MARCVS AVRELIVS PROBVS, Empereur Romain de Juin/Juillet 276 ap. J.-C. à Septembre 282 ap. J.-C.


"Tous ceux qui ont parlé de lui ont pris soin d'observer qu'il possédait éminemment dans ses mœurs la probité qu'exprime son nom." Abbé Crevier
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Bienvenue à tous les passionnés de monnaies romaines et à tous les novices en numismatique.
Ce blog est destiné à faire découvrir les monnaies romaines de l'empereur PROBUS et permettra d'en connaitre le monnayage dans son ensemble. Au fil des articles, vous y découvrirez les monnaies de ma collection pour lesquelles les commentaires vous éclaireront sur leur iconographie mais aussi retraceront l'histoire passionnante de cet empereur militaire. La publication de monnaies inédites complètera ce travail.
Bonne lecture à tous.

PROBUS COINS

Welcome to all lovers of Roman coins and all numismatic novices. This Blog will explore Emperor PROBUS's Roman coins and understand its currency. Through articles, you'll find these coins in my collection and their reviews will tell you about their iconography, as well as the fascinating history of this military emperor. The publication of unpublished coins will complete this work. Happy reading.

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CARTE DE SITUATION DES ATELIERS MONETAIRES SOUS PROBUS

CARTE DE SITUATION DES  ATELIERS MONETAIRES  SOUS PROBUS

dimanche 26 septembre 2010

H - Chronologie événementielle des années PROBUS (276 - 282 ap. J.-C.)



Voici un classement chronologique des événements qui se sont déroulés durant le règne de Marcus Aurelius Probus. L'établissement de cette chronologie découle des renseignements que l'on peut extraire des textes historiques. D'autre part, elle est  corrigée grâce à la richesse du matériel que nous offre les nombreuses inscriptions numismatiques des différentes émissions monétaires du règne. Cet index permettra sans doute de retrouver rapidement, suivant l'année de frappe d'une monnaie, les faits historiques du moment et la ville, la région où se trouvait l'empereur. Il aidera ainsi à mieux comprendre comment les nombreux déplacements de Probus et de son armée tout au long de son règne ont été dictés par l'obsession impériale de libérer l'empire des nombreuses menaces barbares. Les cartes donnent une idée des incessants  déplacements de Probus accompagné de son armée, aller-retours sans relâche entre l'Orient et l'Occident dans le but de régler les nombreux conflits politiques et barbares.


(Cliquez sur la carte pour agrandir)

L'année 276 ap. J.-C. : TR P I

Juin-Juillet : Mort de l'empereur Tacite à Tyane.
Juillet : Les prétoriens déclarent Florien, l'actuel préfet du prétoire, empereur de Rome. Son pouvoir s'exerce entre la Cilicie et l'Italie, la Gaule, l'Espagne, les iles de Bretagne et l'Afrique du Nord.
Vers le 20 Août : Probus est proclamé à son tour empereur par ses troupes en Orient. Pour lui, son pouvoir s'applique sur la Syrie, la Phénicie, la Palestine et l'Egypte.
De fin Août à début Septembre : La guerre est déclarée entre Florien et Probus. Mais Florien meurt, assassiné par sa propre armée en Cilicie  dans la ville de Tarse (5/09/276). 
Septembre : Probus quitte la Syrie avec ses troupes stationnées en Orient dans le but d'aller ratifier sa nomination  impériale par le Sénat de Rome. Les ateliers de Tripolis et d' Antioche seront fermés car les troupes suivent l'empereur.
De Septembre à Décembre : Probus passe le Bosphore et arrive à Cyzique (Adventus), ville dans laquelle il passera l'hiver.

L'année 277 ap. J.-C. : TR P II COS I

De Janvier à Mars : Probus repart de Cyzique et reprend la route avec son armée en direction de Serdica.
Mars : Arrivée de Probus à Serdica (Adventus) mais il ne restera que peu de temps, laissant des troupes sur place. L'atelier continuera donc de frapper des monnaies pour payer les troupes restées en avant du Bosphore.
Avril : Arrivée de Probus à Siscia (Adventus). La ville l'accueille comme l'enfant du pays mais il repart  rapidement laissant des troupes dans la ville.
Entre Mai et Juillet : Arrivée de Probus à Rome (Adventus) et ratification de son pouvoir par le sénat romain.
Fin 277 : Probus repart de Rome pour affronter les Alamans en Gaule qui ont franchi les limes du Nord. L'empereur passe les Alpes et installe son camp à Lyon (Adventus). Probus divise ses forces en deux contingents. Une partie des troupes part affronter les Alamans vers la Narbonnaise et l'Espagne tandis que Probus commande le reste du contingent et se dirige vers le Nord de la Gaule afin de repousser les Germains au delà du Rhin, en Germanie supérieure jusqu'à Mayence.


(Cliquez sur la carte pour agrandir) 

L'année 278 ap. J.-C. : TR P III COS II

Début 278 :  La Gaule libérée, l'empereur redescend vers le Sud, passe les Alpes et arrive à Ticinum (Adventus + donativum) où il fête ses victoires germaniques et son second consulat.
De Septembre à Novembre : Il repart de Ticinum et arrive en Rhétie ou il combat les Burgondes et les Vandales sur les rives du Lech, près d'Augsbourg. Le problème reglé, Probus descend le Danube et repousse les Sarmates en Illyricum.
Décembre : De là, il s'arrête à Siscia (Adventus), ville proche dans laquelle il passera l'hiver.

L'année 279 ap. J.-C. : TR P IIII COS III

Il passe presque toute l'année 279 à Siscia, travaillant avec son armée à des travaux d'intérêt public. Puis il repart à travers la Thrace pour soumettre les peuples barbares. Probus s'arrête à nouveau à Serdica pour peu de temps et fait fermer l'atelier, enlevant les légions stationnées à proximité.

L'année 280 ap. J.-C. : TR P V

Printemps : Probus passe le Bosphore pour arriver à Cyzique ou il réinstalle une partie de son armée.
Eté-Hiver : L'empereur part combattre les barbares  dans les contrées voisines d'Isaurie et de Pamphylie. 
Il arrive à Antioche où il rouvre l'atelier monétaire. Il se dirige ensuite vers l'Egypte en passant par Tripolis, rouvrant également l'atelier monétaire pour seconder les émissions d'Antioche. Durant la campagne d'Egypte, il combat les Blemmyes et libère les villes de Koptos et Ptolémaïs.
Varhan II, roi Sassanide demande la paix à Probus sans avoir mené le combat.
Les rébellions de Bonosus à Cologne et de Saturninus en Syrie se terminent par l'assassinat des chefs par leurs troupes.


(Cliquez sur la carte pour agrandir)

L'année 281 ap. J.-C. : TR P VI COS IIII

Printemps : Probus prend la route pour Rome en faisant une courte halte dans la ville de Ticinum. Le soulèvement de Proculus à Lyon se termine par son exécution, livré par ses troupes à l'empereur.
Eté  : Arrivée de Probus à Rome. L'empereur est reçu en invincible (Invictus)  et pacificateur de l'empire. Un Grand triomphe est organisé dans l'Urbs (6ème émission).
Automne- Hiver :  Il repart vers l 'Est dans l'idée de vaincre les Sassanides. Probus s'arrête à Siscia pour réunir ses troupes et préparer ses quartiers d' hiver.

L'année 282 ap. J.-C. : TR P VII COS V

Printemps : Probus a dans l'idée d'annexer la Mésopotamie et l'Arménie selon le rêve d'Aurélien. Il part pour l'Orient. Probus, ne supportant pas l'oisiveté de ses légionnaires, occupe ses troupes stationnées à Siscia à divers travaux d'intérêts publics et agricoles.
Eté : L'armée travaille durement à l'assainissement des marécages dans les environs de Sirmium, sa ville natale. 
Septembre ou Octobre : Carus, le préfet du prétoire à Rome, est annoncé en usurpateur dans la province Norique. Assassinat de Probus par un soulèvement des troupes. L'armée impériale se rallie à Carus.

On s'aperçoit en lisant la chronologie du règne de Probus que le rôle d'un empereur au IIIème siècle ne consistait pas à attendre dans les fastes de son palais  romain que l'on appliquât sa politique. Il était un vrai militaire, chef des armées, sans cesse amené à parcourir de long en large le territoire impérial pour repousser les attaques des peuples voisins. La paix et la sécurité de l'empire reposaient seulement sur lui et sur le succès de ses campagnes militaires.


PERTETVO  IMP  C PROBO INVIC AVG

samedi 25 septembre 2010

Absence du bouclier barbare sur un aurélianus de la première officine de Serdica. (280 ap. J.-C.)





Description :

Serdica, 280 ap. J.-C., 4ème émission, 1ère officine.

Avers : IMP C M AVR PROBVS AVG, (L'empereur César Marc Aurèle Probus Auguste). Buste de Probus à gauche avec cuirasse, casque radié, haste sur l'épaule droite et bouclier sur l'épaule gauche. (Buste Bastien : E1)

Revers : VIRTVS PROBI AVG // KA•A•, (Le courage de Probus auguste). L'empereur à cheval à droite, portant un bouclier de la main gauche et une haste de la main droite, terrassant un ennemi.

Poids : 3,63 g - Diamètre : 22 mm - Axe : 6h00 - Référence : RIC n°878 var.


Commentaires :

Après la mort de Florien, Probus arrive à Serdica en 277 ap. J.-C. date à laquelle la ville lui réserve un accueil exceptionnel. L'atelier frappera des monnaies d'adventus lors de cette même émission. Par la suite, l'atelier marquera une pause, comme l'atelier de Cyzique, correspondant au départ des troupes militaires stationnées dans la région. Il reprendra son activité en 280 ap. J.-C pour émettre une cinquième et dernière émission.

L'iconographie de revers de ces monnaies célébrant l'arrivée de l'empereur dans la ville est souvent de nature à encenser les qualités militaires du prince. Cette scène nous montrant les ardeurs au combat de l'empereur est un classique de l'iconographie guerrière du monnayage de Probus. Il s'agit d'une illustration des qualités militaires de ce général, renforcées  par la légende VIRTVS PROBI AVG. Ce type fut frappé simultanément dans les quatre officines de l'atelier notées A, B, Γ et Δ à l'exergue avec ou sans point de séparation. Cette légende fut employée avec deux scènes différentes durant cette quatrième émission : une  scène présente Probus galopant à droite, terrassant de sa haste un barbare et une autre image d'adventus montre Probus arrivant sur un cheval au pas à gauche, la main droite levée, portant un sceptre long de la main gauche, un captif, main liées dans le dos est assis devant le cheval.

Si l'on étudie les différentes monnaies issues de la première officine, on note qu'il existe une petite variante sur certains auréliani qui passe souvent inaperçue. En effet, le bouclier du barbare terrassé, se trouvant normalement sous le cheval de Probus dans l'iconographie classique, est absent sur la monnaie présentée. La première officine semble être d'ailleurs la seule officine à commettre cet oubli. Cette variante est sûrement la conséquence d'un oubli d'un scalptor lors de la gravure du coin, donnant de fait naissance à une monnaie différente du type initial. Cette omission dans l'iconographie officielle aura échappé à la vigilance du procurator monetae de Serdica, dont le rôle était de vérifier la qualité de la frappe monétaire issues de l'atelier.


Comparaison du revers avec absence du bouclier barbare sous le cheval de l'empereur pour la 1ère officine et présence du bouclier sur celui de la 4ème officine.

samedi 18 septembre 2010

Les légendes fautives et éronnées de l'atelier de Lyon émises sous PROBUS.


 
COMITI PORBI AVG (Bastien n°316) et ORIES AVG (Bastien n°164c)

 L'étude des différentes émissions d'auréliani de Probus permet de mettre en lumière certaines monnaies présentant des erreurs de légendes flagrantes commises par les ouvriers gravant l'épigraphie sur les coins monétaires (signatores). A. Missong  relevait déjà en 1877 dans son ouvrage "Stempelfehler und Correcturen..., p303 à 322" quelques trente-deux sortes de légendes fautives uniquement pour le règne de Probus. Pour cet empereur, l'atelier de Lyon est celui qui détient le nombre le plus important de  monnaies à légendes fautives. Ces erreurs, apparaissant à partir du règne de Tacite, sont aussi fréquentes sous celui de Probus mais étonnamment  moins nombreuses sous celui de Carus et ses fils et Dioclétien.  Cette différence tient surement à une plus grande surveillance de la part du Procurator monetae de la qualité du travail de gravure des signatores de l'atelier de Lyon. La correction effective des erreurs est le résultat de sa vigilance sur la gravure des coins qui servaient à la frappe.
Ces légendes fautives comportent soit des fautes d'orthographe ou bien des légendes erronées. Elles sont moins fréquentes pour les titulatures de droit que pour les légendes de revers. En voici le répertoire classées par catégories d'erreurs :

1) Erreur par omission d'une lettre :
Il s'agit la de l'oubli du poinçonnage d'une lettre dans la légende. Pierre Bastien signale une monnaie avec une titulature fautive IMP C M AR PROBVS AVG  présente dans la collection A. Missong au musée de Vienne (n°52.129) pour laquelle le V de AVR a été oublié.
Pour les revers, il existe un aurelianus avec la légende PROVIDENTI AVG  (Bastien n°170) à la place de PROVIDENTIA AVG et un autre avec la légende TEMPR FELICI (Bastien n°270b) pour TEMPOR FELICI ainsi qu'une monnaie légendée ORIES AVG (Bastien n°164c et 164e) pour  ORIENS AVG. Cette dernière erreur fut d'ailleurs commise sur plusieurs coins successifs et les stigmates des tentatives de correction de la gravure sont encore visibles sur plusieurs monnaies frappées avec ces  coins  modifiés :  sur une monnaie on constate un poinçonnage postérieur à la première gravure de coin pour ajouter un N dans l'espace, trop petit,  situé entre le E et le S (Bastien n°164g). Sur un autre coin, on a effacé le E trop près du S pour laisser un espace correct au N (Bastien n°164f), un nouveau E ayant été poinçonné par la suite dans la zone  libre en avant du nouveau N.

2) Erreur par ajout d'une lettre : 
Dans ce cas, il s'agit d'une lettre ajoutée à la légende sans raison ni signification, prouvant bien que les ouvriers de l'atelier lyonnais ne maitrisaient pas tous parfaitement le latin. On note un revers PAX S AVG (Bastien n° 396d) au lieu de PAX AVG, un revers TEMIPOR FELICIT (Bastien n°397a) à la place de TEMPOR FELICIT.

3) Erreur par inversion d'une lettre :
 Il s'agit ici d'une erreur d'inversion de l'ordre des lettres dans un mot. Nous rencontrons la légende COMITI PORBI AVG (RIC n°69, Bastien n°316) au lieu de COMITI PROBI AVG le R de PROBI étant placé après le O. Il semble que cette erreur d'inversion résulte d'une inattention ayant échappée à la vigilance du Procurateur.

4) Erreur par changement d'une lettre :
Le signator grave une lettre différente de celle prévue. On trouve la légende ORIVS AVG ( Bastien n°164d) pour laquelle on note la transformation du E en V et l'omission du N. Mais aussi avec la légende COMITI PRIBI AVG  le O de Probi se transforme en I (cf. photo).  La légende PIATAS AVG  (Missong n°52.411, Bastien n°409) se trouve pour PIETAS AVG (Bastien n°357 à 359) ou PIAETAS AVG. Cette dernière légende est d'ailleurs incorrecte mais on la retrouve fréquemment utilisée lors de la huitième et neuvième émission, fin 281 à Aout 280 ap. J.-C. (Bastien n°354 à 356, 409 à 411, 417 et 418).


COMITI PRIBI AVG

5) Erreur par combinaisons de légendes : 
Les signatores ont utilisé deux légendes du monnayage pour en faire une nouvelle en mélangeant les mots. FIDES VICTOR (Bastien n°289, 290a, 290b) mélange de deux légendes FIDES MILITVM et MARS VICTOR et TEMITI PROBI AVG (Bastien n°397d), mélange de TEMPOR FELICIT et COMITI PROBI AVG. Cette dernière erreur qui se rencontre lors de la neuvieme émission est fautive dès la quatrième lettre, le signator se remémorant la légende COMITI PROBI AVG, légende pourtant abandonnée depuis plus d'un an lors de la septième émission de l'été 281 ap. J.-C.


FIDES VICTOR (Bastien n°289) et TEMPR FELICI (Bastien n°270b)

Ces légendes fautives pourraient être un témoignage supplémentaire en faveur de la migration des graveurs (scalptores et signatores) de l'atelier Gaulois de Cologne fermé en 272 ap. J.-C., dont le personnel fut transféré à Trèves provisoirement et employé finalement à l'atelier de Lyon (réouvert par Aurélien en mai 274 ap. J-C.) En effet, on note beaucoup de légendes fautives pour les monnaies des empereurs gaulois (Victorin, Tétricus I et II) issues de ces ateliers. Ces erreurs de légendes des signatores pour Tacite et Probus, semblant se corriger à partir du règne de Carus et ses fils, sont en continuité avec le précédent monnayage des ateliers gaulois, plaidant de fait en faveur de la théorie du réemploi des graveurs dans l'atelier de Lyon.


dimanche 12 septembre 2010

La concorde de l'armée, l'atout majeur de la puissance de PROBUS (280 ap. J.-C.)





Description :

Siscia, 280 ap J.-C., 7ème émission, 3ème officine.

Avers : IMP C M AVR PROBVS P F AVG, (L'empereur César Marc Aurèle Probus  pieux et heureux Auguste). Buste consulaire de Probus radié à gauche, vêtu de la toga picta, portant un sceptre  surmonté d'un aigle (scipio) de la main droite.  (Buste Bastien : H2).

Revers : CONCORD MILIT  / T // XXI, (la concorde des soldats). L'empereur debout regardant à droite serrant la main de la concorde. La lettre T dans le champ atteste que cette frappe est issue de la 3ème officine.
Pour cette émission, les six officines se différencient par des lettres et des chiffres romains (P, S, T, Q, V, VI) suivis de la marque XXI à l'exergue.

Poids : 3,79 gr - Diamètre : 22 mm - Axe : 6h00 - Références : RIC n°650

 
Commentaires :

Probus semble invincible depuis sa prise de pouvoir, accumulant les victoires les unes après les autres. Le général victorieux, ayant libéré l'Isaurie et la Pamphylie, va par la suite en Égypte et gagne contre les Blemmyes au cours de cette année 280 ap. J.-C. Il est vrai qu'il n'était plus guère possible à cette époque de résister à son armée, constamment victorieuse depuis plus de cinq années et qui avait acquis de fait une foi inébranlable dans sa force, la rendant encore plus offensive au combat.
Probus est alors un homme heureux en cette année 280 ap. J.-C. La providence semble lui accorder la faveur d'assister au triomphe de ses œuvres. Il peut ainsi constater que l'Empire est redevenu grand et prospère grâce à ses actes politiques et militaires. Toutes les populations enfin libres acclament en sa personne le bienfaiteur du monde romain, le libérateur invincible de l'empire.
Ces victoires lui valent un tel prestige au sein de l'Empire que même le roi Sassanide Varhan II, préfère lui offrir la paix sans mener la moindre bataille. Quelques débuts de rébellions  militaires seront traitées de la même façon. Il décide d'aller s'occuper de Saturninus en Syrie, usurpateur déclaré au cours de la même l'année. Selon l'Histoire Auguste, la perspective d'affronter l'armée de Probus décidera aussi les troupes du tyran à éliminer leur chef avant de mener un combat qui semblait perdu d'avance.
Cette époque bénie où tout le monde romain jouit d'une tranquillité parfaite, où l'ordre et l'abondance règnent partout, où les frontières sont libres et sécurisées, où les révoltes militaires sont étouffées dans l'œuf et les barbares rendus impuissants pour de longues années est l'œuvre de Probus et de sa puissante armée. Elle traduit l'expression de sa ténacité, de son génie militaire et politique pour lequel le peuple l'acclame désormais et le portera en triomphe au cours de l'année suivante à Rome.

Cette monnaie de la septième émission datée de 280 ap. J.-C. est frappée une fois la paix rétablie en Égypte et sans doute après la mort de l'usurpateur Saturninus, tué par ses propres troupes en Syrie. Les troupes dissidentes se rallieront à Probus dans la concorde militaire évoquée sur cette monnaie. L'armée, conquérante et stable, s'enrichissant sans cesse de nouvelles troupes ralliées, exprime la puissance romaine retrouvée de l'époque. Ce revers présentant la concorde des armées se réfère sûrement à ce ralliement des armées dissidentes  et  celui des peuples vaincus à l'état romain. L'allégorie romaine de la concorde symbolise le maintien dans l'obéissance des peuples vaincus et la cohérence de l'armée derrière son empereur.

L'empereur décide alors de reprendre la route pour triompher à Rome, la ville éternelle pour laquelle il a su faire respecter sa puissance sur tout le territoire.
 

Détail du revers

mercredi 8 septembre 2010

La santé de PROBUS à Lyon, quelques mois avant son assassinat. (282 ap. J.-C)





Description :

Lyon, Janvier-Août 282 ap. J.-C., 9ème émission, 2ème officine.

Avers : IMP C PROBVSPF
AVG,  (l'Empereur César Probus Pieux et Heureux Auguste). Buste de Probus radié et cuirassé à droite. ( Buste Bastien :B)

Revers : SALVS AVG  /- / B // --,  ( la santé de l'Auguste). Salus debout à gauche, tenant un sceptre long de la main gauche et une patère de la main droite nourrissant un serpent à ses pieds enroulé autour d'un autel.

Poids : 4,18 g - Diamètre: 22 mm - Axe : 7h00 - Référence : RIC/ n°124  - Bastien : 394.


Commentaires : 

Probus arrive à Rome en été 281 ap. J.-C afin de fêter son triomphe dans la capitale après ses victoires sur les peuples barbares qui rongeaient l'empire de toutes parts. La fête sera grandiose et le peuple reconnaissant le qualifiera d'invictus suite à ces nombreuses guerres dont il sortit indemne et victorieux. Ce triomphe sera l'avant dernier célébré dans les murs de Rome, celui de Dioclétien le sera vingt ans après. Le général séjournera quelques mois de plus dans l'Urbs afin de régler quelques histoires administratives suite à ces changements politiques. Puis il repartira pour Siscia au début de l'année 282 ap. J.-C. afin d'y concentrer ses troupes et vaincre les Parthes (Sassanides), comme Aurélien le voulait en son temps. Ennemi de l'oisiveté militaire en temps de paix, il occupe donc son armée, en attendant le reste de l'effectif militaire, à assainir les marécages de Sirmium, sa ville natale. Mais sous un soleil de plomb, les esprits s'échauffent et lors d'une forte rébellion, les soldats assassinent Probus en Octobre 282 ap. J.-C.

L'atelier de Lyon, capitale des Gaules, connaît deux grandes périodes d'activité : la première durant le Haut-Empire, s'étale entre le règne d'Auguste et  de Clodius Albinus et la deuxième période commence avec Aurélien qui rouvre l'atelier en 274 ap. J.-C. et restera ouvert jusqu'en 413 ap. J.-C.
Cet atelier, travaillant dans quatre officines, compte neuf émissions frappées entre le mois d'Octobre 276 et  le mois d'Août 282 ap. J.-C. Cette monnaie de l'année 282 ap. J.-C., issue de la neuvième émission, signe l'abandon du système de marquage des officines par les chiffres romains à l'exergue (I, II, III, IIII). Seule cette dernière émission (neuvième)  adopte un système alphabétique romain A, B, C et D, placé dans le champ de la monnaie. Ce marquage continuera sur les émissions de Carus, Carin et Numérien.

Cette monnaie, souhaitant une bonne santé à l'empereur, crée un paradoxe car elle fut émise seulement quelques mois avant la mort tragique de Probus.
Salus appartient au groupe des idées abstraites qui sont devenues des objets de vénération romaine parce qu'elles sont personnifiées. Au sens ancien du mot, Salus n'a pas de rapport direct avec la santé des individus, mais une signification plus politique et sociale, procurant le bien-être de l'état en paix et en guerre. De fait, Salus n'est  qu'un aspect de Fortuna limitée aux circonstances critiques de la vie. Son temple était installé sur la colline du Quirinal. Mais elle fut assimilée par la suite à Hygieia, divinité issue de la religion d'Esculape, importée d'Epidaure en 293 av  J.-C.  Dès lors, la notion de bien-être public (Salus publica) fut mise en retrait au profit de la santé personnelle de l'individu. Les empereurs romains se serviront indifféremment des deux aspects de la divinité pour illustrer la santé publique ou leur santé personnelle sur les monnaies, représentant le plus souvent Salus sous les traits d'Hygieia identifiable avec l'attribut du serpent.


Détail de Salus au revers