MARCVS AVRELIVS PROBVS, Empereur Romain de Juin/Juillet 276 ap. J.-C. à Septembre 282 ap. J.-C.


"Tous ceux qui ont parlé de lui ont pris soin d'observer qu'il possédait éminemment dans ses mœurs la probité qu'exprime son nom." Abbé Crevier
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Bienvenue à tous les passionnés de monnaies romaines et à tous les novices en numismatique.
Ce blog est destiné à faire découvrir les monnaies romaines de l'empereur PROBUS et permettra d'en connaitre le monnayage dans son ensemble. Au fil des articles, vous y découvrirez les monnaies de ma collection pour lesquelles les commentaires vous éclaireront sur leur iconographie mais aussi retraceront l'histoire passionnante de cet empereur militaire. La publication de monnaies inédites complètera ce travail.
Bonne lecture à tous.

PROBUS COINS

Welcome to all lovers of Roman coins and all numismatic novices. This Blog will explore Emperor PROBUS's Roman coins and understand its currency. Through articles, you'll find these coins in my collection and their reviews will tell you about their iconography, as well as the fascinating history of this military emperor. The publication of unpublished coins will complete this work. Happy reading.

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CARTE DE SITUATION DES ATELIERS MONETAIRES SOUS PROBUS

CARTE DE SITUATION DES  ATELIERS MONETAIRES  SOUS PROBUS

vendredi 30 décembre 2011

Un rare buste à la protomé de cheval pour un empereur invincible. (279 apr. J.-C.)

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Description :

Siscia, 279 apr. J.-C., 6e émission, 2e officine.

Avers : IMP C PROBVS PF AVG, (L'empereur César  Probus Pieux et Heureux Auguste). Buste de Probus radié, casqué et cuirassé à gauche, portant une lance sur l'épaule droite, un bouclier sur l'épaule gauche, tenant un cheval  par la bride. Une scène de Virtus orne le bouclier représentant un cavalier allant à gauche et un gorgoneion sur le plastron de la cuirasse.  (Buste Bastien : E6)

Revers : SO LI INVIC TO // XXIS,  (Le soleil invaincu de l'Auguste). Sol Invictus, la main droite levée et tenant un fouet de la main gauche, debout sur quadrige bondissant vers la gauche.

Poids : 3,59 g - Diamètre : 21 mm - Axe: 6h00 - Références : RIC n° 769 var. ( Absent avec ce buste et pour cette officine).

Commentaires :


Après ces trois premières années de victoires en Gaule et jusqu'en Germanie, cet empereur militaire aurait pu rentrer à Rome afin de célébrer  ses victoires avec tous les fastes réservés à l'éclat d'une gloire complète. Mais il voulut encore visiter toutes les provinces de l'empire afin de s'assurer de la complète intégrité de l'empire. Probus va maintenant tourner ses armes du coté de l'Orient et ainsi terminer la tache qu'il s'était fixé au tout début de son règne : redonner la sécurité et la stabilité à l'empire en déliquescence. L'année 279 sera réservé à finir de débarrasser le Nord de l'Illyrie des barbares encore en place sur le territoire.  Avec une petite partie de ses troupes, l'autre partie restant cantonnée à Siscia,  l'empereur n'eut à combattre que des ennemis désorganisés, des bandes de barbares terrifiées d'avance de ce qu'ils allaient subir. Jamais depuis cinquante ans, l'Europe Romaine n'avait autant baigné dans un tel climat de tranquillité. La paix semblait assurée et l'avenir rempli de promesses. La Gaule libérée, l'Illyrie sécurisée, il semble normal que les ateliers de Lyon et Siscia produisirent alors des monnaies aux bustes novateurs pour cet empereur semblant invincible et glorieux de toutes ses batailles. 

Le buste de cette monnaie en est une illustration parfaite : bien sur, le génie des graveurs de l'atelier de Siscia fit le reste, mais ce buste présentant l'empereur en habit militaire, son cheval à la main rappelle aussi que Probus faisait partie de l'ordre des Equites parmi lesquels il fut choisi et porté sur le trône par l'armée en  Orient. Plus qu'une reconnaissance de son travail accomplie, de son ardeur à la tache, ces buste marque le tournant de l'espoir d'un peuple qui commence à croire à la liberté retrouvée. Cette rare représentation se trouve déclinée pour d'autre revers de cette même 6e emission.

Détail du buste

dimanche 18 décembre 2011

Une exeptionnelle variante abrégée du type VIRTVS PROBI AVG. (276 apr. J.-C.)





Description :


Serdica, 276 apr. J.-C., 4e émission, 1e officine.
 
A/ IMP C M AVR PROBVS AVG, Buste casqué et radié de Probus à gauche, tenant une lance sur l'épaule droite et un bouclier sur la gauche.

R/ VIRT PROBI AVG //KAB, L'empereur à cheval, tenant un bouclier de la main gauche, une lance à droite. Sous les antérieurs du cheval,  un barbare  agenouillé suppliant avec  un bouclier.

Poids : 4,05 g - Diamètre : 22 mm - Axe : 12h00 - Références : RIC n° -- PINK n°-- (ex. vente Müller 71, n° 699)


Commentaires : 

L'atelier de Serdica comme les autres ateliers orientaux, ne présente pas une grande variété de types monétaires, frappant souvent dans toutes les officines simultanément le même type de revers. Ces ateliers le long du limes du Danube furent installés avant tout par Aurelien afin d'alimenter en numéraire les troupes de légionnaires installées dans la région, évitant ainsi les transports hasardeux de fonds via les autres ateliers plus lointains.
Par contre, il existe une multitude de variété de titulatures emphatiques (pas moins de 53 pour Probus) qui en fait la richesse de cet atelier. Ces aureliani sont souvent de gravure soignée de qualité, frappés sur des flans larges. Mais on note seulement 8 types de revers répartis sur les 5 émissions définies par K. Pink :

1 ADVENTVS PROBI AVG (l'empereur à cheval)
2 CLEMENTIA TEMP (Lempereur avec un sceptre face à Jupiter)
3 CONCORDIA MILITVM (La victoire et l'empereur)
4 PROVIDEN DEOR (Providentia et Sol)
5 RESTITVT ORBIS (Victoire et l'empereur)
6 RESTITVTOR ORBIS (L'empereur et Jupiter)
7 SOLI INVICTO (Sol en quadrige de face)
8 VIRTVS PROBI AVG (avec 2 types différents) : a) Adventus de l'empereur à cheval et b) L'empereur à cheval au galop en direction de l’ennemi suppliant.
 
Philippe Gysen a mis en lumière dans un article (Nouvelles données concernant l'atelier de Serdica sous le règne de Probus, RBN 146, p15-29, 2000.) une 9e légende, passée inaperçue pour le RIC mais aussi, plus curieux ignorée par K. Pink et Robertson et ailleurs dans la littérature numismatique.
Cette courte légende VIRT PROBI AVG doit être considérée comme une variante de la légende VIRTVS PROBI AVG engendrée par un problème technique et non comme un type à part entière.

Selon les dernières données :
1- Sur les 12 monnaies connues répertoriées présentant cette légende courte, certaines sont liées par les même coins de revers. 8 coins relevés pour 12 exemplaires. Il ne peut donc s'agir d'accidents de frappe mais d'une réelle volonté délibérée du graveur de soustraire les 2 lettres "VS" de VIRTVS.
2-Sur les 12 exemplaires connus, 2 officines (A et B) se partagent la frappe, combinée entre 4 légendes de droit différentes et 3 types de bustes.
3-L'analyse des exemplaires VIRTVS PROBI AVG permet de mettre en évidence 6 graveurs différents. Parmi ces graveurs, il en est un dont le style est si caractéristique que l'on peut aussi lui attribuer les coins des exemplaires VIRT PROBI AVG. En effet, il représente la scène montrant toujours l’ennemi suppliant sous le poitrail du cheval et non sous les antérieurs du cheval, le bouclier est proche des postérieurs qui sont toujours bien tendus.

Par rapport à la légende longue VIRTVS PROBI AVG, la composition graphique de cette légende courte VIRT PROBI AVG montre un déplacement vers la droite de la scène et une légende qui s’arrête au bouclier de Probus. En conséquence, l'espace dédié à l'épigraphie s'en trouve ainsi limité.
Ce serait les difficultés à placer la légende longue par manque de place laissé par la composition du graveur qui aurait décidé le scriptor (avec l'accord du procurator monetae de Serdica) d'effectuer dans ce cas une légende abrégée. Ce qui nous renseigne sur les étapes progressives de gravure employées à cette époque dans les ateliers monétaires : le coin est gravé en plusieurs graveurs successivement dont les tâches sont différentes. Le premier scalptor se charge de graver l"image choisie pour le revers et par la suite, un deuxième vient y apposer la légende (scriptor).  Ceci explique aussi la rareté de ces exemplaires VIRT PROBI AVG.

 Détail de la légende abrégée du revers VIRT PROBI AVG

mercredi 9 novembre 2011

Une titulature de droit en référence avec la divinité tutélaire de l'empereur. (276 apr. J.-C.)






Description :

Serdica, 276 ap. J.C., 2e émission, 3e officine .

Avers : IMP C PROBVS INVICTVS AVG (L'empereur César Probus invincible Auguste) Buste radié et drapé de Probus à droite. (Buste Bastien : A2)

Revers : PROVIDEN DEOR/*// KA●Γ, (La providence divine). La fidélité des armées (ou la concorde militaire) drapée debout à gauche entre deux enseignes faisant face à Sol Invictus radié à droite, tête à gauche, la chlamyde entourée autour du bras, levant la main droite et tenant un globe de la main gauche.
 
Poids : 3,70 g - Diamètre : 22 mm - Axe : 12h00 - Références : RIC n° 848


Commentaires : 

A la mort de Florien, l'atelier de Serdica continue à fonctionner en frappant des monnaies à l'effigie de Probus changeant simplement le portrait et gardant les mêmes revers que ceux des monnaies émises sous Florien. Cette continuité typologique cesse alors avec l'entrée de Probus en 277 apr. J.-C. dans la ville s'enrichissant de  titulatures et de types monétaires à la gloire du nouvel empereur : ADVENTUS PROBI AVG, VIRTVS PROBI AVG, RESTITVTOR ORBIS. Il est à noter la persistance d'une étoile dans le champ de la monnaie depuis le règne de Florien, étoile qui disparaîtra aussi dès la troisième émission.
Les quatre officines de l'atelier frappent le même type de revers simultanément, se différenciant seulement par la dernière lettre à l'exergue des monnaies :  A, B, Γ,  et Δ. 

Les scalptores de Serdica sont parmi les graveurs les plus habiles pour effectuer des revers et des bustes  comportant des détails d'une grande qualité. La scénographie de revers (PROVIDEN DEOR) nous présente la fidélité des armées (ou la concorde militaire, personnage que l'on retrouve seul à l'identique sur d'autres revers ; le RIC semble l'identifier à tort comme la providence) et Sol Invictus. Cette scène confirme  d'une part la continuité du culte de Sol Invictus, introduit par Aurélien les années précédentes est abondamment repris dans le monnayage de Probus et d'autre part la réunification militaire des troupes ayant suivi Florien, maintenant rattachées à l'armée du nouvel empereur. La concorde militaire entre deux enseignes, saluée par Sol, témoigne de ce besoin d'union entre les différentes troupes militaires pour combattre ensemble les attaques barbares menaçant l'empire depuis trop longtemps. Sol donne ici une légitimité politique à Probus en  protégeant ainsi les troupes  réunies avant le départ pour la guerre. Le rôle propagandiste religieux de ces frappes monétaires approuvant la politique impériale est d'autant plus efficace que ces monnaies étaient sans doute destinées à payer les soldats.

De nombreuses titulatures enthousiastes, presque lyriques et emphatiques à la gloire l'empereur caractérisent les monnaies émises lors de cette émission. L'ajout de noms et d'adjectifs variés dans les titulatures de droit (Bono, Deo, Domino, Perpetuo, Pius ou Invictus comme sur cette monnaie) mettent en avant les qualités militaires et religieuses de l'empereur. En le qualifiant d'INVICTVS, la titulature lui confère un statut presque divin à l'image de Sol, son dieu tutélaire. Partant combattre l'ennemi qui menace la suprématie de l'empire romain, l'atelier de Serdica consacre cet empereur militaire protégé des dieux comme l'ultime gardien de la tranquillité territoriale de l'empire.

 
Détail de l'avers

mercredi 26 octobre 2011

Les voeux décennaux et vicennaux renouvellés par Probus en 279 apr. J.-C.



Description :

Ticinum, 279 ap. J.-C., 5ème émission, pas de marque d'officine. 

Avers : IMP C M AVR PROBVS AVG CONS III, (L’empereur César Marc Aurèle Probus Auguste, consul pour la 3e fois). Buste de Probus à gauche, radié en habit consulaire tenant un scipio de la main droite. (Buste Bastien : H)

Revers : VOTIS X ET XX FEL , Vœux décennaux et vicennaux heureux à venir). Légende sur 3 lignes dans une couronne de laurier.

Poids : 2,92 g - Diamètre : 20 mm - Axe : 12h00 - Référence : RIC n°460

Commentaires :

Cette monnaie est émise à Ticinum au début de l'année 279 ap. J.-C., après le passage de Probus dans la ville (été 278 ap. J.-C.). A partir de la fin de l'année 278 et toute l'année 279 ap. J.-C., l'empereur restera  cantonné à Siscia.

La titulature de cette monnaie semble donc indiquer une émission spéciale commémorant le troisième consulat du prince débutant en Septembre 278 apr. J.-C. Cette abréviation inhabituelle CONS pour consul se retrouve uniquement sur les frappes de l'atelier de Ticinum dans le monnayage de Probus.

Le revers nous indique que Probus renouvelle les vœux décennaux et vicennaux au cours de cette année. Ces vœux tenaient une place considérable à Rome dans la vie publique et officielle pendant la période impériale. C'était comme un contrat, un pacte conditionnel, entre l'homme et la divinité invoquée. Ils étaient proposés par l'homme qui en fixait lui même les règles. Au moment ou les vœux étaient formulés, ils étaient dit susceptum ou conceptum :  l'engagement était pris et le contrat passé. l'empereur demandait une faveur et en échange, lorsque elle se réalisait, il offrait un temple, des sacrifices ou encore des jeux en l'honneur de la divinité. Cette dette n'était seulement acquittée quand la divinité avait accordé ce qui lui avait été demandé.
Les vœux périodiques portaient généralement sur l'issue heureuse d'une guerre ou des négociations engagées, sur l’approvisionnement de la ville en cas de disette ou simplement contractés  pour le salut et la prospérité de l'empereur et de la maison impériale, comme cela semble être le cas pour cette monnaie.
Dès la période républicaine, ces vœux étaient renouvelés pour plusieurs années consécutives (vœux quinquennaux, décennaux ou encore vicennaux). Ces vœux publics périodiques étaient contractés et accomplis par les consuls, le jour de leurs entrée en fonctions. De même, les nouveaux empereurs s’acquittaient des vœux contractés un an plus tôt par leurs prédécesseurs et  en contractaient aussi de nouveaux  au nom de l'état romain ou en son nom envers une divinité (pour Probus, il semble que se soit un contrat avec Sol Invictus). 


 Detail du revers

samedi 8 octobre 2011

Une allégorie personnifiant Siscia, la Save et le Colapis. (277 apr. J.-C.)

 

Description :

Siscia, 277 apr. J.C., 4ème émission, 3ème officine.

Avers : IMP C M AVR PROBVS AVG, (L'empereur César Marc Aurèle Probus Auguste). Buste de Probus radié et cuirassé à droite. (Buste Bastien : B)

Revers : SISCIA PROBI AVG //  XXIT, ( Siscia la ville de l'empereur Probus). Siscia drapée, assise au centre sur un trône, tête et jambes tournées à gauche, tenant un diadème des deux mains. la Save à gauche et le Colapis à droite versant de l'eau d'une cruche, nageant dans les flots.

Poids : 3,77 g - Diamètre : 21 mm - Axe: 6h00 - Références : RIC n° 765

Commentaires :

Probus arrive à Siscia en 277 apr. J.-C., donnant l'occasion à la ville d'offrir une grande fête d'adventus à "l'enfant du pays", Sirmium sa ville natale n'étant pas très éloignée. Cet évènement s'accompagne d'une émission d'or attestant les fastes déployés pour cette cérémonie. Mais Probus reste préoccupé par la ratification de son titre par le Sénat.  Il décide alors de se rendre à Rome pour légitimer son règne, laissant  une partie de ses troupes dans la ville. L'atelier balkanique continuera à frapper d'abondantes émissions monétaires même en l'absence de l'empereur afin de payer les garnisons militaires restées à Siscia.

L'iconographie de revers nous offre une représentation allégorique de la ville et de deux affluents du Danube qui se réunissent à cet endroit. Cette opportunité géographique offre entre autres avantages des voies navigables qui ont permis un bon développement des échanges commerciaux de la ville.

  • Savus, la Save (Sava en langues balkaniques) est un affluent du Danube, navigable sur 593 kilomètres entre Belgrade et Sisak (anciennement Siscia). Il coule à travers quatre pays : la Slovénie, la Croatie, la Bosnie-Herzégovine et la Serbie.  Il se jette avant Belgrade dans le Danube. Mesurant 945 kilomètres de long, il est le plus important affluent du bord droit du Danube.
  • Colapis, le Colapis (Kupa ou Kolpa en langues balkaniques) est une rivière confluant dans la Save à Sisak (Siscia). Elle prend sa source en Croatie et forme la frontière naturelle entre le nord-ouest de ce pays et le sud-ouest de la Slovénie. 
Cette quatrième émission est frappée dans six officines différenciées par les marques à l'exergue (P, S, T, Q, V et VI)  associées à la marque de la réforme d'Aurélien (XXI). Si nous observons la marque à l'exergue de cet exemplaire, nous constatons que la lettre Q, notant la 4ème officine, a été changée  par un T, notant la 3ème officine. Nous pouvons distinguer par ailleurs que la queue de la lettre Q antérieurement gravée reste encore bien visible. Ce changement de lettre d'officine corrigé par le scalptor (retrouvé pour un seul coin de revers du type), nous laisse penser que le même graveur fournissait des coins simultanément pour plusieurs officines, du moins pour les officines 3 et 4. Notons sur cet exemplaire une cassure de coin à 6h00. Ce revers fut émis simultanément par 4 officines : T, Q, V et VI.


 
Détail du revers

mercredi 21 septembre 2011

La Concorde (Homonoia) d'Alexandrie de l'an V (279 - 280 apr. J.-C.)

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Description:

Alexandrie, 279-280 apr. J.-C.

Avers : A K M AYP ΠPOBOC CEB. (L'empereur César Marc Aurèle Probus Auguste). Buste lauré et drapé de Probus à droite.

Revers: LE. (An V). Homonoia (la Concorde) debout à gauche, drapée, levant la main droite et tenant une double corne d'abondance de la main gauche.

Poids : 8,74 g - Diamètre : 19 mm - Axe : 12h00 - Références : Sear n°12133 - Milne n°4595 - Dattari n°5534 - BMCG 2418

Commentaires :

Ce tétradrachme d'Alexandrie nous présente une allégorie classique dans le monnayage de ce IIIe siècle ; Homonoia pour les Grecs, Concordia pour les Romains, était la fille de Zeus et de Praxidiké, sœur d'Areté (la Vertu) et de Ktésios (le protecteur du foyer) selon un auteur alexandrin. Elle porte une double corne d'abondance, symbole de la prospérité et de la richesse portée par les dieux. Les Grecs lui avaient consacré un autel à Olympie. D'après Apollonius de Rhodes (ARG.II,718), les Argonautes lui auraient aussi construit un sanctuaire dans l'île de Thynias. 
Chez les romains, elle est le symbole de l'union politique entre les habitants d'une même région et de la bonne entente des citoyens entre eux (ainsi qu'au sein de la famille). Au début de l'histoire de Rome, on retrouve cette divinité sous les traits d'une Venus Cloacina qui aurait présidé l'alliance entre les romains et les Sabins. Le premier temple qui lui fut consacré sur le forum par Camile en 367 av. J.-C. n'existe plus. Un second construit en 304 av. J.-C. par Cn. Flavius, un troisième en 121 av. J.-C. par le consul Opimius, vainqueur de C. Gracchus et un quatrième temple érigé par L. Manlius au commencement de la deuxième guerre punique témoignent de la grande attention portée à cette divinité. Sous l'empire, cette divinité prend un caractère plus politique s'atachant à la personnalité même de l'empereur. Livie lui consacrera un nouveau temple à coté du Porticus Liviae.

Cette personnification de l'harmonie et de la bonne entente illustre parfaitement les relations politiques et sociales que souhaite entretenir Probus avec la ville d'Alexandrie et les autres provinces. Cet empereur militaire, porté par sa politique de réunification de l'empire, continue la mise en sécurité des frontières avec succès. La concorde symbolise alors l'unité retrouvée : suite aux nombreuses victoires sur l’ennemi, l'entente des différents peuples est  la condition essentielle au retour tant espéré de la prospérité de l'empire.

Le style de ces tétradrachmes (encore appelés potins par certains numismates) dénote une certaine rudesse dans la gravure des coins. Les figures sont faites en ronde-bosse, ne laissant que peu de place aux détails précis. Il est clair que la nature du métal employé pour ce monnayage est complètement différent de celui de l'aurélianus utilisé par les autres ateliers. Le savoir-faire des ouvriers de l'atelier d'Alexandrie a donc adapté à la nature du numéraire à l'émission. Cette monnaie destinée à une circulation locale répond aux besoins en numéraire, engendrés par les nombreux échanges commerciaux de cette région, riche de son artisanat et de ses productions agricoles.


 Détail du revers : Homonoia

mardi 12 juillet 2011

Le second Adventus de Probus à Serdica (280 ap. J.-C.)





Description :

Serdica, 280 ap. J.C., 4ème émission, 4ème officine .

Avers : IMP C M AVR PROBVS PIVS AVG (L'empereur César Marc Aurèle Probus Pieux Auguste) Buste radié et cuirassé de Probus à droite. (Buste Bastien : B)

Revers : SOLI INVICTO // KAΔ●, (Au soleil invincible). Sol radié, tête à gauche, dans un quadrige vu de face, levant la main droite et tenant un globe de la main gauche, la chlamyde entourée autour du bras.
 
Poids : 3,75 g - Diamètre : 22 mm - Axe : 6h00 - Références : RIC n° 865var. (4 exemplaires connus).


Commentaires :

Probus quitte la ville de Siscia  dans laquelle il a séjourné toute l'année 279 ap. J.-C. et arrive à Serdica en ce début d'année 280 ap. J.-C. L'empereur ne fait que transiter par Serdica car il doit passer le Bosphore pour se rendre à Cyzique et mener plus loin sa campagne d’Égypte. A cette occasion, il fait rouvrir l'atelier monétaire de Serdica et fête son second Adventus dans la ville. Continuant son chemin vers l'Orient, il ouvre de même sur son passage les ateliers de Cyzique, Antioche et Tripolis afin de satisfaire les besoins en numéraire pour payer la solde de l'armée romaine engagée à ces côtés.

Cet aurélianus est issue de la quatrième émission, reclassée pour l'année 280 ap. J.-C. par P. Gysen dans son article "Nouvelles données concernant l'atelier de Serdica sous le règne de Probus.", RBN 146, pp 15-29, année 2000. De nombreuses titulatures enthousiastes, presque lyriques à la gloire l'empereur caractérisent les monnaies émises lors de ce deuxième Adventus. En effet, on assiste à une explosion de combinaisons de titulatures et de bustes différentes dont beaucoup ne sont pas répertoriées jusqu’à présent, comme cette monnaie absente du RIC avec ce buste B. L'ajout de noms et d'adjectifs variés dans les titulatures de droit (Bono, Deo, Domino, Perpetuo, Invictus ou Pius comme sur cette monnaie) mettent en avant les qualités militaires et religieuses de l'empereur, lui conférant un statut presque divin à l'image de Sol, son dieu tutélaire. Partant une nouvelle fois combattre avec ardeur l'ennemi qui menace la suprématie de l'empire romain, l'atelier de Serdica consacre sur ces monnaies ce général infatigable, ultime gardien de la tranquillité territoriale.

Exergue pointée KA.Δ.

P. Gysen émet deux hypothèses sur le rôle des points dans les marques d'officines de cet atelier. Une première hypothèse met en avant le fait que la différence entre monnaies à "exergue pointée" et "non pointée" serait le résultat d'un changement de lot de métal (lingots de billon contrôlés) pour la production monétaire des officines. En effet, le métal utilisé pour la frappe depuis la réforme d'Aurélien garantissant un taux d'argent de 1 pour 20 (noté sur les aureliani à l'exergue par XXI ou KA )  devait faire l'objet d'un contrôle accru.
La deuxième hypothèse concerne l'organisation du travail au sein même des officines : il pourrait s'agir d'un signe différenciant le travail de deux équipes de production distinctes (équipe principale signant les monnaies non pointées et équipe de renfort signant avec des points) travaillant dans la même officine de façon indépendante avec leurs propres coins de revers, une équipe suppléant l'autre dans la production monétaire. La ponctuation constituerait donc un moyen de comptage du travail de chaque équipe permettant de vérifier facilement le rendement de chacune d'elles travaillant à des horaires différents.


Titulature IMP C M AVR PROBVS PIVS AVG

samedi 2 juillet 2011

PROBUS organise sa future campagne militaire d'Orient à Siscia (279 ap. J.-C.)




Description :
 
Siscia, 279 ap. J.-C., 6ème émission, 1ère officine.

Avers : IMP PROBVS P F AVG, (l'empereur Probus Pieux et Heureux Auguste). Buste radié et cuirassé de Probus à gauche, tenant de la main droite un sceptre posé sur l'épaule droite. (Buste Bastien : F5)

Revers : CONCORDIA MILIT // XXIP, (La concorde militaire). L'empereur debout à gauche en toge recevant un globe de la concorde debout à droite .

Poids : 4,15 g - Diamètre : 22 mm - Axe: 12h00 - Références : RIC n° 666var 


Commentaires :

Probus stationne à Siscia presque toute l'année 279 ap. J.-C. et honore son troisième consulat. Après la soumission de toutes les régions de Pamphylie et des autres provinces voisines de l'Isaurie, Probus prépare sa campagne d'Orient prévue pour la fin de l'année 279, destinée à renforcer les frontières contre les Perses qui se permettaient depuis quelques temps des incursions intempestives en territoire romain. En attendant de rassembler la totalité de l'effectif de son armée, il occupe ses hommes à divers travaux d’intérêt public, profitant  par la même occasion de sa région natale.

Cette monnaie n'est pas répertoriée dans le RIC avec ce buste codifié F5 par P. Bastien. La période correspondant à un interlude militaire avant la campagne d'Orient semble modifier la propagande monétaire. Bien qu'arborant toujours la cuirasse des bustes militaires, l'image impériale se déleste quelquefois de certains attributs devenus inutiles depuis que la paix est rétablie en Occident. De fait, l'effigie de l'empereur est soulagée de son casque et  un sceptre remplace sa lance.

Cette monnaie présente également un détail de gravure inconstant au revers. La description de la scénographie de cette monnaie semble ne pas correspondre parfaitement à celle donnée dans le RIC, signalant une poignée de main entre l'empereur et la Concorde militaire. Mais si l'on observe plus précisément cet exemplaire, on s’aperçoit qu' un objet sphérique est échangé entre les deux personnages. Il pourrait s'agir simplement d'un globule de centrage de la monnaie utilisé lors de la gravure du coin et placé exactement à cet endroit.

Détail du Buste F5

dimanche 26 juin 2011

Une marque d'officine inversée lors de la dernière emission de Lyon (282 ap. J.-C.)

 




Description :

Lyon, Janvier-Août 282 ap. J.-C., 9ème émission, 2ème officine.

Avers : IMP C M AVR PROBVS
AVG,  (l'Empereur César Probus Pieux et Heureux Auguste). Buste de Probus radié, drapé et cuirassé à droite vu de 3/4 en arrière. ( Buste Bastien : A2)

Revers : SALVS AVG  // B inversé,  (la santé de l'Auguste). Salus debout à gauche, tenant un sceptre long de la main gauche et une patère de la main droite nourrissant un serpent à ses pieds enroulé autour d'un autel.

Poids : 4,15 g - Diamètre: 22 mm - Axe : 12h00 - Référence : RIC/ n°123var - Bastien : 392var.


Commentaires : 

Après son triomphe à Rome, Probus repartira pour Siscia au début de l'année 282 ap. J.-C. afin de préparer ses troupes à combattre les Perses (Sassanides), suivant les idées d'Aurélien qui voulait le faire en son temps. En attendant que l'effectif soit au complet,  il occupe son armée à assainir les marécages de Sirmium, sa ville natale. Mais sous un soleil de plomb, les soldats fatigués par ce travail se rebellent et Probus est assassiné en Octobre 282 ap. J.-C. par ses propre troupes.

Cette monnaie, souhaitant une bonne santé à l'empereur est donc un paradoxe dans le monnayage de l'atelier car elle fut émise seulement quelques mois avant la mort tragique de Probus. Frappée au cours de la neuvième et dernière émission de l'atelier en 282 ap. J.-C., elle signe l'abandon du système de marquage des officines par les chiffres romains à l'exergue (I, II, III, IIII) au profit du système alphabétique romain A, B, C et D, placé dans le champ de la monnaie. Ce buste radié, drapé et cuirassé (Buste Bastien : A2) se rencontre moins souvent dans le monnayage Lyonnais qui utilise plus abondamment le buste simplement cuirassé (Buste Bastien : B).  Cet exemplaire est absent du RIC et du Bastien car la lettre B dans le champ de la monnaie, marquant la deuxième officine est inversée. Ces inversions de lettres pourraient correspondre à des changements de phases d'émissions.

Salus, divinité assimilée à Hygieia issue de la religion d'Esculape, identifiable par son serpent, fut importée d'Epidaure en 293 av J.-C. Cette idée abstraite, personnifiée par le paganisme romain, pour laquelle le temple était installé sur la colline du Quirinal, devient l'objet d'un culte important à cette époque souvent utilisée par les empereurs à des fins personnelles. Elle procure le bien-être de l'état en paix et en guerre mais protège aussi la santé personnelle de l'individu.


 Détail du revers

lundi 13 juin 2011

Accidents de frappe survenus dans les ateliers de Siscia,Ticinum et Rome.

 
Bien que la  production monétaire soit massive, les accidents de frappe ne sont pas très fréquents par rapport aux autres monnayages des périodes antérieures. Depuis la réforme d'Aurélien, la technique de production, la qualité des émissions et de la gravure se sont grandement améliorées.
Dans la majorité des cas, la frappe monétaire s'effectue entre deux coins, un mobile portant la gravure de revers et un fixe ou dormant portant l'effigie de l'empereur de l'avers. Le maléator imprime une pression à l'aide de son marteau sur un flan interposé entre les deux coins. La monnaie est alors éjectée et remplacée par un nouveau flan vierge.


Les outils de frappe monétaire

Quelquefois l'accident de frappe intervient dans le processus et nous laisse des monnaies curieuses ayant échappées à la vigilance des ouvriers chargés de la vérification des monnaies émises par l'officine. Les trois exemples suivant de problèmes liés à la frappe, émis par des ateliers différents, prouvent que l'erreur était encore possible partout et que l'importante production monétaire devait s'effectuer à un rythme très soutenue pour couvrir les besoins de numéraire rapidement.

Atelier de SISCIA :


Siscia, 278 ap. J.-C., 5ème émission, 3ème officine.
A/ IMP PROBVS PF AVG, buste radié et drapé de Probus à droite.
R/RESTITVT ORBIS//XXIT, L'empereur  à droite tenant un globe de la main droite et un sceptre de la main gauche recevant d'une femme une couronne de laurier.

Cette monnaie à subi une frappe du coin d'avers et du coin de revers sur les deux faces. En effet, lorsqu'on observe le portrait du droit, on s’aperçoit qu'à 2 heures débute la titulature de revers : RESTITVT ORBIS. On peut voir aussi à 6 heures sur le revers un artefact de la titulature de droit : ..OR.. de PROBVS. La monnaie a été surfrappée accidentellement après avoir fait un tour sur elle-même.

Atelier de TICINUM : 


Ticinum, 280-281 ap. J.-C., 8ème ou 9ème émission, 4ème officine.
R/ MARTI PACIF/I/-//QXXI

Cette monnaie curieuse fait partie de la série codée "EQVITI série". Elle est dite "incuse" de revers. Cet accident de frappe, beaucoup plus rare qu'une monnaie dite incuse d'avers se produit uniquement lorsque une monnaie déjà frappée par le coin mobile est restée en place sur le coin dormant. Alors, le nouveau flan posé sur le premier va subir une frappe normale du revers du coté du coin mobile mais la face inférieure va se mouler sur les reliefs de revers du flan resté sur le coin dormant.

Atelier de ROME : 


Rome, 278 apr. J.-C., 3eme émission, 3eme officine. RIC n°186
A/ IMP PROBVS AVG, Buste radié casqué et cuirassé à gauche de Probus, tenant une haste et un bouclier.
R/ROMAE AETERNAE//R*Γ, Roma dans un temple.
Cette monnaie a subit un flip-flap car nous pouvons voir sur l'avers des reste de la légende de revers. D'autres part, la frappe est décentrée vers le haut.



Rome, 281 apr. J.-C., 6ème émission, 3ème officine. RIC n°200
A/IMP PROBVS PF AVG, Buste consulaire de Probus à gauche portant le Scipio.
R/ SOLI INVICTO// R foudre Γ , Sol radié debout dans un quadrige galopant à gauche, la main droite levée et portant un globe et un fouet de la main gauche.

Le flan de cette monnaie a subi par accident une double frappe. En effet, les deux faces ont été frappées deux fois avec un décalage de 3h00 sur la même surface. Ce qui donne une double titulature visible au droit laissant la gravure du G de AVG en place à la base du cou de Probus. Après la première frappe, la monnaie est restée sur le coin dormant, subissant une légère translation vers le haut et la gauche. C'est alors que le flan reçut une seconde frappe décalée.


 Rome, 281 apr. J.-C., 6ème émission, 2ème officine.
A/ PROBVS PF AVG, Buste radié et cuirassé de Probus à droite.
R/ IOVI CONS PROB AVG// R foudre B, Jupiter debout à gauche, tenant un foudre de la main droite et un sceptre de la main gauche.

Cette monnaie a subi un "flip-flap" lors de la frappe. En effet, le flan s'est retourné, sans doute est il resté solidaire du coin mobile avant de retomber sur la zone de frappe, recevant un deuxième coup de marteau  décalé vers le haut. En conséquence, nous retrouvons Jupiter imprimé sur les deux faces de la monnaie.


dimanche 29 mai 2011

Un buste à gauche de Ticinum pour l'unité de l'armée. (277-278 ap. J.-C.)




Description :
  
Ticinum, 277-début 278 ap. J.-C., 3ème émission, 2ème officine.

Avers : IMP C M AVR PROBVS AVG, (L'empereur César Marc Aurèle Probus auguste). Buste de Probus radié et cuirassé à gauche vu de 3/4 avant, un pan du paludamentum sur l'épaule droite.  (Buste Bastien : B1).

Revers : CONCORD AVG // SXXT, (La concorde de l'Auguste). Fides (la fidélité des armées) debout à gauche entre deux enseignes militaires face à Sol, nu debout à droite, tenant un globe de la main gauche et levant la main droite.

Poids : 4,61 g - Diamètre : 22 mm - Axe: 6h00 - Références : RIC n° 323


Commentaires :

L'atelier de Ticinum frappe cette troisième émission pour pallier la demande en numéraire qu'induit le paiement de la solde des légionnaires. En effet, l'armée romaine sous le commandement de Probus, s'engage dans une guerre à la frontière Rhéno-Danubienne tentant de repousser définitivement les Alamans et les Juthunges au-delà des limes de l'empire. Cette abondante émission emploie une grande variété de bustes impériaux dits "exceptionnels" représentant l'empereur dans son habit militaire, général en chef des armées. Ce buste à gauche (Buste Bastien : B1), simplement radié et cuirassé nous laisse voir un pan du paludamentum sur l'épaule droite et un feston décoré de palmes sur l'épaule gauche.

De la même façon, le revers semble être une allégorie à la nouvelle armée réunifiée. Le personnage de la fidélité militaire, se tenant debout entre les deux enseignes, symbolisent les troupes de Florien et celles de Probus. L'armée se met alors sous la protection de Sol, fidèle compagnon divin de l'Auguste. Le rassemblement cohérent des troupes militaires qui s'affrontaient encore l'année précédente a dû être difficile à réaliser. Par cette typologie de revers, nous comprenons que la cohésion souhaitée par l'empereur est indispensable à la conduite d'une armée forte et efficace. Cet appel à la concorde rappelle avec insistance à tous les membres de l'armée que le combat qu'ils mènent, malgré leurs différences antérieures, nécessite une unité parfaite pour espérer la victoire au combat. Le message clair, destiné à soutenir le courage et l'engagement des combattants, associe l'empereur, habile tacticien,  à la valeureuse cause de la réunification de l'armée mais aussi de l'empire.

 Exemplaire de la 3ème émission, 2ème officine, buste A.
L'article de S. Estiot, "Une campagne germanique de l'empereur Probus : l'atelier de Ticinum en 277-278. Droz, pages 207-247, 2006 ", propose un classement pertinent de cette 3ème émission. Absent du trésor de La Venéra, l'auteur ne relève que 3 exemplaires connus de cette monnaie dans les collections institutionnelles et un seul exemplaire avec un buste  radié, drapé et cuirassé (Buste Bastien : A) de même type de revers, identique à l'exemplaire ci-dessus. Cette typologie particulière associé à cette légende, uniquement frappée par la seconde officine, reprise de la deuxième émission, semble donc relativement rare.


 Détail du buste B1

dimanche 22 mai 2011

La vertu militaire de l'Auguste reprise par PROBUS. (276 ap. J.-C.).




Description :



Lyon, Octobre 276 ap. J.-C., 1ère émission, 4ème officine.

Avers : IMP C M AVR PROBVS AVG. (L'empereur César Marc Aurèle Probus  Auguste). Buste radié et cuirassé de Probus à droite vu de 3/4 en avant avec pan de paludamentum sur l'épaule gauche. (Buste Bastien : B).

Revers : VIRTVS AVGVSTI // IIII. (La virilité de l'Auguste). Mars (ou l'empereur?) debout à droite, tenant une lance transversale de la main droite et un bouclier de la main gauche, le pied gauche repoussant un captif assis, regardant à droite, les mains liées dans le dos.

Poids : 3,83 g -  Diamètre : 21 mm - Axe : 2h00 - Références : RIC n°56 - Bastien : n°155 (13 ex).



Commentaires :

Cette première émission de l'atelier de Lyon avec la titulature IMP C M AVR PROBVS AVG  reprend à l'identique les types monétaires des officines de la troisième émission de Florien, tué en Septembre 276 ap. J.-C. Entre le mois de septembre et le mois d'octobre 276, l'atelier continuera donc à frapper des monnaies à l'effigie et à la titulature de l'empereur défunt. En l'absence d'ordre du nouveau gouvernant quittant tout juste la Syrie, le procurator monetae de Lyon décidera de frapper en continuité les même types monétaires de chaque officine que ceux employés pour Florien. Cette émission, correspondant à une phase d'attente, est très courte, ne durant qu'un mois. L'imago impériale n'étant pas encore parvenue jusqu’à Lyon, le portrait utilisé par les graveurs est très ressemblant à celui de Florien. Par la suite, ce buste cuirassé sera employé tout au long du monnayage Lyonnais de Probus pour les séries courantes. Cette première émission prend fin dès les mois de novembre-décembre de la même année, avec l'arrivée des messages politiques du nouvel empereur utilisés dans la deuxième émission.

Ce revers représente le dieu de la guerre, Mars dans une attitude guerrière et conquérante, écrasant l’ennemi captif avec son pied. Cette image peut se confondre avec celle du nouvel empereur militaire, le doute étant entretenu par la légende VIRTVS AVGVSTI. En premier lieu employée dans le monnayage de Florien et maintenant destinée à Probus, cette iconographie s'adapte parfaitement au message futur que Probus fera passer auprès de la population romaine. Combatif, vaillant et victorieux, l'image de Mars sur ce revers semble annoncer le programme militaire des campagnes de sécurisation des frontières qu'il mènera à travers l'empire.
Cette restauration de la tranquilitas s'effectuera progressivement, s'accompagnant de réformes changeant radicalement le profil de l'armée. Le principe du "soldat-citoyen" romain n'est plus l'unique moyen d’intégrer l'armée romaine. En effet, il ne produit plus qu'un nombre insuffisant de combattants pour mener les multiples batailles sur tous les fronts de l'empire en déliquescence. Dès lors, Probus intégrera dans son armée des hommes forts et valeureux, issus des populations barbares vaincues, faisant de ces "butins de guerre" la nouvelle force de son armée. 


Détail du revers

dimanche 15 mai 2011

Quand le soleil se présente de face à Siscia. (277 ap. J.-C.)





Description :

Siscia, 277 ap. J.-C., 2ème émission, 1ère officine.

Avers : IMP C M AVR PROBVS P F AVG, (L'empereur César Marc Aurèle Probus Pieux et heureux  Auguste). Buste de Probus radié à gauche portant le paludamentum (toga palmata) et tenant un Scipio de la main droite. (Buste Bastien : H2).

Revers : SOLI INVICTO /A// XXI, (Au soleil invaincu). Sol Invictus, la main droite levée, tenant un fouet et un globe de la main gauche, debout sur quadrige vu de face.

Poids : 4,20 g - Diamètre : 22 mm - Axe : 12h00 - Références : RIC n° 776 var 

Commentaires :

En cette année 277 ap. J.-C., Probus fait étape à Siscia avant de se rendre à Rome pour asseoir son autorité et ratifier son titre devant le sénat. Siscia, non loin de Sirmium sa ville natale, l’accueille comme un des siens, organisant une fête somptueuse afin de célébrer conjointement son arrivée et son premier consulat.

Cette monnaie, issue de la 2ème émission de Siscia est non répertoriée au RIC par la position centrale de la lettre d'officine dans le champ du revers (A pour la première officine).
Le buste consulaire est magistral avec une toge richement décorée. Probus tient de la main droite un scipio composé d'un globe surmonté d'un aigle.
Au revers, Sol, divinité majeure protégeant l'empereur est ici représenté de façon magistrale dans un quadrige de face, attestant de la place primordiale qu'il occupe dans le nouveau panthéon romain. Mais contrairement à la typologie du "quadrige éclaté", nous montrant communément Sol ayant la tête tournée vers la gauche, cette monnaie représente la divinité tête de face, révélant ainsi tous les détails de son visage et de la couronne radiée. Cette variante positionnelle se rencontre aussi à l'atelier de Rome. Le bras droit est quant à lui en position horizontale pure, coude tendu, la main ouverte, tandis que la main gauche tient un fouet et un globe, attributs du pouvoir divin pouvant varier selon les émissions comme nous l'avions déjà relevé dans un précédent article pour une monnaie de Serdica. Notons aussi une symétrie parfaite de l'attitude des chevaux du quadrige et l'absence d'une ligne d'exergue au revers. Tous ces détails de gravure contribuent à renforcer l'aspect protecteur de la divinité solaire qui accompagne le nouvel empereur dans sa croisade contre les envahisseurs barbares.


Détail du quadrige de face

dimanche 8 mai 2011

L'envoi d'un message politique de sécurisation du monde romain. (276 ap. J.-C.)





Description:


Lyon, Novembre- Décembre 276 ap. J.-C., 2ème émission, 2ème phase, 1ère officine.

Avers : IMP C M AVR PROBVS AVG. (L'empereur César Marc Aurèle Probus  Auguste). Buste radié et cuirassé de Probus à droite vu de 3/4 en avant avec pan de paludamentum sur l'épaule gauche. (Buste Bastien : B).

Revers : SECVRITAS ORBIS // I. (La sécurité du monde). La sécurité debout à gauche, croisant les jambes, tenant un sceptre long de la main droite et s'appuyant sur une colonne.

Poids : 3,44 g -  Diamètre : 21 mm - Axe : 6h00 - Références : RIC n°49 - Bastien : n°165 (26 ex).


Commentaires :

Cette deuxième émission, plus abondante que la première se divise en deux phases successives. Les monnaies ne présentent qu'une seule titulature de droit (IMP C M AVR PROBVS AVG)  utilisée invariablement au cours des deux premières émissions lyonnaises. Le portrait du nouvel empereur, ressemblant encore fortement à celui de Florien, évolue lentement pour n'être finalement conforme à celui de Probus qu'au cours de la troisième émission, l'imago impériale parvenant aux graveurs lyonnais au début de l'année 277 ap. J.-C. Le buste cuirassé à droite (Buste Bastien : B) utilisé au cours de cette émission montre aussi une évolution de la partie basse de la cuirasse très courte, marquant un changement de l'emploi du type des bustes drapés de Florien (Buste Bastien : A).
La première phase de cette seconde émission correspond à une frappe massive de monnaies sans marque d'officine (Aurei et Auréliani) destinées à un donativum dans la capitale des Gaules en l'absence de l'empereur.
Les monnaies de la deuxième phase témoignent de la créativité de l'atelier, produisant des types de revers innovants. En effet, le revers SECVRITAS ORBIS est frappé par la première officine en même temps que le revers ORIENS AVG reflétant ainsi une grande activité de l'atelier capable de renouveler sa typologie de revers en créant de nouveaux types. Ce revers rompt avec les reprises des types du monnayage de Tacite et Florien lors de la courte première émission.

Ce revers présentant la personnification de la sécurité est un message rassurant envoyé par le nouvel empereur aux citoyens de la Gaule, donnant des indications sur sa politique future. En effet, Probus veut tout mettre en œuvre pour obtenir le retour à une sécurité totale de la population sur le territoire romain et plus particulièrement en Gaule où les Alamans et les Jugunthes pillent et dévastent les récoltes, terrorisant la population, mettant ainsi un frein important au développement de l'économie impériale. Par sa politique militaire soutenue et ambitieuse menée de front aux quatre coins de l'empire, Probus sécurisera les frontières et réussira à réunifier le monde romain pour un temps.


 Détail du revers

dimanche 1 mai 2011

Changements iconographiques et épigraphiques à l'atelier de Rome lors de la deuxième emission. (277 ap. J.-C).







Description :

Rome, Printemps 277 ap. J.-C., 2ème émission, 1ère phase, 1ère officine (?).


Avers : IMP C M AVR PROBVS AVG, (L'Empereur César Marc Aurèle Probus Auguste). Buste radié et cuirassé de Probus à droite vu de 3/4 en avant, tenant une lance et un pan de l'égide sur l'épaule gauche, un gorgonéïon sur le plastron de la cuirasse. (Buste Bastien : F9)

Revers : ROMAE AETERNAE // R, (A la Rome éternelle). Roma assise dans un temple, tenant une victoriola de la main droite et un sceptre de la main gauche.


Poids : 3,94 g - Diamètre : 22 mm - Axe: 6h00 - Référence : RIC n° 191, MPR n°79 (2 exemplaires dans le trésor de La Vénéra)


Commentaires :
 
Cette seconde émission d'auréliani frappée à Rome correspond à l'arrivée de Probus dans l'Urbs et se termine à la fin de cette même année. Probus passe par Rome dans le but d'obtenir la ratification du Sénat  pour son titre d'empereur mais aussi tente de rassurer la population romaine sur sa politique ambitieuse.
  
L'apparition de nouveaux bustes dans cette première phase de la deuxième émission de Rome, comme le buste F9 de cette monnaie, coïncide aussi avec la multiplication des bustes exceptionnels dans le répertoire iconographique des autres ateliers (à l'atelier de Ticinum pour la 3ème émission, et à celui de Lyon pour les 4ème et 5ème émissions).  Ces fameux bustes d'effigies, vantant la Virtus militaire de Probus attestent que la propagande impériale se met en place efficacement, dans les différents ateliers au même moment, célébrant de fait le premier consulat de l'empereur. Également, les revers sont tous remplacés par de nouveaux types monétaires et les légendes d'avers se multiplient.

Notons la présence sur ce buste d'une tête de gorgone sur la cuirasse. L'apparition de ce détail de gravure semble de la même valeur que l'égide (dont on distingue un pan sur l'épaule gauche du buste de cette monnaie), emblème du pouvoir universel transmis par Jupiter. Pierre Bastien pense qu'à partir de l'époque de Gallien, le gorgonéïon, attribut d'Apollon est aussi lié au pouvoir de Sol.

Les monnaies émises sans marque d'officine, notées simplement R à l'exergue sont issues de la première phase de cette deuxième émission. Ces monnaies pourraient correspondre à des frappes de célébrations destinées aux distributions lors de cérémonies ou à l'occasion de l'adventus de l'empereur ou bien encore lors d'une célébration du temple de Rome. La deuxième phase se différencie par l'ajout  après le R d'une lettre grecque d'officine ( A, B, Γ, Δ, ε, ζ, et Z).



Détail du buste F9