MARCVS AVRELIVS PROBVS, Empereur Romain de Juin/Juillet 276 ap. J.-C. à Septembre 282 ap. J.-C.


"Tous ceux qui ont parlé de lui ont pris soin d'observer qu'il possédait éminemment dans ses mœurs la probité qu'exprime son nom." Abbé Crevier
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Bienvenue à tous les passionnés de monnaies romaines et à tous les novices en numismatique.
Ce blog est destiné à faire découvrir les monnaies romaines de l'empereur PROBUS et permettra d'en connaitre le monnayage dans son ensemble. Au fil des articles, vous y découvrirez les monnaies de ma collection pour lesquelles les commentaires vous éclaireront sur leur iconographie mais aussi retraceront l'histoire passionnante de cet empereur militaire. La publication de monnaies inédites complètera ce travail.
Bonne lecture à tous.

PROBUS COINS

Welcome to all lovers of Roman coins and all numismatic novices. This Blog will explore Emperor PROBUS's Roman coins and understand its currency. Through articles, you'll find these coins in my collection and their reviews will tell you about their iconography, as well as the fascinating history of this military emperor. The publication of unpublished coins will complete this work. Happy reading.

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CARTE DE SITUATION DES ATELIERS MONETAIRES SOUS PROBUS

CARTE DE SITUATION DES  ATELIERS MONETAIRES  SOUS PROBUS

dimanche 28 novembre 2010

Métrologie comparative des différents modules du système monétaire sous PROBUS.


Comme nous l'avons déjà vu dans un précédent article, l'aurélianus devient l'unité monétaire centrale du nouveau système réformé par Aurélien depuis 274 ap. J.-C. De même sous Probus et jusqu'au règne de Dioclétien qui réformera à son tour le système, il  reste basé sur le trimétallisme or/argent/bronze inspiré de celui de Caracalla. Ces frappes répondent aux exigences imposées par le nouveau système monétaire d'Aurélien ayant pour rôle de redonner à l'empire un semblant de stabilité économique. Des modules en or, billon et bronze furent frappés de façon très irrégulière dans les ateliers et plus particulièrement à Rome. Ceci atteste l'existence et l'utilisation complète du système monétaire mais ces valeurs ne furent pas usuelles. Souvent considérés comme des monnaies de célébration, distribuées lors de donativa, de cérémonies d'adventus ou de triomphe dans les villes concernées, ces monnaies sont les plus rares du monnayage. Il est fort possible aussi que la rareté des aurei de Probus tient du fait qu'ils furent refondus pour répondre aux besoins  des ateliers afin de réemployer le métal précieux pour les émissions d'or du IVème siècle.



                  Aureus de Siscia, 279 apr. J.-C., 6ème émission. (NAC Auction n°25, 25 Juin 2003)


 I/ Les émissions d'or

Le Binio : 
Contrairement aux aurei, ces monnaies présentent des bustes radiés. Ces multiples sont taillés au 1/36ème à 1/40ème de la livre romaine (en prenant comme valeur celle de L.Naville soit 322,56g la livre) et présentent un poids moyen de 8,06g.  Certains auteurs les désignent quelquefois par l'expression "aureus lourd". Ces monnaies furent frappées lors du passage de l'empereur dans les villes émettrices, destinées aux donativa lors des largesses impériales. Les frappes sont très soignées et les revers originaux et nous laissant de véritables œuvres d'art. On connait aussi un Quinio d'or (5 aurei), avec un portrait accolé de l'empereur et d' Hercule, sans doute offert comme récompense militaire lors d'une célébration.

L'aureus : 
Au cours du règne de Probus, le poids de l'aureus est légèrement variable selon les ateliers émetteurs et la période de frappe concernée mais on peut constater qu'il obéissent quand-même à la loi de stabilité pondérale instituée par la réforme d'Aurélien. Ces monnaies, d'effigie laurée, sont généralement des modules taillés au 1/50ème (IL) de livre romaine soit d'un poids moyen de 6,45 g. L'aureus est presque composées uniquement d'or pur, affichant un titre d'or fin à l'analyse supérieur à 96 % (soit une monnaie de 23 à 23,5 carats). Sa composition est probablement la conséquence du réemploi du métal par refonte des aurei des périodes antérieures. 

Le quinaire d'or :
Sous-multiple émis en parallèle, il est taillé au 2/5ème du poids de l'aureus (2,58 g en moyenne).  On constate que ce module  particulier est souvent frappées par les même coins que les "quinaires de bronze" (du moins pour ce qui concerne le revers) ce qui atteste qu'il fut  aussi destiné aux donativa des cérémonies de célébrations. On en connait deux exemplaires de l'atelier de Rome émis lors du triomphe de Probus  dans la ville en 281 ap. J.-C. 



Quinaire de billon de Ticinum, 278 apr. J.-C., 4ème émission (Lanz Auktion n°123, 30 Mai 2005)


II/ Les émissions exceptionnelles de billon argenté

Le denier :
Ce divisionnaire est taillé au 1/124ème de la livre romaine et présente un rapport de poids de 2/3 avec l'aurélianus, soit 2,60g en moyenne. Son diamètre est de 16 mm et sa composition révèle qu'il ne contient que 2% d'argent fin. La frappe de ce module fut beaucoup moins abondante sous Probus par rapport au nombre important de deniers émis pour Aurélien et Séverine. Certains sont frappés avec des coins d'aurei et son émission se raréfie sous le règne de Tacite pour devenir qu'anecdotique sous Probus.

Le quinaire de billon :
Ce module encore plus petit est taillé au 1/189ème de la livre romaine  soit un poids moyen de 1,71 g pour 13 mm de diamètre. Sa composition métallique est variable qualitativement selon les émissions (le taux d'argent fin peut varier sensiblement de 3 à 20%). Les émissions de ce module, plus abondantes et nombreuses que celles du denier, semblent toujours liées à des évènements donnant lieu à des largesses impériales. On l'appelle aussi communément "quinaire de bronze" par commodité afin de le distinguer des quinaires d'or. Il présente des types de revers rassurants pour la population.


Médaillon de bronze de Rome, 281 apr.. J.-C. (NAC, Auction 51, 5 Mars 2009, lot n°402)



 III/ Les émissions de bronze

Les ateliers de Ticinum, Rome et Siscia sont les seuls à avoir émis des monnaies de bronze. Il existe beaucoup de confusion dans les différentes appellations pour déterminer ces  modules de bronze. J.-P. Callu comme S. Estiot distinguent seulement trois modules : l'as, le dupondius et le sesterce, le médaillon ne faisant pas partie intégrante du système monétaire mais considéré comme une émission liée à un évènement grandiose. P. Bastien parle de sesterce, double sesterce et même triple sesterce.  Dans une récente étude sur les émissions de Rome du trésor de la Vénéra, J. Guillemain ne distingue seulement que deux modules de bronze : l'as, (rassemblant l'as et le sesterce dans la même catégorie) et les médaillons.

L'as (ou semis) :
Il présente un diamètre de 19-20 mm légèrement plus petit que les as émis sous Aurélien (23-26 mm) et fut frappé en petite quantité. Son poids varie légèrement selon les types mais pèse en moyenne 6,96 g. Ce module pourrait avoir été frappé dans les même ateliers que ceux utilisés pour la production des auréliani.

                         As ou semis de Rome, 2e émission, 277 apr. J.-C, RIC n°304. Poids : 5,03g, Diam : 20,57mm. (Coll. privée)

Le dupondius : 
C'est le double sesterce décrit par P. Bastien. Il a la seule particularité d'avoir un buste radié  au droit et présente sensiblement les même caractéristiques de taille et de poids que l'as.

Le sesterce :
Il se différencie de l'as par sa légère différence de diamètre et de poids. J.Guillemain fait remarquer que si l'on mesure le diamètre interne du grènetis, la surface de frappe est souvent égale à celle de l'as. Seul le diamètre du flan semble changer, c'est pourquoi, il ventile ces modules soit dans la catégorie des as, soit dans celle des médaillons selon le diamètre interne de la frappe.

Le médaillon :
Émis lors de célébrations grandioses dans l'Urbs, tel que la première visite de Probus à Rome en 277 ap. J.-C. ou son triomphe de 281 ap. J.-C., ces médaillons semblent avoir été produit dans l'atelier de Rome.  K. Pink en attribuait quelques uns à l'atelier de Siscia ou de Lyon suivant des considérations d'ordre stylistiques et épigraphiques. Mais ils sont de nos jours réattribués à Rome. Il semble évident que la technique monétaire déployée dans l'atelier central semble être une des rares adaptée pour émettre de tels modules exceptionnels. On attribue pourtant un médaillon à l'atelier de Ticinum en 277 ap. J.-C., montrant une allégorie de Probus après sa victoire sur les Goths.
Un médaillon  mesure entre 29 mm et 35 mm de diamètre, parfois plus petit. Avec un poids moyen  de 37,56 g, ces modules peuvent parfois atteindre 65 g. Glorifiant  la virtus légendaire de l'empereur, ils présentent au droit des bustes exceptionnels (F*), consulaires et parfois accolés avec une divinité. Généralement en bronze, certains médaillons sont bimétalliques, comportant un centre de cuivre cerclé d'orichalque, d'autres sont argentés.

Nous pouvons conclure que ces monnaies ne sont pas courantes dans le monnayage de Probus et n'ont certainement pas eu un rôle influent dans l'économie romaine car la masse monétaire de production de ces modules atypiques semble peu abondante. Simplement destinées aux fastes des célébrations impériales et aux récompenses militaires, elles furent sans doute thésaurisées par les romains sans trop intervenir dans la circulation monétaire.

samedi 27 novembre 2010

Le lion, le soleil et la foudre personnifient PROBUS à Siscia. (279 ap. J.-C.)




 
Description :


Siscia, 279 ap. J.-C, 6ème émission, 4ème officine.


Avers :  IMP C PROBVS P F AVG, (L'empereur César Probus Pieux et Heureux Auguste),  buste radié et cuirassé de Probus à droite, vu de 3/4 avant. (Buste Bastien : B)


Revers :  P M TR I P COS III PP // XXIQ, (Grand pontife revêtu de la puissance tribunitienne, consul pour la troisième fois, père de la patrie). Lion marchant à droite tenant un foudre dans sa gueule.

Poids: 3,53 g - Diamètre: 21 mm - Axe: 12h00 - Référence : RIC n°616 Var. (monnaie provenant de la vente CNG, EA 244 lot n°466)
 

Commentaires : 
  

Peu d'auréliani de Probus présentent des animaux sur le revers. On rencontre dans le même atelier une représentation de la louve allaitant Rémus et Romulus , symbole de Rome et un lion radié, comme sur cette monnaie, marchant à droite ou à gauche personnifiant l'empereur. Cette dernière iconographie, métaphore du pouvoir impérial, fut déjà utilisée sur des antoniniens de Caracalla à la fin de son règne (Rome, 216 ap. J.-C.) à l'occasion de son quatrième consulat. Ce type fut  réemployé dans le monnayage de Probus uniquement par les graveurs de l'atelier de Siscia marquant ses deuxième et troisième consulats. La monnaie présentée ici ne fut frappée que par la quatrième officine. Cet aurélianus  présente en outre la particularité d'être inhabituel dans le monnayage car il est daté précisément par sa légende de revers. Probus prend son troisième consulat en 279 ap. J.-C. avant de repartir en Thrace combattre d'autres peuples barbares.

Le lion, digne représentant de la force (naturelle) et du courage est emblématique du pouvoir et de la domination absolue. Il incarne les notions de bravoure, force, noblesse et souveraineté, modèles des puissants, qu'ils doivent surpasser. Associé aux héros (comme Hercule et le lion de Némée), aux empereurs et aux dieux, cet animal devient le compagnon de ceux qui règnent. Il a d'abord été leur adversaire en tant que bête sauvage : vaincu et maitrisé (certaines monnaies montrent des bustes sur lesquels Probus est coiffé de la léonté, attribut d'Hercule) il délègue ses vertus et offre sa force à ses "dompteurs". Esope évoque cette qualité dans sa fable  La lionne et le renard  : "Un renard se moquait d'une lionne qui mettait au monde un seul petit. "Un seul, répondit la lionne, mais un lion." Le mérite ne se mesure pas sur la quantité, mais sur la vertu".  Cette même vertu chère à Probus est ainsi mise en valeur une nouvelle fois par cette image animalière qui lui correspond à merveille par le biais de cette évocation herculéenne, alliant la justice à la magnanimité, le lion ne se jetant sur ses proies que si les adversaires disposent de tous leurs moyens pour se défendre ou prendre la fuite.

Ce lion, symbole de la puissance naturelle, tient dans sa gueule le foudre à double pointe, attribut suprême de Jupiter, emblème cette fois-ci de la puissance céleste offerte par les dieux au premier des romains.  Lors de son élévation au titre, l'empereur reçoit le pouvoir impérial de Jupiter et cette image du lion détenant le foudre divin semble donc associer parfaitement  les deux aspects de la toute puissance impériale nécessaire au règne de Probus.

De plus, l'évocation impériale se voit renforcée par ce halo radié, déployé au dessus de la tête de l'animal, se référant aux pouvoirs de Sol Invictus, mis en valeur dans la religion romaine de l'époque. Probus lui vouait un culte tout particulier dans la continuité des croyances d'Aurélien, qui fit entrer la divinité au rang suprême dans la hiérarchie du panthéon romain quelques temps avant. Sol Invictus, ainsi évoqué par ces rayons sur la tête du lion, garantit la pérennité de l'empire et celle de Rome, ville triomphante des villes ennemies. Sol donne l'espoir aux romains de retrouver la paix et la stabilité des territoires car le soleil accomplit le retour des saisons, symbolisant ainsi la résurrection des temps meilleurs. En parallèle avec le buste gravé sur l'avers, ce symbole solaire se décline de fait sur les deux faces de cette monnaie. 

Les trois divinités tutélaires de Probus (Jupiter, Sol Invictus et Hercule), illustrées classiquement dans son monnayage de façon dissociée sur plusieurs types  distincts  (CONSERVAT AVG) sont rassemblées ici avec cette triple évocation dans une seule et unique représentation monétaire prenant toute son importance lors du renouvellement consulaire de Probus.
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Détail du revers

mardi 23 novembre 2010

Un buste militaire de Siscia à la lance tronquée. (278 ap. J.-C.)





Description :
 
Siscia, 278 ap. J.-C., 5ème émission, 4ème officine.

Avers : IMP C M AVR PROBVS P AVG, (l'empereur César Marc Aurèle Probus pieux Auguste). Buste de Probus radié et cuirassé à gauche, tenant une lance sur l'épaule droite et un bouclier sur l'épaule gauche.  (Buste Bastien : F1).

Revers : CONSERVAT AVG // XXIQ, (Le protecteur de l'auguste). Sol nu, debout à gauche, la chlamyde recouvrant l'épaule gauche, un pan reposant sur le bras tenant un globe et la main droite levée.

Poids : 3,87 g - Diamètre : 21 mm - Axe: 6 h00 - Références : RIC n° 672 


Commentaires :

Cette monnaie est issue de la cinquième émission, frappée dans six officines. Elles se distinguent par leurs marques différentes à l'exergue : P, S, T, Q, V et VI associées à la marque de la réforme d'Aurélien XXI. Le fait que l'empereur arrive dans la ville à la fin de l'année 278 (les monnaies d'adventus l'attestent), y restant toute l'année 279 ap. J.-C. explique cette grande diversité et cette surabondance de bustes impériaux. Les scalptores nous ont sans doute laissé le portrait monétaire le plus réaliste de Probus, la présence de l'empereur dans la ville facilitant de fait la reproduction au plus juste des traits de sa personnalité. Glorifiant son image à travers de nombreux bustes exceptionnels, l'imago officielle nous montre un empereur militaire d'allure svelte, avec un visage fin et angulaire, portant une barbe et une moustache soignées et des cheveux courts et bien rangés. Cette description reflète parfaitement l'idée que l'on peut se faire d'un général Illyrien victorieux de 46 ans venant de libérer la Gaule de l'oppression germanique.
Ce buste militaire F1, sur lequel Probus apparait non casqué est le résultat de l'excellent travail des graveurs de Siscia. Mais cette monnaie a la particularité d'avoir subi une négligence de gravure sur le coin d'avers. En effet, le scalptor qui a représenté la lance située sur l'épaule droite a oublié, sans doute par inadvertance, de finir le segment en arrière du buste (souvent terminé en pointe), donnant alors l'impression que Probus porte un bâton à la place d'une arme.

Ce type de revers fut émis simultanément par plusieurs officines  de l'atelier : première (P), deuxième (S), quatrième (Q) et sixième (VI) officines. Probus est sous la protection de Sol Invictus, le dieu réintroduit par Aurélien, toujours vénéré à cette époque. La combinaison des différents bustes avec ce revers nous offre un nombre important de monnaies originales dont certaines ne sont pas décrites dans le RIC.


Détail du buste


dimanche 14 novembre 2010

La Félicité de Siscia déclinée en trois variantes dans "l'Invictus-série". (277 ap. J.-C.)





Description :
 
 Siscia, 277 ap. J.-C., 2ème émission, 1ère officine.

Avers : IMP PROBVS INV AVG, (l'empereur Probus auguste invaincu). Buste de Probus radié, drapé et cuirassé à droite (Buste Bastien : A2).

Revers : FELICITAS AVG // A // XXI, (La félicité de l'auguste). La félicité debout à gauche, tenant une patère de la main  droite  au-dessus d'un autel allumé et une corne d'abondance de la main gauche.

Poids : 3,74g - Diamètre : 22 mm - Axe: 12h00 - Références : RIC n° 679 


Commentaires :


La légende IMP PROBVS INV AVG  de cette monnaie signe  l'Invictus-série de la deuxième émission de Siscia décrite par K. Pink dans son article "Der Aufbau der Römischen Münzpragung in der Kaiserzeit" de 1949. En effet, cette série spéciale se caractérise par l'ajout dans la titulature de l'adjectif INVICTVS sous différentes abréviations : INV comme sur cet aurélianus mais aussi  INVICT. Qualifié d'invincible l'empereur est porté au même rang que le dieu Solaire dont le culte officiel fut introduit par Aurélien quelques années auparavant (Sol invictus). Cette émission trouve sa justification dans le fait que Probus arrive à Siscia en 277 ap. J.-C, accueilli par une fête d'adventus somptueuse à la hauteur des victoires militaires qu'il vient de remporter. On émet en même temps des monnaies d'or à cette occasion, considérant cet empereur comme un enfant du pays, sa ville natale Sirmium étant toute proche. On constate que la qualité de gravure s'améliore dés lors que Probus arrive dans la ville,  étant sans doute la conséquence du travail des graveurs pris dans les ateliers de Cyzique et Serdica, venus avec le cortège impérial. Cette particularité de titulature de l'Invictus-série est présente sur quatre types monétaires, repris du monnayage de Florien  : CONCORD MILIT, FELICITAS AVG, SECVRITAS SAECVLI et PROVIDE AVG.

Le type de revers présentant  l'allégorie de la félicité, symbole de la richesse inépuisable,  est décliné  en trois variantes iconographiques différentes pour la même légende FELICITAS AVG.

 De gauche à droite les variantes a, b et c.

La variante a  montre la félicité debout à gauche tenant un caducée de la main droite et une corne d'abondance de la main gauche.
La variante b, comme sur cet aurélianus présente la félicité debout à gauche tenant une patère de la main droite au-dessus d'un autel allumé et une corne d'abondance de la main gauche. 
La variante c  montre la félicité debout à gauche tenant une patère de la main droite au dessus d'un autel allumé et  un caducée de la main gauche.

Cette deuxième émission se caractérise par la frappe des monnaies dans six officines que l'on différencie par les lettres A, B, Γ, Δ, ε, ζ notées dans le champ,  associées à  la marque de la réforme d'Aurélien XXI à l'exergue. 

 Détail du revers

dimanche 7 novembre 2010

La santé publique veille à Ticinum sur la quiétude de la population romaine (279 ap. J.-C.)





Description :

Ticinum, 279 ap. J.-C., 6ème émission, 3ème officine. 

Avers : IMP C PROBVS P F AVG, (L’empereur César Probus pieux et heureux Auguste). Buste de Probus à droite,  radié et cuirassé, vu de 3/4 avant. (Buste Bastien : B)

Revers : SALVS PVBLIC // Γ, (La santé publique). Salus drapée debout à droite nourrissant un serpent de la main gauche.

Poids : 3,95 g - Diamètre : 21 mm - Axe : 6h00 - Référence : RIC n°567


Commentaires :


Cette monnaie est émise à Ticinum en 279 ap. J.-C., un an après le passage de Probus dans la ville (été 278 ap. J.-C.), lorsque Probus poursuit ses guerres contre les Burgondes et les Vandales en Rhétie et refoule les Sarmates en Illyricum. A partir de la fin de l'année 278 et toute l'année 279 ap. J.-C., il restera  cantonné à Siscia.

A l'origine, Salus est une divinité romaine  inspirée d'une idée abstraite se voyant finalement personnifiée dans la religion romaine. Elle est représentée sous les traits d'Hygie nourrissant un serpent, symbole chtonien, attribut d'Esculape, fils médecin d'Apollon. 
L'iconographie des monnaies romaines nous présente, quelquefois dans la même émission,  les deux aspects connexes de cette divinité, variant de sens selon la légende qui lui est attribuée.  Des légendes  induisent une signification traditionnelle (SALVS PVBLICA),  pour le bien de l'Etat et d'autres une signification plus individuelle protégeant l'empereur (SALVS AVG). C'est le cas dans cette sixième émission de Ticinum. Le revers de cette monnaie  invoque  la santé de la population et la place ainsi sous les auspices de la divinité afin qu'elle combatte les fléaux qui sévissent sur les différents territoires de l'empire romain (sûrement la peste qui se développe depuis 250 ap. J.-C. mais aussi les guerres menées par Probus). Il est à noter que la lettre d'officine (dans ce cas Γ), peut se trouver pour cette même émission soit dans le champ, soit à l'exergue comme ici ou encore associée au signe de la réforme de l'aurélianus XXI.

Primitivement invoquée dans les chants des prêtres Saliens (Salus Publica, associée à Pax et Concordia), Salus évoque ici une idée plus politique, procurant le bien-être d'un état en paix. Elle veille sur la quiétude des individus justement parce que l'état est heureux du bonheur de ses citoyens. Salus n'est en fait qu'un aspect de Fortuna limitée aux circonstances critiques de la vie telles que la guerre, la  famine et autres calamités naturelles ou induites par la politique impériale de reconquête territoriale. Le destin du peuple se trouve ainsi lié  au destin de l'empire et de l'empereur.


Détail de revers : Salus nourrissant un serpent

vendredi 5 novembre 2010

Un buste guerrier exeptionnel non codifié par P. Bastien de l'atelier de Sisica (277 ap. J.-C)





Description :

Siscia, début 277 ap. J.-C., 3ème émission, 1ère officine.

Avers : VIRTVS PROBI AVG, (La bravoure de Probus Auguste). Buste casqué, radié, cuirassé et drapé de Probus à droite vu à mi-corps, pointant sa lance en avant  du bras droit et tenant de la main gauche son bouclier, vu de l'intérieur.   (Buste Bastien : -- codifié D7 par S.Estiot)

Revers : ADVENTVS PROBI AVG // XXIA, (L'arrivée de Probus Auguste). L'empereur à cheval à gauche, levant la main droite et tenant un sceptre transversal. Devant le cheval,  un prisonnier assis avec un bonnet phrygien, mains liées dans le dos.

Poids : 3,72 g - Diamètre : 23 mm - Axe: 11h00 - Référence : RIC n° 634. (Monnaie provenant de la vente CNG, EA 243 lot n°426)


Commentaires :

Les graveurs de l'atelier de Siscia furent très créatifs et innovants. En effet, pour la première fois dans le monnayage de Probus, ils composent un buste guerrier sur lequel l'empereur est représenté à mi-corps, nous offrant de fait des détails iconographiques rarement présents sur les monnaies. Probus apparait ici radié, casqué, en habit militaire, vu de 3/4 avant, attitude laissant au graveur la possibilité de représenter le bras droit  de l'empereur dans sa totalité nous faisant découvrir aussi la face interne de son bouclier. Non seulement cuirassé, le buste est également drapé. S. Estiot et P. Gysen classeront ce buste encore absent de la codification des bustes de P. Bastien pour le monnayage radié sous le code D7 (identifié dans l'article de P.Gysen-S.Estiot "Probus Invictus Augustus" ). Cette monnaie frappée dans les deux premières officines de l'atelier n'est connue qu'à trois exemplaires pour la première officine (un exemplaire se trouve au British Museum à Londres, un autre dans la collection de P. Gysen et un troisième VEL Ancient Import XI/2008) et cinq exemplaires pour la seconde officine. On note qu'un seul coin de droit pour deux coins de revers. Cet exemplaire est frappé avec la même combinaison de coins que l'exemplaire du British Museum et celui de la collection P. Gysen.

Cette image impériale fut créé à l'occasion de la troisième émission pour fêter l'arrivée (Adventus) de l'empereur à Siscia en Avril 277 ap. J.-C.  Les nombreuses nouveautés dans l'iconographie monétaire de cette émission particulière laissent penser que la fête d'adventus de l'empereur fut magistrale, honorant comme il se doit le retour au pays d'un des plus valeureux de leurs sujets. Cette impression se voit  confirmée par une émission d'or conséquente à la même date.
Ce buste particulier en attitude guerrière, sorti de l'imagination des graveurs de l'atelier balkanique, sera repris au début de l'année 278 ap. J.-C par les artistes de l'atelier de Ticinum et ornera les médaillons frappés pour le donativum distribué dans la ville à l'occasion de la fête célébrant son adventus, sa victoire germanique et son deuxième consulat.


Buste guerrier de Probus D7