous ceux qui ont parlé de lui ont pris soin d'observer qu'il possédait éminemment dans ses mœurs la probité qu'exprime son nom." Abbé Crevier
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Bienvenue à tous les passionnés de monnaies romaines et à tous les novices en numismatique.
Ce blog est destiné à faire découvrir les monnaies romaines de l'empereur PROBUS et permettra d'en connaitre le monnayage dans son ensemble. Au fil des articles, vous y découvrirez les monnaies de ma collection pour lesquelles les commentaires vous éclaireront sur leur iconographie mais aussi retraceront l'histoire passionnante de cet empereur militaire. La publication de monnaies inédites complètera ce travail.
Bonne lecture à tous.

PROBUS COINS

Welcome to all lovers of Roman coins and all numismatic novices. This Blog will explore Emperor PROBUS's Roman coins and understand its currency. Through articles, you'll find these coins in my collection and their reviews will tell you about their iconography, as well as the fascinating history of this military emperor. The publication of unpublished coins will complete this work. Happy reading.

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CARTE DE SITUATION DES ATELIERS MONETAIRES SOUS PROBUS

CARTE DE SITUATION DES  ATELIERS MONETAIRES  SOUS PROBUS

lundi 27 décembre 2010

PROBUS salue la fidelité militaire de l'armée vaincue de Florien. (277 ap. J.-C.)





Description:


Lyon, mi 277 à  fin 277 ap. J.-C., 4ème émission, 3ème officine.

Avers : IMP C PROBVSPF AVG. (L'empereur César Probus Pieux et Heureux Auguste). Buste radié et cuirassé de Probus à droite vu de 3/4 en avant avec pan de paludamentum sur l'épaule gauche. (Buste Bastien : B).

Revers : FIDES MILITVM // III. (La fidélité des soldats). La fidélité de face, tournée à gauche, tenant deux enseignes militaires.

Poids : 3,87 g -  Diamètre : 22 mm - Axe : 7h00 - Références : RIC n° 26 - Bastien : n° 192.


Commentaires :

Au début de l'année 276 ap. J.-C., Probus est proclamé empereur par son armée en Syrie.  Mais le Sénat de Rome a choisi Florien pour succéder à Tacite. Probus affronte son rival en Cilicie où il sera assassiné à Tarse, laissant Probus victorieux et seul maître du territoire. Le message de cette monnaie s'inscrit dans une propagande politique visant à informer les romains de la récente réunification des armées, dotant ainsi l'empereur d'une force capable d'asseoir la stabilité de l'empire et de sécuriser ses frontières. Se retrouvant de fait sans chef, les troupes militaires anciennement engagées aux côtés de Florien, rejoignent les rangs de l'armée de Probus.

La titulature d'avers comporte des points de séparation, particularité apparaissant sur les auréliani de cette quatrième émission, témoignage de la persistance d'une ancienne tradition des ateliers monétaires gaulois de Cologne puis de Trêves, les graveurs ayant été transférés à Lyon à la réouverture de l'atelier en 274 ap. J.-C.

Fides, personnification divine présente sur ce revers, incarne la bonne foi, préside aux conventions publiques et aux transactions privées entre individus. Elle est l'expression de l'équité dans les stipulations verbales. Cette divinité tient une place importante dans le patrimoine primitif religieux romain, faisant remonter l'origine de son culte au roi Numa. Elle est souvent employée dans les œuvres poétiques en compagnie d'autres personnifications comme la Concorde, la Vertu, la Piété, la Pudeur et la Justice. Cette déesse ne compte qu'un seul temple au capitole, voisin du temple de Jupiter dont la construction première est attribuée au roi Numa lui-même. Rebâtit une première fois après les guerres contre Carthage, par Atilius Calatinus, ensuite par Aemilius Scaurus, contemporain de Cicéron, il perdure sous l'empire. On y accrochait des tables d'airain sur lesquelles on gravait des conventions publiques et autres diplômes militaires. La fête dédiée à Fides était célébrée le 1er octobre pendant laquelle les flamines de Jupiter, Mars et Quirinus (triade divine primitive vénérée sous Numa), arrivaient au temple Capitolin dans un bige couvert pour faire des sacrifices.
Mais la Fides des monnaies de Probus n'a plus rien de commun, sauf le nom, avec la déesse que les anciens romains honoraient au Capitole pour son rôle public de fidélité à la parole jurée. Sous l'empire, l'appellation FIDES PVBLICA devient beaucoup plus rare et se rattache plus fréquemment à la personne de l'empereur, surtout lorsqu'il s'agit de l'armée (FIDES MILITVM). Employée ici pour souligner le rattachement des troupes de Florien à l'armée de l'empereur, cette personnification tenant deux enseignes militaires est un symbole fort de l'allégeance et de la nouvelle réunification militaire.


Détail du revers

jeudi 23 décembre 2010

PROBUS veut rétablir la suprématie de l'empire romain sur tout le territoire. (276 ap. J.-C.)




Description :

Ticinum, octobre à décembre 276 ap. J.-C., 2ème émission, 6ème officine.

Avers : IMP C M AVR PROBVS AVG, (L'empereur césar Marc Aurèle Probus auguste). Buste de Probus radié, drapé et cuirassé à droite, vu de 3/4 arrière. (Buste Bastien : A2).

Revers : RESTITUT SEC // VIXXT, (Au restaurateur du siècle). L'empereur debout à gauche, tenant un globe de la main droite et un sceptre de la gauche, couronné par la victoire debout derrière lui, tenant une palme de la main droite.

Poids : 3,07 g - Diamètre : 21 mm - Axe : 12h00 - Références : RIC n°401  


Commentaires :

Cette monnaie fait partie du nouveau répertoire iconographique adopté par les graveurs de l'atelier, abandonnant les types du monnayage de Florien utilisés lors de la première émission frappés d'Aout à Septembre 276 ap. J.-C, juste après que Probus eut été proclamé empereur par ses troupes en Orient. De même, le portrait réel de Probus a remplacé le portrait inspiré de celui de Florien dès cette deuxième émission datée du dernier trimestre de l'année 276 ap. J.-C. Les marques d'officines utilisées pour la première émission (PTI à VITI, TI pour Ticinensis) sont abandonnées et remplacées par le XX (suivi du T pour Ticinum). Six officines battent monnaie pour Probus avec les marques distinctives PXXT, SXXT, TXXT, QXXT, VXXT et VIXXT.

La légende RESTITVT SEC de ce revers nous offre la vison d'un général empereur, restaurateur au IIIème siècle de la Pax Romana comme au temps des Antonins. Elle est la plus courte utilisée pour ce type de revers, remplaçant la formule longue RESTITVTOR SAEC des autres monnaies. L'iconographie montrant l'empereur en tenue militaire mais avec ses attributs impériaux (sceptre et globe), couronné par une victoire, apparaît pour la première fois lors de cette deuxième émission de Ticinum. La victoire porte une palme, symbole de la paix retrouvée, rappelant le récent succès militaire de Probus sur Florien, son rival. Cette image allégorique délivre aussi aux citoyens un message politique clair : le nouvel  empereur va maintenant tenter de sécuriser le territoire romain et rétablir la paix afin que la population puisse enfin reconstruire et prospérer en toute quiétude. Mais avant toute action, Probus veut faire ratifier au plus vite son titre par le Sénat de Rome afin d'asseoir son pouvoir politique et commencer la sécurisation des frontières.


Détails du revers

samedi 18 décembre 2010

L'ascendance impériale affirmée dans une légende de revers à Siscia. (277 ap. J.-C.)





Description :
 
Siscia, 277 ap. J.-C., 2ème émission, 6ème officine.

Avers : IMP PROBVS INV AVG, (l'empereur Probus auguste invincible). Buste de Probus radié, drapé  et cuirassé à droite vu de 3/4 arrière. (Buste Bastien : A2).

Revers : PROVIDENTIA AVG N // XXI, (La providence de notre auguste). La providence debout à gauche, tenant une baguette de la main droite au dessus d'un globe et une corne d'abondance de la main gauche.

Poids : 3,26 g - Diamètre : 22 mm - Axe : 12h00 - Références : RIC n° 727


Commentaires :

Natif de la ville de Sirmium toute proche, Probus arrive à Siscia en avril 277 ap. J.-C, accueilli par une somptueuse fête d'adventus donnant lieu à un donativum à la hauteur des victoires militaires qu'il vient de remporter. A cette occasion, des monnaies d'or et des auréliani sont émis pour fêter cet évènement honorant la cité de ce retour au pays d'un de ses plus valeureux représentants. On constate dès lors que la qualité de gravure s'améliore lorsque Probus est présent à Siscia. De nouveaux graveurs pris à Cyzique et Serdica, arrivent avec le cortège impérial et intègrent l'atelier monétaire à ce moment précis. Mais le séjour dans la ville est de courte durée, car Probus ne fait qu'une étape au pays afin d'atteindre au plus vite Rome et faire ratifier son nouveau titre impérial par le Sénat.

Cette monnaie, issue de la fameuse Invictus-série (de la deuxième émission de Siscia décrite par K. Pink dans "Der Aufbau der Römischen Münzpragung in der Kaiserzeit") est interessante par deux particularités épigraphiques peu communes.
Tout d'abord, les monnaies de cette série se caractérisent par l'ajout dans la titulature de l'adjectif "invictus" sous l'abréviation INV (ou INVICT) et mettent en avant l'invincibilité militaire de ce général empereur. L'emploi de ce qualificatif n'est pas anodin puisqu'il évoque aussi le culte de Sol Invictus nouvellement adopté dans le panthéon romain.
La deuxième particularité de cette série est l'ajout du pronom "Nostri" dans les légendes de revers, traduisant la grande fierté de tout le peuple Illyrien à compter parmi les siens un empereur qui réussit à libérer et sécuriser le territoire romain. Ces légendes, véritables revendications de l'appartenance de Probus au pays, caractérisent les nouveaux types monétaires de la deuxième émission, marquant  ainsi  la rupture avec la première calquée sur les dernières frappes de l'atelier pour Florien. On retrouve ainsi les légendes FELICITAS AVG N, SPES AVGVSTI NOSTRI, ABVNDANTIA AVG N, VICT PROBI AVG NOSTRI, PROV PROBI AVG NOSTRI et PROVIDENTIA AVG N comme sur cette monnaie.

Il est à noter que cet aurélianus ne comporte pas de lettre d'identification d'officine, mais est assimilé à la sixième par l'étude épigraphique et stylistique. En effet, en parallèle avec les monnaies issues des six officines émettrices de Siscia (identifiées par les lettres A, B, Γ, Δ, ε, ζ), certaines d'entre elles ne comportent pas de signe distinctif, comme s'il s'agissait de considérer cette émission de célébration indépendamment des autres.

L'image de la Providence proposée sur le revers de cet aurélianus nous indique que Probus bénéficie des auspices favorables de la divinité lui procurant la réussite dans ses ambitions militaires et politiques. Propre aux stoïciens, Providentia avait une valeur indiquant une qualité inhérente à sa sagesse. Cette même qualité devint une déesse à part entière, la présentant quelquefois comme une émanation des dieux (PROVIDENTIA DEORVM) pour se transformer par la suite en une représentation de la divinité de l'empereur (PROVIDENTIA AVG). On lui éleva un autel sur lequel on sacrifiait après des évènements favorables à l'empereur et sa famille. La providence est souvent représentée sur les monnaies sous les traits d'une femme debout appuyée sur une colonne, un globe à ses pieds. Dès le IIIème siècle, la divinité indique le globe à l'aide d'une baguette comme sur cette monnaie. Lorsqu'elle porte une corne d'abondance ou des épis de blé ou se trouve près d'un modius, sa représentation évoque la prévoyance de l'empereur assurant l'approvisionnement de Rome.

Probus, porté par cette providence et la reconnaissance de ses plus proches sujets, s'en ira vers Rome pour convaincre et rassurer les sénateurs sur ses réelles intentions politiques.


Légende de revers :  PROVIDENTIA AVG N

dimanche 12 décembre 2010

Le deuxième imperium consulaire de Probus célébré à Ticinum. (Janvier 278 ap. J.-C.)





Description :

Ticinum, janvier 278 ap. J.-C., 4ème émission, 3ème officine.

Avers : IMP C PROBVS AVG CONS II, (L'empereur César Probus Auguste, Consul pour la deuxième fois). Buste consulaire radié de Probus à gauche, tenant un scipio de la main droite. (Buste Bastien : H2) 

Revers :  CONSERVAT AVG // TXXT, (Le protecteur de l'Auguste). Sol invictus, nu debout à gauche, la chlamyde recouvrant l'épaule gauche, un pan reposant sur le bras, portant un globe de la main gauche, la main droite levée.

Poids : 3,53 g - Diamètre : 21 mm - Axe: 12h00 - Références : RIC n° 352
 

Commentaires :
 
Cette quatrième émission de Ticinum, comme la troisième, destinée à alimenter les fastes du triomphe germanique et la solde des soldats de Probus, diffuse une propagande impériale jamais atteinte dans aucun autre atelier. Comme la précédente, cette émission passionnante par sa richesse d'innovations épigraphiques et iconographiques, est couplée à une  prestigieuse émission d'or destinée à un donativum. En effet, elle fut frappée pour fêter la victoire germanique de l'empereur mais aussi le second processus consularis de Probus qu'il célèbra dans cette ville d'Italie du Nord.
Cette monnaie, originale par sa titulature de droit (IMP C PROBVS AVG CONS II, l'abréviation CONS étant propre à l'atelier de Ticinum) met en avant sa reconduction au  titre de consul dès le 1er janvier de l'année 278 ap. J.-C. La tenue consulaire que porte l'empereur sur cette monnaie, évoquée dans un précedent article, est de fait l'héritage indirect de l'expression du pouvoir des rois de Rome. Au fil du temps, les empereurs prirent les rênes de ce pouvoir consulaire afin de détenir la puissance absolue. Voici l'histoire de son évolution retraçant les différentes étapes de modification de ce titre consulaire.

Le consulat de la République :

Le mot consul (dérivant de consulere, pourvoir ou consulter) désignait à Rome la fonction de deux magistrats annuels, égaux en droit, et dont les attributions ont singulièrement varié suivant les diverses époques de la constitution romaine. Après l'expulsion des Tarquins (vers 509 av. J.-C.) et l'abolition de la royauté, l'ensemble des pouvoirs furent attribués à ces deux magistrats, investis pour un an, appelés consuls par une loi curiate. Cet imperium consulare ne pouvait être donné qu'a des patriciens, après l'approbation du Sénat sur propositions des comices curiates. Plus tard, une des deux places fut réservée aux plébéiens (366 av. J.-C.). Par la suite, personne ne put accéder au consulat sans avoir été préteur auparavant et être âgé d'au moins 43 ans. Après de nombreux changements législatifs, leur entrée en charge fut fixée au 1er janvier et ce pour toute la durée de l'année. Le jour de l'entrée en exercice donnait lieu à des fêtes et solennités particulières. Après la prise des auspices, les consuls recevaient leur imperium au temple de Jupiter sur le Capitole. Ils étaient escortés de douze licteurs (portant les faisceaux), écartant la foule par la voix et le geste. Abdiquant en fin d'année, ils prenaient par la suite une place dans le Sénat.
Les consuls étaient les décideurs de la juridiction civile et détenteurs du pouvoir exécutif,  usant d'une habile intelligence pour contenter en même temps le peuple et le Sénat. Leurs attributions militaires leur conféraient le commandement des armées. Les consuls ne pouvaient être l'objet d'accusations pendant la durée de leurs fonctions. Mais au fil du temps, l'autorité des consuls tendit à se restreindre sous l'influence du Sénat et sous la pression de certains chefs militaires ou de parti. César s'arrogea le titre de consul de la Gaule pour cinq ans, puis se déclara dictateur permanent. Le pivot essentiel de l'ancienne constitution romaine était en train de s'écrouler doucement et de se vider de ses pouvoirs.

Le consulat de l'empire :

A son tour, Octave reçut le pouvoir consulaire et proconsulaire avec un imperium illimité. Dès le IIIème siècle, l'empereur nomme tous les magistrats, étant devenu le seul maître des élections consulaires. L'importance politique du consulat ayant disparu avec la fin de la république, l'autorité véritable se trouvait maintenant concentrée sur l'empereur, revêtu de l'imperium consulare et proconsulare. Privés de leurs attributions administratives et militaires, les consuls n'avaient su garder que le droit d'affranchissement des esclaves. L'empereur tout puissant était vêtu du costume consulaire identique à celui dont on parait la statue de Jupiter Capitolin, attributs aussi portés par les rois de Rome et les triomphateurs :  la toga picta, la tunica palmata, la couronne d'or, le scipio, sceptre d'ivoire surmonté d'un aigle, attributs de l'empereur et consul, étaient portés lors de circonstances solennelles. Vêtu de cette toge triomphale, assis sur une chaise curule, précédé des licteurs portant les faisceaux, toute la pompe de l'empereur s'étalait lors des cérémonies inaugurales du renouvellement des vœux et des ludi qu'il présidait. L'empereur devient consul au début de chaque année de règne, inaugurant son consulat par une cérémonie appelée processus consularis, le conduisant, à pied ou dans un char doré, tiré par deux ou quatre chevaux (depuis le règne d'Antonin le Pieux), jusqu'au temple de Jupiter où il effectue un sacrifice.

Le message de cette monnaie de Probus, datée précisément par sa titulature, coïncidant avec sa récente victoire germanique, lui confère de fait une légitimité politique et militaire bien à propos.


Détail du buste

dimanche 5 décembre 2010

Un buste consulaire de Serdica (280 ap. J.-C.)





Description:

Serdica, 280 ap. J.C., 4ème émission, 4ème officine.

Avers : IMP C M AVR PROBVS P AVG, (L'empereur César Marc Aurèle Probus Pieux Auguste). Buste consulaire radié de Probus à gauche, tenant un scipio de la main droite. (Buste Bastien : H2)

Revers : SOLI INVICTO // KAΔ, (Au soleil invincible) Sol radié, tête à gauche, dans un quadrige vu de face, levant la main droite et tenant un globe de la main gauche, la chlamyde entourée autour du bras.

Poids : 3,90 g - Diamètre : 22,5 mm - Axe : 6h00 - Référence : RIC/ n°864 var

Commentaires :


La ville de Serdica (actuelle Sofia en Bulgarie), conquise par les romains en 29 ap. J.-C., devient la capitale  de la  Dacie intérieure. Au IIIème siècle, les romains fortifient la ville avec une épaisse muraille. Ainsi protégée, elle reste une étape importante pour les différents acteurs commerciaux et militaires du monde romain. En Mars 277 ap. J.-C., Probus s'arrête  à Serdica avec son armée, faisant route vers Rome, qu'il désire atteindre  au plus vite dans le but de faire ratifier par le Sénat sa nomination à la tête de l'empire. Il laissera des troupes sur place et l'atelier continuera de frapper des monnaies pour payer les troupes.

L'atelier de Serdica était organisé en quatre officines, se différenciant  dans les émissions par des lettres grecques gravées à l'exergue du revers (A, B, Γ, Δ), associées à la marque de la réforme KA. Sur cette monnaie, la notation KAΔ ne présente pas de point de séparation et semble ne pas être répertoriée dans le RIC avec cette même titulature et ce buste consulaire, le moins fréquemment gravé de l'atelier. En 277 ap. J.-C., le numéraire était destiné en grande partie à payer la solde de l'armée stationnée dans la ville. On peut penser que cette présence permanente d'une garnison dans la ville eut une forte influence sur le choix des bustes monétaires par les graveurs de l'atelier. N'oublions pas que Probus vient d'être nommé empereur par ses troupes et qu'il partage avec eux toutes les batailles. Il est perçu  par la population et par ses hommes comme étant le général libérateur des territoires tombés sous le joug de multiples envahisseurs extérieurs. Ce buste consulaire est ici choisi  pour rappeler qu'en cette année Probus entame son deuxième consulat.

Au revers, ce quadrige solaire en mouvement semble être sur le point de prendre son envol. Sur les traces d'Aurélien, Probus vénère Sol Invictus et lui confère une place de choix sur les types monétaires de cet atelier, à coté des anciennes divinités du panthéon romain qui protègent ses actions contre l'ennemi envahisseur. L'iconographie du type est construite selon une symétrie (d'axe vertical) presque parfaite :  les chevaux externes ont la tête tournée vers l'extérieur tandis que les deux autres regardent vers Sol Invictus. Arnaché et plein de fougue, cet attelage s'élance vers le ciel pour combattre les ténèbres et permettre au soleil d'illuminer le monde. Ce quadrige dit "éclaté" est une particularité du monnayage de Probus et ne sera pas repris après son assassinat par les autres empereurs lui succédant.


Détail du revers