MARCVS AVRELIVS PROBVS, Empereur Romain de Juin/Juillet 276 ap. J.-C. à Septembre 282 ap. J.-C.


"Tous ceux qui ont parlé de lui ont pris soin d'observer qu'il possédait éminemment dans ses mœurs la probité qu'exprime son nom." Abbé Crevier
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Bienvenue à tous les passionnés de monnaies romaines et à tous les novices en numismatique.
Ce blog est destiné à faire découvrir les monnaies romaines de l'empereur PROBUS et permettra d'en connaitre le monnayage dans son ensemble. Au fil des articles, vous y découvrirez les monnaies de ma collection pour lesquelles les commentaires vous éclaireront sur leur iconographie mais aussi retraceront l'histoire passionnante de cet empereur militaire. La publication de monnaies inédites complètera ce travail.
Bonne lecture à tous.

PROBUS COINS

Welcome to all lovers of Roman coins and all numismatic novices. This Blog will explore Emperor PROBUS's Roman coins and understand its currency. Through articles, you'll find these coins in my collection and their reviews will tell you about their iconography, as well as the fascinating history of this military emperor. The publication of unpublished coins will complete this work. Happy reading.

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CARTE DE SITUATION DES ATELIERS MONETAIRES SOUS PROBUS

CARTE DE SITUATION DES  ATELIERS MONETAIRES  SOUS PROBUS

dimanche 25 juillet 2010

Un petit bouclier circulaire inédit à l'atelier de Serdica (280 ap. J.-C.)




Description :

Serdica, 280 ap. J.-C., 4ème émission, 2ème officine.

Avers : IMP C M AVR PROBVS AVG, (L'empereur César Marc Aurèle Probus  Auguste). Buste de Probus à gauche avec cuirasse, casque radié, haste sur l'épaule droite et bouclier sur l'épaule gauche. (Buste Bastien : E1)

Revers : VIRTVS PROBI AVG // KAB, (Le courage de Probus auguste). L'empereur à cheval à droite, portant un bouclier de la main gauche et une haste de la main droite, terrassant un ennemi dont le bouclier est tombé sous le cheval de l'empereur.

Poids : 4,25 g - Diamètre : 22 mm - Axe : 6h00 - Référence : RIC n°878 var

Commentaires :

Les scalptores de Serdica étaient de véritables artistes et produisaient des bustes et des revers d'une grande qualité de gravure. La forme particulière de ce petit bouclier présenté sur le buste de cette monnaie (un clipeus appelée aussi Umbo par analogie de la forme centrale ou encore parma) n'est pas choisie par hasard pour cet empereur. Introduit chez les romains par les Etrusques, cette arme de défense, de forme circulaire et concave, faisait partie de l'équipement de protection des equites (cavaliers) et des troupes légères (velites) de l'armée romaine du IIIème siècle. En effet, ce bouclier peu encombrant par sa taille et sa forme,  permettait aux cavaliers de sauter rapidement de leurs chevaux lors de l'attaque et ainsi surprendre leurs ennemis par la rapidité de leurs assauts. Certains textes nous rapportent que Probus porta le surnom de chevalier (Equitius) du fait qu'il était un vaillant général de l'armée romaine, combattant à cheval durant toute sa carrière militaire. C'est cette même analogie que l'on met en avant pour justifier le code EQVITI de certaines monnaies issues des ateliers de Rome et de Ticinum. Le parma, considérée comme l'insigne de la chevalerie,  était un bouclier d'avantage utilisé pour la parade que pour la défense lors des combats. Ce bouclier pourrait être une évocation et de fait une affirmation de l'appartenance de Probus au rang des chevaliers de l'armée romaine dont il fut le chef. Cette variante iconographique intéressant le bouclier est absente du RIC pour ce type de buste et cette officine.

On compte quatre officines pour la quatrième émission notées A, B, Γ, Δ à l'exergue des monnaies associées à la marque KA. Elles frappent simultanément le même type de revers, se différenciant seulement par la dernière lettre à l'exergue des monnaies :  A, B, Γ,  et Δ. A la mort de Florien, l'atelier de Serdica continue à frapper monnaie à l'effigie de Probus alors que l'empereur n'entre dans la ville qu'en Mars 277. Ce n'est qu'après l'entrée du général dans la ville en 277 ap. J.-C., célébrée par un adventus, que la typologie monétaire s'enrichit de  légendes à la gloire de l'empereur : ADVENTUS PROBI AVG, VIRTVS PROBI AVG, RESTITVTOR ORBIS.



 Détail du buste E1

dimanche 18 juillet 2010

Les prestigieuses collections de monnaies de PROBUS dans les musées nationaux.



Lorsque l'on s'intéresse au monnayage de Probus, les recherches numismatiques renvoient souvent à quelques références se rapportant à des noms obscurs de collections conservées dans les différents musées nationaux européens. Connues que très partiellement, ces collections prestigieuses font l'objet d'études plus minutieuses par les numismates et les chercheurs contemporains. Les catalogues rédigés par leurs prédécesseurs sont souvent incomplets voire même quelquefois inexistants et ne permettent pas aux intéressés d'avoir la documentation nécessaire pour leurs travaux de recherche. Pourtant, l'intérêt qu'elles offrent  pour la compréhension du monnayage de Probus est capital et souvent  très complémentaire des études de trésors publiés pour le IIIème siècle.


I)  La collection H.-G. PFLAUM du cabinet des médailles de la BnF (Paris, France) :

Le cabinet des médailles renferme des trésors, qui n'avaient, pour des raisons inconnues et incompréhensibles, toujours pas été étudiés dans leur ensemble. Les collections des monnaies de Probus en sont un bon exemple. Le cabinet de la BnF conserve une collection de cet empereur composée de fonds anciens et nouvellement acquis et de différentes collections privées comme l'importante collection de Hans-Georg Pflaum. Cette collection de plus de 5000 monnaies fut achetée en 1991 par la BnF et comporte un ensemble important de monnaies pour l'empereur Probus. Ce célèbre épigraphiste et numismate romain se plaisait  d'ailleurs à dire que Probus était son empereur favori.

 Façade du cabinet des médailles -BnF (photo C.Aug)

Hans-Georg Pflaum, né en 1902 à Berlin, issu d'une famille d'industriels du textile, poursuit des études de droit avant de se tourner vers l'histoire de l'Antiquité. Il fuit l'Allemagne en 1933 confronté au racisme et s'installe à Paris ou il étudie l'histoire antique avec Jérôme Carcopino. Victime du régime de Vichy, il est suspendu de ses nouvelles fonctions au CNRS et part se réfugier à Montpellier puis à Lyon. Réintégré au CNRS dès la fin de la guerre, il devient directeur de recherche en 1956. Il publiera alors un grand nombre d'ouvrages sur l'épigraphie latine notamment pour l'Algérie qu'il visite souvent et diverses publications sur les institutions et l'administration  romaines. Il meurt à Linz en 1979.

H.-G Pflaum disait : "La collection nous procure ainsi une dernière leçon. Que restera-t-il de nous ? Eh bien ! Peut-être notre collection, ou du moins son catalogue ". Examinée dans son ensemble, l'étude de la collection Pflaum nous livrera tout ces secrets prochainement lors de la publication de l'ouvrage de synthèse sur Probus (Monnaies de l'empire romain. Vol. XII.2 : Probus) sur lequel travaille Sylviane Estiot  pour la Bibliothèque Nationale de France et le Museum  d'Histoire de Vienne.

 vues intérieures du cabinet des médailles.


II)  La collection A. MISSONG du Künsthistorishes Museum de Vienne (Wien, Autriche) :

Le Musée d'Histoire de Vienne en Autriche est un des premiers musées d'arts anciens du monde. Ses collections, issues des collections impériales de la dynastie des Habsbourgs sont riches en peinture flamande, allemande et italienne. Il fut construit en 1891 et ses murs abritent  aussi l'un des plus prestigieux ensemble de monnaies de Probus au sein de son cabinet des médailles : la collection d'Alexander Missong qui fut achetée par le musée national après sa mort.  La publication de son étude est encore incomplète de nos jours.

Alexander Missong, né à Vienne en 1837, commença à travailler à l'âge de 17 ans à la bibliothèque universelle tout en étant installé comme notaire dans sa ville. Ce célèbre collectionneur fut très vite passionné par la période romaine du IIIème siècle et plus particulièrement par les monnaies de Probus. La totalité de sa collection compte pas moins de 13 000 monnaies rien que pour cet empereur, qu'il a pu rassembler lors de sa courte existence. Il meurt prématurément à 47 ans en 1885 à Vienne et laisse un catalogue non réédité de ces monnaies (Catalog der Münzen-Sammlung Missong, Frankfurt a.M., 1885). Il sera un des membres fondateurs de la Société numismatique de Vienne. Cet homme, passionné de numismatique romaine, nous laisse en héritage un patrimoine considérable qui ne demande qu'à être étudié dans son ensemble. Sylviane Estiot étudie cette collection Missong, simultanément avec la collection Pflaum de la BnF, dans le cadre de son prochain ouvrage de synthèse sur Probus.

 Façade du musée d'histoire de Vienne et portrait d'A. Missong


III)  Les collections numismatiques du British Museum (London, Angleterre) :

Le British Museum est le musée de l'histoire et de la culture humaine. Fondé en 1753, il n'ouvre ses portes qu'en 1759, abritant plus de 7 millions d'objets provenant de tous les continents. Il abrite aussi une bibliothèque gigantesque de renommée mondiale. Au début de son existence, les richesses du musée émanent  des collections d'un médecin et scientifique Sir Hans Sloane. Les collections vont croître rapidement au fil du temps par le travail du capitaine Cook, de William Hamilton, célèbre archéologue anglais et de Lord Elgin au début du XIXème siècle. 

Le département pièces et médailles du British Museum est composé en outre d'un ensemble considérable de monnaies couvrant toutes les périodes de l'histoire romaine, de la république à l'empire, qui fut publié en partie dans de nombreux ouvrages des éditions Spink (Coins of the Roman Republic in the British Museum, BMCRR et Coins of the Roman Empire in the British Museum, BMCRE). Les monnaies de Probus y tiennent une  place non négligeable. Mais l'étude du monnayage proposée par Percy. H. Webb, reposant aussi sur d'autres collections, dans l'ouvrage publié en 1933 (The Roman Impérial Coinage, RIC Vol V, part II, Spink) s'en trouve incomplète et lacunaire. Les reclassements de monnaies attribuées à tort à un atelier sont en cours de réalisation ainsi que l'introduction de nouvelles émissions et de monnaies inédites de cette édition, oubliées ou inconnues à cette époque.

Façade du British Museum

Les corrections et la composition des catalogues complets de ces prestigieuses collections de monnaies de Probus dormant dans nos musées Européens seront d'une grande utilité pour la recherche numismatique de cette période. Servant de supports pour l'identification des types monétaires et leurs variantes de coins, ces bases de données deviendront vite des outils indispensables à l'étude du monnayage de cet empereur.

mercredi 14 juillet 2010

La concorde de l'armée et des peuples s'harmonise avec l'auguste à Siscia (280 ap. J.-C.)





Description :

Siscia, 280 ap. J.-C., 7ème émission, 7ème officine. 

Avers : IMP C PROBVS P F AVG. (L'empereur César Probus pieux et heureux auguste). Buste casqué, radié et cuirassé de Probus à gauche tenant un bouclier sur l'épaule gauche et une lance sur l'épaule droite. (Buste Bastien : E)

Revers : CONCORDIA AVG // VII // XXI. (La concorde de l'auguste). La concorde debout drapée à gauche, tenant une patère de la main droite et une double corne d'abondance de la main gauche.
Poids : 4,62g - Diamètre : 22 mm - Axe : 6h00 - Référence : RIC n° 660

La lettre d'officine, située à l'exergue lors de l'émission précédente, est maintenant gravée dans le champ pour cette septième émission (P, S, T, Q, V, VI et VII) et compte une officine supplémentaire.

Commentaires :

Probus passe toute l'année 279 à Siscia, après avoir refoulé les Sarmates en Illyrie.  Poursuivant sa route à travers la Thrace, il obtient la soumission de tous les peuples barbares. Après une halte à Serdica, il repart pour Cysique ou il réinstalle une partie de son armée. Il libère alors l'Isaurie et la Pamphylie, va en Égypte et  gagne contre les Blemmyes au cours de cette année 280 ap. J.-C. Ces victoires lui valent un tel prestige dans la région que le roi Sassanide Varhan II, préfère lui offrir la paix sans mener la moindre bataille. Probus  accepte la proposition sous conditions et décide d'aller s'occuper de Saturninus en Syrie, usurpateur déclaré au cours de la même l'année. Selon l'Histoire Auguste, la perspective d'affronter l'armée de Probus décidera les troupes du tyran à éliminer leur chef avant le combat perdu d'avance. Les troupes dissidentes se rallieront à Probus dans la concorde militaire.
Cette septième émission datée de 280 ap. J.-C. intervient une fois la paix rétablie en Égypte et sans doute après la mort de Saturninus. L'empereur décide alors de reprendre la route pour triompher à Rome.
Le revers présentant la concorde de l'auguste se réfère surement à ce ralliement des armées dissidentes  et  des peuples à l'état romain. L'allégorie romaine de la concorde symbolise le maintien dans l'obéissance des peuples vaincus et la cohérence de l'armée derrière son empereur. Sur cette monnaie, elle personnifie le rétablissement de l'harmonie et de la bonne entente sociale et militaire. En Grèce, Homonoia (Concordia) est la sœur de Pax (la paix) avec qui elle est souvent confondue. La paix rétablie, la concorde peut s'exprimer...



Détail du revers à la concorde

mardi 13 juillet 2010

La virtus militaire insistante de PROBUS sur un aurelianus de Ticinum (277-278 ap. J.-C.)





Description :

Ticinum, 277-278 ap J.-C., 3ème émission, 4ème officine.

Avers : VIRTVS PROBI AVG, (le courage de Probus Auguste). Buste radié, cuirassé de Probus à gauche, vu de trois quarts en avant , une haste sur l'épaule droite.  (Buste Bastien : F1).

Revers : VIRTVS AVG // QXXT, (le courage de l'auguste). Virtus casquée tenant la victoire dans la main gauche, s’appuyant sur un bouclier et une lance verticale dans la main droite. La lettre Q de l’exergue atteste que cette frappe est issue de la 4ème officine. Les six officines se différencient par des lettres et des chiffres romains ( P, S, T, Q, V, VI ) suivis de la marque XXT.
Poids : 3,07gr - Diamètre : 21 mm - Axe : 6h00 - Références : RIC n°437
 

Commentaires :

Comme nous l'avons déjà constaté, cette troisième émission de l'atelier de Ticinum comporte une immense variété de bustes exceptionnels, nous montrant par ces représentations multiples l'empereur Probus en vaillant général déterminé au combat, s'engageant dans la défense des frontières. Cette fameuse émission destinée à alimenter la solde des soldats  combattant sur les limes contre les Alamans et les Juthunges, met en avant un message récurent sur les deux faces de cette monnaie.  La valeur guerrière et la force morale (Virtus) de l'empereur qui a porté ce militaire au plus haut rang de l'empire sont exprimées ici de façon récurrente.
La virtvs militaire de l'empereur, dont le mot compose les  légendes d'avers (VIRTVS PROBI AVG) et de revers (VIRTVS AVG), est doublement mise à l'honneur et semble  insister sur la qualité majeure du général. La titulature, la légende de revers et la représentation de  Mars traduisent  la bravoure impériale alors que Probus est présent dans la ville. L'empire romain  attaqué sur toutes ses frontières a enfin trouvé son défenseur, porte-drapeau de l'honneur romain avec ce combattant téméraire apparaissant bien décidé à relever le défi pressant de repousser tous les peuples barbares envahisseurs !
Les empereurs Illyriens  servent ainsi la cause romaine en tentant de réinstaller la paix et la sécurité sur tout le territoire. La valeur militaire et l'honneur sont les traits communs à leurs personnalités les conduisant à être portés sur le trône par l'armée sans l'intervention sénatoriale. Probus rassurera le sénat, sur ses intentions en lui redonnant ses pouvoirs bafoués de son autorité sur les décisions prises dans les affaires de l'état. La succession des empereurs Illyriens bien assimilés à la culture Romaine a rempli à un moment opportun le vide dynastique laissé par les dernières familles au pouvoir à Rome et semble convenir parfaitement au peuple  romain revanchard.


Detail du buste F1

dimanche 11 juillet 2010

L'offrande du globe nicéphore par Jupiter à Probus (280 ap. J.-C.)





Description :

Antioche, 280 ap. J.-C,  2ème émission, 4ème officine. 

Avers : IMP C M AVR PROBVS P F AVG, (L'empereur César Marc Aurèle Probus Pieux et Heureux Auguste) ; buste de Probus radié, drapé et cuirassé à droite. (Buste Bastien : A)

Revers : CLEMENTIA TEMP // Δ // XXI (La clémence des temps). L'empereur à gauche portant un sceptre de la main gauche surmonté d'un aigle  et recevant un globe nicéphore de Jupiter nu à droite portant  un sceptre de la main gauche.
Poids : 3,74g - Diamètre : 22mm - Axe : 6h00 - Référence  RIC n° 922


Commentaires : 

La production de l'atelier est faible et compte seulement deux émissions séparées de trois années d'inactivité, frappant seulement trois types iconographiques de revers très voisins pour deux titulatures d'avers différentes  : IMP C M AVR PROBVS P F AVG et IMP C M AVR PROBVS AVG. La deuxième émission  de 280 ap. J.-C. emploie neuf officines contrairement à la première qui n'en emploie que huit. Ces émissions de l'atelier d'Antioche, comme celle de Tripolis sa voisine sont de types et styles artistiques peu originaux. Ces monnaies sont destinées à alimenter le trésor de l'armée afin que ce dernier puisse payer la solde des légions basées dans la région. Les frappes reprennent  le dernier revers employé pour Tacite avec la légende CLEMENTIA TEMP et  propose juste deux variations  iconographiques du type : l'Empereur est toujours à gauche portant un sceptre et recevant soit un globe simple, soit un globe nicéphore de Jupiter à droite portant lui-même un sceptre. 

Le globe nicéphore présent sur cet aurélianus d'Antioche a son individualité significative et n'est pas une simple variation du globe céleste. On observe souvent, comme dans cette émission d'Antioche, que le globe simple et le globe nicéphore sont deux insignes impériaux distincts, employés simultanément dans la même émission alors qu'un simple type de globe suffirait à faire passer le même message iconographique. Or le message est différent. L'offrande du globe simple  traduirait que l'empereur reçoit le pouvoir de Jupiter, le globe symbolisant la sphère céleste, alors que la réception du globe nicéphore justifie et garantit son pouvoir universel et sa victoire sur le monde (grace à ses combats militaires), à plus forte raison lorsqu'il est offert par Jupiter en personne comme le montre cet aurelianus. Dans ce cas, le globe pourrait symboliser la terre sur laquelle la victoire est installée.
De fait, ce globe nicéphore fait passer un message plus évocateur de par son origine historique. En effet, la Victoria romaine assimilée à la Niké grecque, peut être confondue avec l'Athena Niké ou associée aux dieux dits nicéphores comme Zeus (Jupiter), bien présent sur ce revers. La victoire reposant sur un globe, marche en brandissant une couronne portant une palme sur l'épaule gauche, bien souvent synthétisée d'un simple trait sur les représentations minuscules des revers monétaires. L'apparition de cette représentation sur les monnaies romaines coïncide (en 29 av. J.-C.) avec le transfert à la Curia Iulia de la statue représentant la victoire sur un globe consacrée à Tarente par Pyrrhus en souvenir de sa bataille d'Héraclée. La Victoire qui recevait des offrandes et les libations des sénateurs avant de siéger,  était installée près d'un autel dans la curie. C'est aussi à cet endroit que l'on prêtait serment de fidélité à l'empereur.
La représentation monétaire du globe nicéphore ne se modifiera guère jusqu'à la fin de l'empire. Le message que délivre cet échange d'attribut, passant des mains de Jupiter à celles de l'empereur , restera un symbole  limpide de la justification politique par la religion.


Détail de l'échange du globe nicéphore entre Probus et Jupiter


samedi 10 juillet 2010

Typologie impériale sur les revers des monnaies de Probus issues de l'atelier de Rome



Type 10 sur un aureus


Le monnayage de l'atelier de Rome offre aux numismates une grande diversité dans les représentations de Probus tout au long de sa glorieuse carrière militaire. On ne compte pas moins de dix-neuf types différents comportant aux revers une mise en scène de l'empereur sortant de l'imagination créatrice des graveurs romains. Les différents types participent à la propagation des faits d'armes, relatant les victoires, la bravoure et la religion impériale. Les avers des monnaies proposent déjà des bustes impériaux en tenue militaire, drapés ou encore en tenue consulaire avec une foule de variantes d'attributs et de positions donnant  au final un  nombre important de monnaies originales par émissions.
Mais cette succession de bustes de droit ne suffisait pas à transcender l'imago impériale : les revers appuient eux aussi la diffusion des orientations politiques, relatant les combats de Probus contre les différents peuples ennemis qui bravent les limes de l'empire.

La typologie de parade mettant en scène l'empereur semble être l'unique sujet de revers de cet atelier. On peut en effet dégager une constante typologique nous montrant l'empereur  arrivant à pied ou à cheval, en vainqueur universel, saluant la foule lors d'un adventus ou recevant un globe d'une divinité. Le peuple vaincu est alors symbolisé en position inconfortable par un captif assis au sol, tête baissée et mains liées dans le dos. Ces différentes images glorieuses arrivent à un moment où le peuple à besoin d'être rassuré sur le choix, certes judicieux, de l'armée ayant porté sur le trône un empereur issu du rang militaire sans consultation sénatoriale préalable. Ces monnaies sont, de nos jours comme à l'époque, à la manière d'un livre d'histoire, une suite narrative de ses vaillants succès militaires au travers de ses différentes campagnes de sécurisation du territoire romain.

Voici une liste descriptive des différents types monétaires de l'atelier de Rome sur lesquels Probus est  représenté. Les revers marqués d'un astérisque ont un buste lauré au droit et ne font donc pas partie de la typologie des auréliani.
 
De gauche à droite : Types 1 et 2

1- L'empereur debout à droite, tenant de la main droite une lance pointée en avant et un globe de la main gauche. 

2- L'empereur debout à gauche entre deux enseignes, la main droite levée, tenant un sceptre de la main gauche.

3- L'empereur marchant à gauche, posant la main droite sur un trophée et tenant de la main gauche un sceptre transversal. A gauche du trophée, un prisonnier assis avec un bonnet phrygien, mains liées, tournant la tête vers l'empereur.

4- L'empereur à cheval allant à gauche, la main droite levée et un sceptre à la main gauche ; devant, le cheval un prisonnier assis avec un bonnet phrygien, les mains liées.

5- L'empereur marchant à gauche tenant un globe de la main droite et une lance de la main gauche. 

6*- L'empereur à cheval allant à gauche, la main droite levée et tenant un sceptre de la main gauche.

7*- L'empereur à cheval allant à gauche, la main droite levée et tenant un sceptre de la main gauche, une victoire le précédant, tenant une couronne, suivi d'un soldat portant une enseigne et un bouclier.

8*- L'empereur à cheval allant à droite menaçant de sa lance trois ennemis à terre.

9*- L'empereur à pied allant à gauche, tenant un sceptre de la main gauche entouré de deux  groupes de  prisonniers.

10*- L'empereur assis à gauche, tenant un sceptre court de la main gauche recevant de Mars un globe. couronné par une victoire derrière lui. Au second plan deux soldats portant un enseigne.

11*- L'empereur debout à droite, recevant une victoriola de Rome assise à gauche, tenant un sceptre ; derrière l'empereur un soldat et deux enseignes au second plan.

12*- L'empereur à cheval allant à droite, transperçant un ennemi avec une lance ; un autre ennemi à terre sous le cheval. 

13*- L'empereur à cheval allant à droite, un bouclier au bras gauche, conduisant deux prisonniers, l'un portant un bonnet phrygien, marchant entre les pattes avant du cheval, l'autre nu, sur le flanc droit de l'empereur, semblant être tenu par les cheveux.

14*- L'empereur, la main droite levée, sur un quadrige allant à gauche, couronné par la victoire, précédé d'un personnage féminin et accompagné de trois hommes portant des palmes.

15*- L'empereur debout à droite, couronné par la victoire, recevant un globe de Rome assise à gauche, tenant une corne d'abondance ; au second plan, Felicitas tenant un caducée.

16*- L'empereur couronné par la victoire sur un char tiré par six chevaux,  accompagné de soldats.

17*- L'empereur debout à gauche sur un podium, au côté du préfet du prétoire plaidant, la main droite levée, l'armée représentée de groupes de trois soldats de part et d'autre tenant leurs enseignes.

18*- L'empereur de face, avec le préfet du prétoire parlant à ses soldats accompagnés de quatre prisonniers dont deux sont agenouillés. 

19*- L'empereur à droite parlant à dix soldats disposés à gauche et à droite.


De gauche à droite : types  3 et 4


samedi 3 juillet 2010

Probus assimilé à Sol Invictus à l'atelier de Serdica (280 ap. J.-C.)




Description:

Serdica, 280 ap. J.-C., 4ème émission, 2ème officine.

Avers : IMP C M AVR PROBVS P AVG, (L'empereur César Marc Aurèle Probus Pieux  Auguste). Buste cuirassé de Probus à gauche avec un casque radié, portant sur l'épaule droite une lance et sur la gauche un bouclier. (Buste Bastien : E)

Revers : VIRTVS PROBI AVG // KAB, (Le courage de Probus Auguste). L'empereur à cheval à gauche, la main droite levée, portant un sceptre de la main gauche et un captif, mains liées devant le cheval. 

Quatre officines notées A, B, Γ, Δ, sauf pour la troisième émission de 277 où on ne compte que trois officines notées P, S, T (cette réduction d'officines est sûrement la conséquence de la visite de Probus dans la ville à cette date, prenant en partant des graveurs avec lui) et la cinquième émission qui ne compte plus que deux officines notées A et B au revers des monnaies.
Poids : 3,56 g - Diamètre : 22 mm - Axe : 5h00 - Référence : RIC n°888

Commentaires :

Les graveurs de l'atelier de Serdica n'ont pas fini de nous révéler tous leurs secrets pour le monnayage de Probus ! On trouve d'ailleurs encore de nos jours des combinaisons de titulatures de droit inédites, mais aussi des variantes de gravures interessantes, nées de l'interprétation personnelle des scalptores et de l'emphase qui caractérise l'iconographie et l'épigraphie de l'atelier depuis sa réouverture par Aurélien en 272 ap. J.-C.

L'empereur arrive à Serdica au mois de Mars, mais ne fait qu'y passer, laissant une partie de ses légions sur place avant de repartir pour Siscia. L'atelier émettra encore après son départ justement pour honorer la solde des troupes siégeant dans la ville. Cette scène d'Adventus, employée ici pour vanter la virtus du nouvel empereur vainqueur de Florien, élève l'empereur au même rang que celui de Sol invictus.
Cette monnaie interpelle par son subtil message qu'elle veut bien nous donner, comme elle a dû le délivrer au peuple romain de l'époque. En effet, le type courant pour l'atelier de Serdica a été émis en 277 ap. J.-C. par la seconde officine (B) lors de la quatrième émission. De façon classique pour les trois autres officines (A, Γ et Δ), la scène de revers nous présente l'empereur Probus arrivant dans la ville sur un cheval, allant vers la gauche, la main droite levée, portant un sceptre, un captif au pied du cheval. Mais pour cette émission, le graveur représente l'empereur avec les attributs divins de Sol ou bien Sol lui même en cavalier, torse nu, le manteau flottant sur l'épaule. En effet, la couronne radiée bien visible sur cet exemplaire ornant la tête du cavalier semble être une allégorie divine. Sol personnifié en Probus protège le monde romain. 
Ce renouveau politique, après la mort de Tacite et l'élimination de Florien, permettra de combattre les invasions barbares et d'ouvrir de nouveaux horizons, illuminant l'avenir. Cette variante de gravure porteuse d'un message reflète à merveille l'emphase de l'atelier qui frappera monnaie jusqu'en 280 ap. J.-C. pour Probus.


 Détail de la représentation de Probus avec les attributs de Sol