MARCVS AVRELIVS PROBVS, Empereur Romain de Juin/Juillet 276 ap. J.-C. à Septembre 282 ap. J.-C.


"Tous ceux qui ont parlé de lui ont pris soin d'observer qu'il possédait éminemment dans ses mœurs la probité qu'exprime son nom." Abbé Crevier
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Bienvenue à tous les passionnés de monnaies romaines et à tous les novices en numismatique.
Ce blog est destiné à faire découvrir les monnaies romaines de l'empereur PROBUS et permettra d'en connaitre le monnayage dans son ensemble. Au fil des articles, vous y découvrirez les monnaies de ma collection pour lesquelles les commentaires vous éclaireront sur leur iconographie mais aussi retraceront l'histoire passionnante de cet empereur militaire. La publication de monnaies inédites complètera ce travail.
Bonne lecture à tous.

PROBUS COINS

Welcome to all lovers of Roman coins and all numismatic novices. This Blog will explore Emperor PROBUS's Roman coins and understand its currency. Through articles, you'll find these coins in my collection and their reviews will tell you about their iconography, as well as the fascinating history of this military emperor. The publication of unpublished coins will complete this work. Happy reading.

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CARTE DE SITUATION DES ATELIERS MONETAIRES SOUS PROBUS

CARTE DE SITUATION DES  ATELIERS MONETAIRES  SOUS PROBUS

dimanche 20 février 2011

L'émission d'appoint destinée à la solde de la campagne d'Egypte de PROBUS. (280 ap. J.-C.)




Description :


Tripolis, 280 ap. J.-C., 2ème émission, 1ère officine.

Avers : IMP C M AVR PROBVS AVG, (L'empereur César Marc Aurèle Probus Auguste). Buste de Probus radié, drapé et cuirassé à droite, vu de 3/4 arrière. (Buste Bastien : A2)

Revers : CLEMENTIA TEMP.// *// XXI, (La clémence des temps). Probus et Jupiter debouts face à face, l'empereur à gauche en habit militaire, tenant un sceptre court (scipio) et recevant un globe de Jupiter nu à droite, tenant un sceptre long, le manteau sur l'épaule.

Poids: 4,08 g - Diamètre: 22 mm - Axe : 12h00 - Références : RIC n°927.


Commentaires :

L'atelier de Tripolis fermé depuis 276 ap. J.-C. reprend de l'activité trois ans plus tard lorsque Probus passe par la ville dans l'intention de combattre les Blemmyes qui sévissent dans la région. Probus regroupe son armée d'élite pour mettre fin aux troubles engendrés par ce peuple barbare qu'il connaît bien. En effet, les Blemmyes, arabes nomades, sont sans doute des anciens sujets de Firmus, chef  militaire qu'il combattit sous Aurélien. Lorsqu'Aurélien prit le pouvoir, il confia le commandement des troupes d'Orient à Probus. Quand Zénobie fut battue et Palmyre détruite, Firmus se retira avec une partie de ses troupes à Alexandrie, pensant constituer une résistance et attirer à lui des partisans. C'est à Probus qu'Aurélien confia le soin d'anéantir cette révolte. Probus tua Firmus mais ne semble pas avoir terminé la pacification complète du territoire, laissant des hommes de Firmus libres en Egypte.
Depuis sept années, ces hommes étaient donc maîtres d'une certaine partie du territoire, ayant la mainmise sur plusieurs villes importantes. Mais les Blemmyes causaient des troubles dans la région, paralysant le commerce intérieur, pillant les richesses et installant un climat d'insécurité nocif à la prospérité des échanges. Or Rome tirait  majoritairement de l'Égypte son approvisionnement alimentaire car la production agricole de la Campanie était pour ainsi dire réduite à néant. De fait, il était temps de mettre fin aux troubles causés par ces Blemmyes dont le retentissement local se répercutait gravement sur l'approvisionnement central de Rome. L'armée constamment victorieuse de Probus eut raison sans difficulté de cette résistance, reprenant les villes de Coptos et de Ptolémaïs, repoussant le reste des troupes barbares jusqu'au désert d'Arabie. Probus fit quelques prisonniers, les gardant pour les exposer devant son char lors de son triomphe futur à Rome.
La paix ainsi rétablie, il employa ses troupes pour reconstruire des ponts sur le Nil et restaurer les voies navigables afin de faire repartir l'agriculture et les échanges commerciaux  au plus vite pour que Rome profite  des abondantes moissons du sol Egyptien.

Cette émission est destinée à seconder l'émission de l'atelier d'Antioche, produite pour fournir le numéraire nécessaire à la solde des troupes militaires concentrées dans la région. En effet, les ateliers orientaux alimenteront l'armée sur place, afin d'éviter des transports hasardeux de valeurs. Tripolis frappera pendant toute la campagne d'Égypte mais le monnayage de l'atelier n'est pas très abondant. L'étoile symbole solaire, le croissant symbole lunaire (remplacé par une couronne pour la deuxième émission) et le T notant la "Tertia officina" (*, croissant, T) représentent les trois officines de l'atelier qui ne compte que deux émissions en 276 et en 280. Les lettres d'exergue KA notant la réforme monétaire de l'aurélianus sont remplacées pour cette deuxième émission par les lettres latines XXI. Le traitement du portrait par les graveurs de Tripolis est rude. Le menton est souvent fuyant et l'arcade sourcilière proéminente donnant à ces portraits un  aspect très caractéristique pour l'atelier. 
Les ateliers d'Antioche et de Tripolis produisent le type de revers CLEMENTIA TEMP, dernier revers  frappé par Tacite dans les deux ateliers orientaux. Le point, présent sur cette monnaie à la fin de la légende, marque sans doute une deuxième phase dans cette deuxième émission et pourrait correspondre au retour victorieux des troupes dans la région à la fin de l'année 280 ap. J.-C. L'iconographie du revers rappelle que Jupiter donne sa puissance, sa protection et sa confiance à Probus.


Détail du revers

dimanche 13 février 2011

La couronne radiée : symbole solaire et marque de valeur.



La couronne radiée, qui coiffe la tête des bustes de Probus sur les auréliani est l'attribut permanent dont la signification évolua au fil du temps et des réformes monétaires successives sous l'empire romain. Voici l'histoire de cette corona radiata pleine de signification et de symboles :

Représentation de la couronne radiée sur les bustes monétaires :

La représentation monétaire de la couronne radiée nous montre une couronne composée d'un support sur lequel sont fixés des rayons triangulaires, de longueurs différentes. Cette coiffe se termine en arrière par un nœud et deux rubans. Emblématique de Sol, elle a pour origine les représentations d'Helios (en Grèce) issues de la période grecque classique et des interprétations multiples que l'on trouve sur les monnaies de la période hellénistique, comme par exemple sur celles de Rhodes. Par la suite le monnayage romain de la période Républicaine s'inspirera de ces monnaies pour représenter Sol. Il est à noter que la couronne radiée des représentations du dieu solaire ne comporte pas de nœud, ni de rubans derrière la tête comme celles que l'on trouve sur les bustes impériaux. Représentative de l'éternité sur les bustes des empereurs morts et divinisés ou symbole du pouvoir de Sol sur les empereurs vivants, la couronne radiée des empereurs romains s'inspire de la couronne des diadoques, habile combinaison d'un bandeau, attribut du pouvoir royal avec un ajout de rayons lui donnant un caractère divin.
Posée sur les casques militaires à partir du règne de Gallien, la couronne radiée semble souvent trop grande pour laisser une place convenable aux scalptores  pour qu'ils puissent graver les rubans de la couronne distinctement de la queue du cimier.

Denier de la République romaine : CLAUDIA (42 av. J.-C.) et As de Tibère représentant auguste divinisé (34-37 ap. J.-C.) RIC n°83.

Histoire et évolution du rôle de la couronne radiée au fil des réformes monétaires :

L'influence de Sol sur les empereurs se manifeste donc assez tôt à Rome : César reçoit le droit de porter la couronne radiée pour le théâtre tandis qu'Auguste ne la portera jamais dans son monnayage. Elle reparaît pourtant sous le règne de Tibère (15 ap. J.-C.) en l'honneur d'Auguste divinisé (Divus Augustus) sur les bustes des as et des dupondii . Dès lors, la couronne radiée parfois associée au foudre et à une étoile devient le symbole de l'éternité pour les empereurs morts et divinisés.
Caligula sera le premier empereur vivant à être représenté avec la corona radiata.
Lors de la réforme monétaire de Néron (64 ap. J.-C.) coïncidant avec le decenium de son règne et le cinquantième anniversaire de la déification d'Auguste, les bustes radiés vont se généraliser dans le monnayage romain. Il est à noter que l'égide apparaît en même temps, associée ou non avec la couronne radiée. Cette réforme monétaire d'ordre métrologique donne aussi l'occasion à Néron d'affirmer la nature divine de sa personne sur les monnaies. Modifiant sa coiffure pour rappeler celle d'Alexandre le Grand, il ajoute la couronne radiée du dieu solaire et l'égide de Jupiter, transférant ainsi les pouvoirs divins à l'empereur.
La réforme monétaire de Caracalla innove avec la création de l'antoninien, donnant à ce symbole solaire le rôle d'une marque de valeur (correspondant à deux deniers) sans exception, contrairement aux dupondii et aux as des règnes précédents. De même, la couronne radiée de certaines monnaies d'or de Caracalla marque aussi la valeur de deux aurei (binios) que l'on continuera à émettre sous divers règnes jusqu'à Constantin Ier. La couronne radiée sur les bustes monétaires de cette époque est employée abondamment dans le monnayage et témoigne du développement et de la place prépondérante qu'occupe le culte solaire dans la religion d'état sous le règne des Sévères. On trouve un croissant lunaire sous les bustes des impératrices en parallèle des rayons solaires sur la tête des empereurs.
La réforme monétaire de Trajan Dèce utilise la couronne radiée pour différencier les doubles sesterces de bronze, le poids du module correspondant  à deux sesterces. Mais cette monnaie sera reprise par Postume sans pour autant  respecter  le poids officiel, conséquence de nombreuses imitations, aboutissant à l'abandon des émissions de monnaies officielles en bronze.
La réforme monétaire d'Aurélien, reprend pour l'aurélianus la couronne radiée des bustes de l'antoninien de Caracalla. Le taux d'argent est alors fixe à 5 % et le culte de Sol,  repris par Aurélien à son retour triomphal d'Antioche, connaît un nouvel essor, érigeant à Rome un temple à Sol Invictus. Probus continuera à développer le culte solaire durant son règne au cours duquel le soleil occupera le rang suprême dans la hiérarchie divine. Au début du règne de Carus, certains auréliani destinés à un donativum présentent des bustes à double couronne radiée, composée d'une couronne inférieure à rayons courts et d'une autre couronne supérieure à rayons dépassant la chevelure. Ces auréliani ont un taux d'argent doublé par rapport aux autres.

Couronne radiée avec et sans casque

Empruntée à la divinité dominante de la religion romaine, la couronne radiée devient l'attribut impérial récurent des empereurs du IIIème siècle. En siégeant sur la tête impériale, elle lui confère le pouvoir et la protection divine tout au long de son règne.

lundi 7 février 2011

Un globe nicéphore dans la main droite de PROBUS. (278 ap. J.-C)





Description:


Lyon, fin 277 - début 278 ap. J.-C. 5ème émission, 1ère officine.

Avers : IMP C M AVR PROBVS AVG. (L'empereur César Marc Aurèle Probus  auguste). Buste consulaire radié de Probus à gauche, avec un globe nicéphore dans la main droite. (Buste Bastien : H6).

Revers : TEMPOR FELICI  //  I. (La félicité des temps). Félicitas drapée, debout à droite, tenant un long caducée de la main droite et une corne d'abondance de la main gauche.

Poids : 3,39 g -  Diamètre : 22 mm - Axe : 6h00 - Références : RIC n°103 - Bastien : n°208 (4 exemplaires).

Commentaires :

La cinquième émission de l'atelier de Lyon comporte une grande majorité de bustes dits "exceptionnels" en comparaison avec les autres émissions. Le buste H6 de cette monnaie, relativement peu utilisé pour la cinquième émission, correspond à la prise du deuxième consulat de Probus, le 1er Janvier 278 ap. J.-C. Vêtu du manteau consulaire (la toga palmata étant traitée ici de façon plus fine que les autres représentations consulaires plus classiques) Probus fait face à cette statue de victoriola marchant vers lui sur un globe, brandissant une couronne de laurier, semblant l'honorer pour ses récentes victoires germaniques en Gaule.

C'est au IIIème siècle que l'on voit se multiplier les représentations de bustes avec des globes nicéphores dans les mains des empereurs. La première représentation monétaire impériale tenant cet attribut est un buste de Pupien sur un médaillon de bronze. Ce globe nicéphore est la réplique d'une statuette en or, offerte par le sénat aux nouveaux princes, justifiant ainsi son pouvoir universel, le globe étant une symbolisation de la sphère céleste. Ce buste rare (seulement quatre exemplaires répertoriés par P. Bastien dans les grandes collections) exprime la sérénité de l'empereur, chef militaire efficace aspirant comme les citoyens romains à la félicité des temps qui s'exprime sur le revers de cette monnaie. En anéantissant les agressions barbares que subit l'empire, il honore et personnalise de fait l'espoir du peuple rêvant au retour de la pax romana.
 
 
 Détail du buste