MARCVS AVRELIVS PROBVS, Empereur Romain de Juin/Juillet 276 ap. J.-C. à Septembre 282 ap. J.-C.


"Tous ceux qui ont parlé de lui ont pris soin d'observer qu'il possédait éminemment dans ses mœurs la probité qu'exprime son nom." Abbé Crevier
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Bienvenue

Bienvenue à tous les passionnés de monnaies romaines et à tous les novices en numismatique.
Ce blog est destiné à faire découvrir les monnaies romaines de l'empereur PROBUS et permettra d'en connaitre le monnayage dans son ensemble. Au fil des articles, vous y découvrirez les monnaies de ma collection pour lesquelles les commentaires vous éclaireront sur leur iconographie mais aussi retraceront l'histoire passionnante de cet empereur militaire. La publication de monnaies inédites complètera ce travail.
Bonne lecture à tous.

PROBUS COINS

Welcome to all lovers of Roman coins and all numismatic novices. This Blog will explore Emperor PROBUS's Roman coins and understand its currency. Through articles, you'll find these coins in my collection and their reviews will tell you about their iconography, as well as the fascinating history of this military emperor. The publication of unpublished coins will complete this work. Happy reading.

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CARTE DE SITUATION DES ATELIERS MONETAIRES SOUS PROBUS

CARTE DE SITUATION DES  ATELIERS MONETAIRES  SOUS PROBUS

lundi 31 mai 2010

Trésors et circulation monétaire des Auréliani de Probus

 
Dépôt monétaire de 172 monnaies de Probus.


Les trésors :

Les trésors enfouis dans le premier quart du IIIème siècle nous permettent de proposer un calendrier et des axes de circulation pour les auréliani de Probus à travers les nombreuses provinces de l'empire romain. Ces trésors conservés dans les musées ainsi que l'étude des catalogues de trouvailles, lorsqu'ils sont assez précis pour attribuer les ateliers monétaires aux auréliani, nous donnent des informations interessantes sur la diffusion et la pénétration du numéraire sur les différents territoires.
Les trésors choisis (33 en tout) se répartissent selon trois périodes historiques d'enfouissement : d'abord sous le règne de Probus (276-282 ap. J.C.), puis sous le règne de Carus et ses fils (282-285 ap. J.C.) et enfin sous la Tétrarchie de Dioclétien (286-313 ap. J.C.).


(Cliquez sur la carte pour l'agrandir.)


Il existe suffisamment de trésors enfouis pendant les deux dernières années du règne de Probus pour pouvoir faire l'étude de la circulation monétaire de cette période. On constate que presque tous ces trésors sont trouvés sur le sol Gaulois ou Britannique. C'est à se demander si cela est la conséquence d'évènements historiques qui restent à préciser ou plutôt simplement la politique d'enregistrement des trésors qui varie selon les lois des pays dans lesquels les publications ont été faites. De fait, on s'aperçoit que les trésors retrouvés en Italie ne sont pas tous publiés.

 Voici un tableau présentant les périodes d'enfouissements des trésors étudiés :


Circulation monétaire :

La présence de monnaies de Probus dans les trésors du début du règne retrouvés en Gaule et en Grande Bretagne entre 276 jusqu'à 280 ap. J.C. est exceptionnelle. Ces trésors se composent surtout d'un grand nombre de monnaies de Gallien, de monnaies de consécration de Claude II (officielles et imitations) et de monnaies des empereurs gaulois (Victorin, Tétricus I et II). Les seuls Auréliani de Probus retrouvés à cette période sont presque tous issus de l'atelier de Lyon.
En Gaule comme en Grande Bretagne, la monnaie de Rome et des autres ateliers ne pénètre pas d'emblée sur ces territoires. Ces provinces se contentent de monnaies émises par l'atelier Lyonnais qui augmentera sa production sous le règne de Probus pour subvenir au manque de numéraire. On retrouve parfois quelques rares monnaies de Ticinum dans les trésors gaulois. La présence d'imitations barbares d'auréliani de Probus (avec quelques-unes à l'effigie de Tétricus associée à un revers de Probus copié de l'atelier de Lyon) confirme la pénurie de monnaies officielles sur ces territoires. En effet, ce manque de monnaies officielles engendre la nécessité de produire des faux. Jusqu'à la mort de Probus en 282 ap. J.C., seules les émissions de Lyon circuleront en Gaule. 
Nous n'avons pas d'enregistrement de trésors précoces pour la Pannonie et la Mésie. Mais on peut observer que la monnaie de Rome entre en compétition avec celle émises par Siscia sur ces territoires. En effet, sous le règne de Probus, le numéraire de Rome se diffuse presque exclusivement vers l'Europe de l'Est transporté par voies maritimes en Illyrie.

Pendant le règne de Carus et ses fils (283-284 ap. J.C.), la Belgique et la Gaule ne nous offrent pas assez de trésors pour préciser la diffusion monétaire de la période. On constate toutefois qu'il existe toujours une prépondérance des émissions Lyonnaises dans leurs compositions. L'Italie, quant à elle, présente une circulation de monnaies de Rome et de Siscia. Les trésors des régions non européennes (l'Afrique) sont presque complètement dépourvus de monnaies de Probus et nous indique la non circulation de ces monnaies sur ces territoires.

La trouvaille du trésor de La Venèra enfoui sous la Tétrarchie  nous offre une vision plus claire de la circulation massive des monnaies de Rome en Italie. Le fait que peu d'Auréliani de Lyon se retrouvent dans ce trésor confirme aussi que le monnayage Lyonnais n'a que très peu circulé en Italie et même en dehors des territoires gaulois et britanniques. Pour la Grande Bretagne, l'abondance des monnaies frappées par Carausius et Alectus à cette période empêchent la pénétration des monnaies officielles de Rome. Les monnaies de Lyon se retrouvent encore en grande majorité présentes dans les trésors britanniques de cette période. En Gaule, la monnaie de Rome circulera seulement à partir du règne de Dioclétien . En Italie, la présence massive de monnaies de Ticinum semble indiquer qu'un approvisionnement direct provenait de cet atelier.

L'étude des trésors est indispensable pour donner quelques éléments de réponses sur la circulation monétaire des différents ateliers ayant produit la monnaie de Probus et confirme la difficile pénétration du monnayage de Rome en Gaule et du monnayage Lyonnais en dehors de la Gaule.

samedi 29 mai 2010

La louve allaitant Rémus et Romulus sur un Aurélianus de Probus de Siscia. (277 ap. J.C.)


 
Description :

Siscia, 277 ap. J.C., 4ème émission, 3ème officine.

Avers : IMP C PROBVS P F AVG, (L'empereur César  Probus Pieux et heureux  Auguste). Buste de Probus radié et cuirassé à droite. (Buste Bastien : B)

Revers : ORIGINI AVG  //  XXIT, (A la famille de l'empereur). Louve debout à droite, allaitant Rémus et Romulus.
Poids : 3,15g - Diamètre : 21 mm - Axe: 6h00 - Références : RIC n° 703 


Commentaires :

En cette année 277 ap. J.C., Probus arrive à Siscia. Cette occasion permet à la ville d'offrir à "l'enfant du pays" (Sirmium, sa ville natale n'étant pas très éloignée) une grande fête d'adventus. L'atelier frappe une émission d'or qui illustre avec brio la grandeur des festivités.  La ratification de sa nomination à la tête de l'empire par le Sénat Romain préoccupe l'empereur qui décide alors de se rendre à Rome pour légitimer son titre, abandonnant une partie de ses troupes à Siscia. Les garnisons de l'armée établissent leur camp à Siscia, ce qui explique la continuité d'importantes émissions monétaires même en l'absence de Probus dans la cité. Cette quatrième émission est frappée dans six officines qui se distinguent par leurs marques à l'exergue : P, S, T, Q, V et VI associées à la marque de la réforme d' Aurélien XXI.

Le revers nous offre un type original créé par les artistes graveurs de cet atelier, proposant d'associer l'image de l'empereur avec l'origine illustre de Rome et l'image de ses jumeaux fondateurs. Sans doute, le départ de Probus pour l'Urbs n'est pas étranger à cette iconographie typiquement romaine qui ne fut que très peu employée dans tout le monnayage. Cet empereur militaire chercherait t-il à s'inventer une ascendance glorieuse,  sensée influencer le Sénat romain ?  La légende qui peut se traduire par "A la famille de l'empereur" nous laisse penser que cette association de la titulature et de l'iconographie mythique du revers a trait à sa propre histoire familiale. Cette monnaie n'est pas très fréquente dans les trouvailles des trésors de cette époque.


 Revers présentant la louve allaitant Rémus et Romulus.

dimanche 23 mai 2010

Un aurélianus inédit de la 4ème émission de l'atelier de Ticinum (278 ap. J.C.)





Description :

Ticinum, 278 ap. J.C., 4ème émission, 3ème officine.

Avers : VIRTVS PROBI INVICTI AVG, (le courage de Probus l'invincible Auguste). Buste radié de Probus à gauche en nudité héroïque, vu de trois quart en arrière avec l’égide, une haste pointée en avant (Buste Bastien : F19).

Revers :  CONSERVAT AVG // TXXT, (Le protecteur de l'Auguste). Sol invictus, nu debout à gauche, la chlamyde recouvrant l'épaule gauche, un pan reposant sur le bras, portant un globe de la main gauche, la main droite levée.
Poids : 3,66 g - Diamètre : 22 mm - Axe: 6h00 - Références : RIC n° -- (var RIC n°353) PINK --
Cinq exemplaires connus à Paris (coll Pflaum),  au British Muséum, à Vienne et deux en collections privées. 

Commentaires :

Décidément les émissions de Ticinum n'ont pas fini de nous livrer tout leurs secrets !  En effet, l'énorme  travail accompli par Sylviane Estiot dans son article paru en 2006  "Une campagne germanique de l'empereur Probus : l'atelier de Ticinum en 277-278", reclassant les auréliani de cet atelier pour la troisième émission et présentant une nombre important d'auréliani inédits, corrige les lacunes des écrits précédents.  La quatrième émission n'en est pas moins riche et nous offre aussi quelques innovations épigraphiques et iconographiques interessantes. Les bustes militaires sont plus nombreux que les bustes consulaires. Comme la troisième émission, elle est destinée à alimenter en numéraire les soldats de l'armée de Probus, engagés dans les combats contre les Alamans et les Juthunges à la frontière Rhéno-danubienne, diffusant de fait une propagande impériale et militaire jamais atteinte.

La monnaie présentée est inédite par son buste héroïque. Sa titulature, qui apparaît au droit avec cette quatrième émission, s'inspire des légendes de revers VIRTVS INVICTI AVG de cette troisième officine, présentant l'empereur à cheval, une main levée, conduit par la victoire ou bien encore d'un autre type de monnaie de même légende représentant Probus debout, tenant une victoire et un pugio, le pied sur un captif, couronné par Sol. Ce buste exceptionnel dit en nudité héroïque de l'empereur portant l'égide, inspiré de l'ancienne Grèce, illustre parfaitement l'invincibilité inscrite dans la titulature. Cette représentation de Probus marque l'évolution novatrice des effigies de cette émission pour cet atelier : l'image divinisée de l'empereur invincible (protégé par Jupiter avec l'égide) , rappelle les grandes qualités et les succès militaires de l'empereur.

L'empereur rassure ses troupes en frappant des revers monétaires présentant une iconographie de ces divins compagnons de combat qui protègent son armée lors des guerres engagées. On constate dans ces troisième et quatrième émissions la présence dominante de Sol Invictus, comme sur cette monnaie, protégeant l'armée combattante et donnant de son invincibilité à l'empereur.


Buste Bastien F19 présentant Probus avec l'égide.

mercredi 19 mai 2010

Imitations et fausses monnaies émises à l'époque de Probus (276-282 ap. J.C)



Malgré les mesures prises par Aurélien et ses successeurs, les faux monnayeurs continuèrent à opérer sous le règne de Probus, non seulement dans les provinces de l’ancien empire gaulois, mais aussi au sein de l’Italie car la plupart des copies de monnaies à l’effigie de Probus sont issues de types  empruntés à l’atelier de Rome. 

On distingue trois sortes de fausses monnaies qu’il faut différencier :
On rencontre en premier lieu de véritables « imitations » de monnaies officielles battues avec des coins gravés par les mains des faussaires. Beaucoup de ces imitations viennent du territoire de la Gaule. Elles se reconnaissent facilement par une gravure peu soigné, presque caricaturales et présentent des légendes fautées.  On remarque que leurs types sont recopiés sur les Aureliani issus de l’atelier officiel de Lyon et on en retrouve dans les découvertes jusqu'à Rome.

D’autre part, il existe aussi des monnaies frappées issues de coins obtenues à partir de moulage de monnaies authentiques. Elles ne sont pas faciles à reconnaitre, mais quelques critères  de fabrication nous renseignent sur leurs existences car les faussaires rencontraient de sérieux  problèmes techniques. En effet,  les faux monnayeurs  avaient des difficultés pour obtenir le même alliage  pour la fabrication de leurs flans que celui des monnaies officielles.  La préparation  des flans était aussi une besogne difficile car la difficulté importante était de porter les flans à la bonne température. Le métal des flans n’ayant pas été travaillé de façon adéquate, les monnaies étaient alors fragiles et se fissuraient largement lors de la frappe. Elles présentent un contour souvent irrégulier et les faussaires n’hésitaient pas à limer les tranches. 

Il existe encore une autre sorte de contrefaçon issue de monnaies moulées sur des monnaies authentiques. Les monnaies ne présentant pas les critères  des monnaies décrites ci-dessus sont moulées à partir de l’image d’une monnaie authentique et par la même leurs aspects est souvent satisfaisant. L’axe des coins est le même que la monnaie officielle et l’on retrouve même sur certaines des traces d’argenture. Ce qui amène à penser que les faussaires ne travaillaient  pas loin des officines officielles et il semblerait même que certains faux monnayeurs auraient disposé de coins officiels, au moins pour certains revers. Leurs diffusions et leurs circulations restaient assez locales. 

Si l’on observe les imitations du trésor de La Venera on note 54 monnaies non officielles réparties sur 44 types différents. Parmi ces 54 fausses monnaies il y a 44 exemplaires de monnaies moulées pour 10 exemplaires d’imitations. On note une prédominance des types de la première moitié du règne de Probus (276-280 ap. J.C.), célébrant son premier consulat et une majorité de monnaies présentant  l’étoile à l’exergue. Pour la seconde partie du règne (281-282 ap. J.C.), la surabondance des monnaies émises ont rendu le travail des faussaires inutiles.



 Imitation barbare de la Gaule  (1,34g - 16mm)

dimanche 16 mai 2010

Reconnaitre les faux Auréliani modernes de Probus



Depuis quelques années nous voyons apparaître sur le marché de la numismatique romaine de fausses monnaies venant le plus souvent des pays de l'Est. Les numismates subissent  le revers du succès de leur passion, voyant apparaître sur des sites de ventes aux enchères en ligne des reproductions de monnaies de Probus qui ne sont réellement que de pales copies d'originaux. Je vous propose de vous donner quelques critères d'évaluation permettant de les reconnaître facilement et ainsi d'éviter l'achat de ces fausses monnaies modernes.
 
Ces types de monnaies sont toutes issues d'un même coin réalisé par prise d'empreinte en négatif sur des monnaies authentiques complétée d'un travail de gravure corrective sur les détails. En effet, la première épreuve en négatif permet ensuite d'utiliser la méthode de reproduction par moulage sous pression, méthode bien connue dans l'industrie de l'automobile, du jouet, de la bimbeloterie, etc... donnant un coin identique à l'original. Par cette méthode, il est donc très facile de reproduire rapidement  et en grande quantité ces faux aureliani  à un moindre coût et d'en inonder le marché de la numismatique. L'aspect général de ces copies montrent une surface bulleuse qui caractérise les monnaies moulées. Leurs poids respectent généralement les valeurs des vrais auréliani (Monnaie A : 3,92g - Monnaie B : 3,85g - Monnaie C : 3,76g).

Les types choisis par les faussaires ne sont pas les types rares du monnayage  de Probus car ces monnaies éveilleraient  dès le premier coup d'œil les soupçons des plus aguerris. En effet, il s'agit de types courants issus de l'atelier de Rome dont la liste et les photos sont reproduites ci-dessous. Seul un aurélianus n'existe pas (monnaie C) et semble être fabriqué avec l'avers d'une monnaie et le revers d'une autre. Les faussaires ont sans doute créé une monnaie hybride en choisissant sur deux monnaies différentes les meilleurs états de gravure des faces.

Ces faux aureliani modernes sont fabriqués en zamak. Le nom du métal tient son origine de l'allemand. C'est un acronyme des différents noms des métaux qui le composent : Zinc (95%), Aluminiun (3,9%), Magnesium, (0,03%), Kupfer en allemand, le Cuivre (1%) en français. Ce mélange métallique est idéal car sa grande fluidité en fait son principal atout.
Ce métal offre aux faussaires  un autre avantage majeur :  le zamak est facilement oxydable et permet d'obtenir une palette de couleurs très variée, déclinant toute la gamme des tons marron et vert. pouvant faire penser que les monnaies sont patinées. Traité de manière adéquate, le zamak peut aussi avoir un aspect argenté et brillant proche de l'argenture de surface des vrais auréliani (cf. photos).

La gravure du portrait et du revers n'éveille pas les soupçons instantanément car ces copies modernes sont clonées sur de vraies modules par la méthode de moulage des coins. L'axe de frappe est volontairement varié de manière à donner des centrages différents lors de la production. Les détails de gravure sont moins précis que sur une vraie monnaie et semblent regravés directement sur le coin pour certaines monnaies (voir drapé de la Providence sur la monnaie B). A l'observation, on peut remarquer aussi un empâtement des lettres de la titulature  et des légendes de revers.

Cet article créé dans le but de lutter efficacement contre ce genre de pratique abusive ne catalogue qu'une sorte de copie moderne d'Auréliani de Probus issus d'une seule et même production de faussaires. Malheureusement, cette même production touche aussi d'autres empereurs et impératrices, comme  Séverine et Carus (A/IMP C M AVR CARVS PF AVG - R/ VIRTVS AVGG/A//XXI).
MONNAIE   A

A/ IMP PROBVS P F AVG, Buste radié et cuirassé de Probus à droite.
R/ ADVENTVS AVG // R couronne Δ, Probus à cheval à gauche tenant un sceptre de la main gauche et levant la main droite, un captif devant. 
Copie de la monnaie RIC n°158, Rome, 280 ap. J.C., 5ème émission, 6ème officine. Cette monnaie est donc une copie exacte d'une monnaie officielle.


 MONNAIE   B

A/ IMP C PROBVS P F AVG, Buste radié et cuirassé de Probus à droite.
R/ PROVIDENTIA AVG / - / A // XXI ou IXI (?), La providence debout à gauche, portant une corne d'abondance à gauche et une patère (?) à droite, un globe à ses pieds.  
Copie de la monnaie Pink p42, Rome, 276 ap. J.C., 1ère émission, 1ère officine. Cette marque d'exergue laissant un doute sur la première lettre semble volontairement remaniée. Comme pour le bâton normalement tenu de la main droite qui s'est transformé en patère après un travail de gravure .


MONNAIE   C

A/ IMP PROBVS P F AVG, Buste radié et cuirassé de Probus à droite.
R/ ROMAE AETER // R croissant B, Rome assise dans un temple hexastyle portant une victoire et un sceptre.
Copie de revers de la monnaie RIC n°185, MPR n°360, Rome, 279 ap. J.C., 4ème émission, 2ème officine avec la titulature IMP PROBVS AVG. Cette copie de titulature différente est issue de deux monnaies et n'existe pas dans le monnayage.

MONNAIE   D

A/ IMP PROBVS AVG, Buste radié et cuirassé de Probus à droite.
R/ VICTORIA AVG//R couronne ζ, La victoire marchant à gauche portant une couronne de la main droite et un trophée sur l'épaule gauche.
Copie de la monnaie RIC n°214, MPR n°447, Rome, 280 ap. J.C., 5ème emission, 6ème officine. Cette monnaie est donc une copie exacte d'une monnaie officielle.

jeudi 13 mai 2010

La victoire de l'an IV à l'atelier d'Alexandrie (278-279 ap. J.C.)





Description:

Alexandrie, 278-279 ap. J.C.

Avers :  A K M AYP  ΠPO BOΣ  ΣEB (L'empereur César Marc Aurèle Probus Auguste). Buste lauré et drapé de Probus à droite.

Revers :Δ. (An IV). Nikè marchant à droite, portant une couronne de la main droite et une palme de la main gauche.

Poids : 6,99 g - Diamètre : 20 mm - Axe : 12h00 - Références : Sear : n°12125 - Dattari : n° 5537 - Milne : n°4580

Commentaires :

Ce revers nous présente Nikè (en grec Νίχη) qui est une abstraction personnifiée, associé à Athéna et assimilée à Victoria pour les Romains. Nikè apporte la victoire mais ce sont toujours les grands dieux dont elle est la servante qui l'accorde. Elle est la cause et la manifestation de toute souveraineté légitime. Elle peut être guerrière car c'est une divinité de l'armée mais aussi pacifique, protégeant les individus dans la vie civile presque autant que dans la vie militaire. Elle est la gardienne du sol et du peuple. Elle a pour origine dans la pompe romaine la commémoration des victoires militaires, associées par les derniers généraux de la République au succès de leurs ambitions (Marius, Sylla) et par Auguste à la fondation de l'Empire. Elle continue avec Probus de symboliser le succès militaire et le retour à la paix civile.  Par elle se manifeste le caractère divin de l'autorité impériale. Les ailes demi-ouvertes, comme prête à s'envoler pour de nouveaux triomphes elle porte la palme, introduite dans les jeux de Rome comme récompense et la couronne du triomphe, de tradition très ancienne à Rome destinée à l'empereur militaire. Bien qu'elle soit gravée dans les atelier d'Alexandrie, cette Nikè porte tous les attributs symboliques de la victoire de tradition romaine.

Probus compte huit années de règne et d'émission pour cet atelier qui sont notées au revers par les lettres A, B, Γ, Δ, ε, ζ, Ζ, Η  pour les sept années latines de 276 à 282 ap. J.C. L'an I de Probus commence donc avant le 29 juillet 276 et l'an VIII finit après le 28 Juillet 282 ap. J.C.
L'an IV (L Δ) de cette monnaie couvre la période du 29 juillet 278 au 28 juillet 279. Cette Nikè couronne Probus pour ses victoires de 278 ap J.C. contre les Germains en Gaule, contre les Burgondes et les Vandales en Rhétie et contre les Sarmates en Illyrie. Les types d'iconographie que l'on rencontre pour ce monnayage d'Alexandrie sont réemployés de façon récurrente au fil des années et des empereurs successifs.

Détail du revers représentant Nikè

dimanche 9 mai 2010

Le bien-être de l'état en relation avec la santé de l'auguste, Ticinum (279 ap. J.C.)





Description :

Ticinum, 279 ap. J.C., 6ème émission, 1ère officine. 

Avers : VIRTVS PROBI AVG, (le courage de Probus Auguste). Buste de Probus à gauche,  radié et cuirassé, portant un bouclier sur l'épaule gauche, une lance sur l'épaule droite. (Buste Bastien : F1). Ce buste exceptionnel présente Probus radié et cuirassé à gauche sans casque mais avec un bouclier et une haste.

Revers : SALVS AVG // A, (La santé de l' auguste). Salus assise à gauche nourrissant un serpent de la main droite, tenant une patère de la main gauche, le coude reposant sur l'accoudoir.
Poids : 3,35g - Diamètre : 22mm - Axe : 12h00 - Référence : RIC n°564


Commentaires :

A l'origine, Salus est une divinité romaine qui fait partie de celle inspirée par une idée abstraite se voyant finalement personnifiée dans la religion romaine. Au sens le plus ancien du mot, elle n'a aucun rapport avec la santé personnelle des individus. Invoquée dans les premiers temps dans les chants des prêtres Saliens (Salus Publica, associée à Pax et Concordia), cette divinité évoque une origine plus politique, procurant le bien-être d'un état en paix (ou en guerre associé à Janus dans un culte commun). Elle veille sur celui des individus justement parce que l'état est heureux que par le bonheur de ces citoyens. Salus n'est en fait qu'un aspect de Fortuna limitée aux circonstances critiques de la vie (guerre, famine, etc..).

Une cérémonie appelée l'Augurium Salutis lui était entièrement consacrée. Elle était précédée d'une consultation divine, demandant s'il on pouvait solliciter Salus en faveur du peuple. Les citoyens priaient et sacrifiaient alors pour la prospérité de l'état mais aussi pour la réussite des semailles et autres productions. Ces prières étaient seulement dévolues à l'état et en aucun cas pour le bien-être de l'individu en particulier. La divinité invoquée était Salus Publica, Salus Populi Romani sans être une personnification de la santé individuelle comme elle le deviendra plus tard. Considérée comme une divinité sabellique, elle est invoquée à Rome en même temps que la triade capitoline et son culte est particulièrement développé dans les villes du Latium avec un temple sur la colline du Quirinal.

Mais en 293 av. J.C., les livres Sibyllins importés d'Epidaure offrirent à Rome la religion d'Esculape et Hygiea (Hygie). L'antique Salus latine fut alors identifiée à Hygie, divinité préservant la santé de l'individu au détriment de son rôle de préservation du bonheur de l'état public. Plus tard, les divinités grecques personnifiant la santé furent appelées les Salutares. La politique impériale avait rendu facile la confusion de Salus Publica avec Salus, garante du bien-être particulier. L'iconographie de Salus sur les monnaies romaines nous présentent simultanément dans les différentes émissions les deux aspects de la divinité :  la signification traditionnelle de Salus Publica pour le bien de l'état et celle assimilée à la santé de l'individu, plus particulièrement celle de l'empereur. Salus est cependant le plus souvent représentée sous les traits d'Hygie avec un serpent comme attribut, symbole chtonien attribut d'Esculape, fils médecin d' Apollon.

Cette monnaie est émise à Ticinum en 279 ap. J.C., lorsque Probus poursuit ses guerres contre les Burgondes et les Vandales en Rhétie et refoule les Sarmates en Illyricum, un an après le passage de Probus dans la ville en été 278 ap. J.C. A partir de la fin de l'année 278 et toute l'année 279 ap. J.C., il restera à Siscia. La légende SALVS AVG  se rapporte à  la santé personnelle de l'empereur combattant. Cette dualité dans l'iconographie et dans son interprétation dans la religion romaine lie le peuple  au destin de l'empire. Il invoque de fait la santé de l'empereur et le place sous les auspices de Salus afin que ce dernier apporte le bien-être à l'empire.

Buste exceptionnel (Bastien F1)

samedi 1 mai 2010

Tableaux des émissions d'auréliani de l'atelier d'Antioche

 

Histoire de la ville :

Antioche (Antakya) située en Syrie, qu'il ne faut pas confondre avec Antioche de Pisidie (Turquie), fut comme cette dernière fondée par Séleucus Nicator (312-280), grand constructeur et ancien général d'Alexandre le Grand. Son nom est inspiré du nom de son père Antiochus. L'emplacement fut choisi de façon judicieuse : en effet, la ville est construite près de la rive gauche du fleuve Oronte, à environ 15 km de la mer Méditerranée. Le fleuve établit un pont commercial entre la ville et tout le bassin occidental de la Méditerranée :  le port de Séleucie (du nom de Séleucus) est placé au carrefour des routes des caravanes d'Orient, en relation avec Babylone, la Perse et l'Inde.
 
Après la conquête romaine de 64 av. J.C. par Pompée le Grand, Antioche devient la capitale de la province de Syrie conservant son surnom de « Couronne de l'Orient ».  La ville s'étend avec l'empereur Tibère vers le nord et reçoit une enceinte de protection. Son centre est marqué par une avenue très large comportant 3 200 colonnes, presque parallèle à l'Oronte. Antioche compte alors presque 500 000 habitants et devient la troisième ville de l'empire romain derrière Rome et Alexandrie.

Mais la ville subit un premier séisme en 37 ap. J.C. Caligula  fait restaurer les monuments  de la mégapole et construit un aqueduc et des thermes à Daphné. Titus y ajoutera un théâtre à proximité et Domitien l'enrichit d'autres thermes, d'un temple dédié à Asclépios (en latin Æsculapius, dieu de la médecine), d'un nouveau pont et d'un cirque pour les jeux. C'est alors que survient un autre tremblement de terre important en 115 ap. J.C : Trajan, présent dans la ville  échappe au péril de justesse. Il décide alors de la rebâtir. L'empereur Hadrien continuera les travaux urbains embellissant la ville en la dotant de deux temples voués à Arthémis  (assimilée à Diane pour les romains) et à Trajan divinisé. Entre 162 et 166 ap. J.C., Lucius Vérus séjourne essentiellement à Antioche pour mener la guerre contre les Parthes. Antonin le Pieux fait d'Antioche une colonie lui conférant les droits italiques. Marc-Aurèle, son fils adoptif, fait restaurer les thermes et construire le Nymphée, une fontaine monumentale.  Commode construit de nouveaux thermes si monumentaux que l'empereur Caracalla s'en servit pour donner ses audiences, mais élève aussi des temples à Jupiter Olympien  et à Athéna (Minerve) ainsi que le stade couvert Xytos.


Ruines romaines de la ville d' Antioche

En 193-194 ap. J.C. la cité se range du coté de son gouverneur Pecennius Niger au cours de la guerre civile qui l'oppose à Septime Sévère. Après la victoire de ce dernier, Antioche sera punie et rétrogradée au rang de simple bourg du territoire de Laodicé. Mais elle retrouve rapidement son statut de cité et de capitale de la Syrie. Mieux encore, avec la multiplication des conflits entre les empires Romain et Parthe, puis Sassanide, Antioche devient de plus en plus souvent la résidence impériale et la base arrière des campagnes romaines en Mésopotamie : Caracalla, Macrin, Elagabale, Alexandre Sévère, Gordien III, Philippe Ier, Valérien, Aurélien, Probus, Carus, Dioclétien, Galère Maximin et Maximin Daia y séjournèrent.
Lors de l'invasion de la Syrie par les Perses Sassanides de Shapur Ier en 252, la cité, sous le commandement d'un notable (Mariadès), collabore un temps avec les Perses. Mais les Perses se ravisent et saccagent la ville de fond en comble, allant même jusqu'à déporter en Iran une grande partie de la population. Antioche sera reconstruite par Valérien, mais reprise par les Perses en 260. Au IVème siècle, elle retrouve son importance, et abrite la résidence impériale de Constance Galle vers 350 ap. J.C. En 387 ap. J.C., un nouvel impôt déclenche la « révolte des statues », durant laquelle la population renversa les sculptures représentant la famille impériale.
Antioche joua aussi un grand rôle dans l'histoire de christianisme. L'apôtre Paul y fit plusieurs séjours et dirigea la communauté religieuse. Une communauté chrétienne s'y développera progressivement. Antioche restera une ville enviée, présentant une urbanisation somptueuse, un atout commercial indiscutable et une influence religieuse qui ne fera que grandir pour servir l'empire romain.

L'atelier :

La production de l'atelier d'Antioche est relativement faible sous Probus, l'atelier Syrien n'ayant pas émis de monnaie pendant une grande partie du règne de l'empereur (de 277 à 279 ap. J.C.). Cet atelier émettra des aurei et des auréliani.
Les titulatures des monnaies sont longues (IMP C M AVR PROBVS PF AVG et IMP C M AVR PROBVS AVG), le style rude et l'iconographie assez pauvre, n'offrant que trois types de revers différents pour deux légendes (CLEMENTIA TEMP et RESTITVTOR ORBIS). les types nous présentent l'empereur Probus faisant face à Tyché avec une couronne ou  se trouvant face à Jupiter tenant un foudre et un globe ou bien encore un foudre et un globe nicéphore (globe surmonté d'une victoriola tenant une couronne). 
Comme pour l'atelier de Tripolis, la production ne compte que deux émissions en 276 et en 280 ap. J.C. La première émission (276) n'est frappée que dans huit officines. A sa réouverture, coïncidant avec le passage de l'empereur dans la ville, l'atelier frappe monnaie dans neuf  officines lors de la seconde émission: elles sont notées A, B, Γ, Δ, ε, ζ, Z, H et εΔ.
La lettre d'officine est généralement située au revers entre les deux personnages dans le champ de la monnaie, plus ou moins suivie d'un point. La marque de la neuvième officine qui devrait être le θ est substituée par les deux lettres εΔ . En effet, le θ étant la première lettre du mot grec signifiant la mort, il était de pratique courante dans le monnayage d'Antioche de la remplacer par pure superstition. Notons qu'à la reprise d'activité de l'atelier en 280, il existe des marques d'officine s'inspirant de l'atelier de Tripolis (notées avec un croissant, une étoile dans le champ et la marque de valeur KA). Ceci est surement la conséquence de fréquents déplacements de graveurs d'un atelier à l'autre.
Le type propagandiste CLEMENTIA TEMP, frappé dans toutes les officines simultanément est émis lors de la première émission de 276. Il sera repris à la réouverture de l'atelier en 280 avec l'ajout du globe nicéphore dans les mains de Jupiter. Les officines changeront dans la même année de type et de légende de revers en émettant les auréliani RESTITVT ORBIS, comme pour affirmer que les temps heureux espérés sont enfin arrivés avec l'empereur Probus, le restaurateur du monde.


Tableau des émissions des auréliani d'Antioche
(Cliquez sur le tableau pour l'agrandir)